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Diaspo #394 : Leo Norma, le don inné de sublimer le caftan marocain
Publié dans Yabiladi le 21 - 06 - 2025

Aussi longtemps qu'il s'en souvienne, Larbi Sahraoui a eu une passion innée pour l'habit traditionnel marocain, qu'il a repris en croquis dès son enfance. Loin de son Larache natal, c'est à Grenade puis à Paris que le désormais créateur de mode de renommé mondiale a développé son talent. Sous son nom de scène, Leo Norma sublime le caftan marocain, jusqu'à en faire des pièces innovantes, drapées de l'élégance qui va de pair avec l'habillement ancestral.
Né à Larache, Larbi Sahraoui quitte le nord du Maroc à un et demi. Il grandit avec ses parents à Murcie, puis à Grenade (Espagne). Aujourd'hui, celui connu sous le nom de Leo Norma prend ses marques dans l'univers international de la haute couture, enrichi de ses sources d'inspiration qu'il puise toujours dans les cultures, les traditions et les arts de vivre de son pays natal. Si le jeune prodige a réussi à tracer son chemin contre vents et marrées, c'est parce que sa sensibilité cultivée depuis l'enfance l'a toujours conforté dans une seule certitude : celle de devenir créateur de mode.
Entouré de frères et sœurs qui ont développé d'autres vocations, Leo Norma, qui réside actuellement à Bâle (Suisse) se souvient avoir été un enfant solitaire. «En Espagne, je me plaisais à créer mon propre monde en dessinant ce que m'inspiraient les caftans vus durant les célébrations de mariages, au cours des étés durant lesquels nous revenions au Maroc. Une fois de retour à Grenade, je ne faisais que cela : créer des croquis personnalisés, comme pour continuer à porter toujours avec moi la beauté saisissante qui m'émerveillait dans le pays», a confié le designer de mode, dans son entretien à Yabiladi.
Un récent défilé de Leo Norma a été organisé en Espagne, là où tout a commencé. Lors de la dernière Almeria Fashion Show, il a ainsi dévoilé une collection voulue «audacieuse et poétique, alliant la puissance de l'héritage marocain à l'élégance contemporaine européenne». Mais avant cela, la fascination du jeune garçon pour le dessin n'a pas facilité le parcours scolaire, généralement orienté vers un apprentissage des langues et du clacul, plutôt que vers la création artistique.
«C'est comme cela que je me révélais à moi-même mon talent potentiel, puisqu'il n'était bien perçu ni à l'école, ni à la maison où mes parents s'inquiétaient pour mon avenir. Ils souhaitaient être rassurés sur l'ascension sociale de leurs enfants pour qui ils ont tout investi, mais ces croquis que je dessinais partout, dans mes cahiers et dans mes livres scolaires, me valaient régulièrement une convocation parentale !»
Leo Norma
Le caftan marocain, une madeleine de Proust recréée à chaque croquis
Après le primaire et le collège, Leo Norma est de plus en plus convaincu de sa vocation. Une fois au lycée, il décide à 17 ans de se consacrer entièrement à la création et à la mode. «Je pense que mon intuition m'a toujours aidé dans mes projets de vie. Tout petit déjà, j'ai su ce que je voulais, mais j'ai su aussi ce que je ne voulais pas. Il était toujours évident pour moi que j'évoluerais dans la haute couture», nous confie le styliste.
Encore adolescent, il s'attelle tout seul à se renseigner sur les opportunités possible. «Après mes études, au cours de l'année, je ne me reposais pas en été. J'allais en stage ou en immersion professionnelle, ou j'allais aussi faire des boulots dans la restauration, travailler comme serveur pour financer mes formations. Je trouvais même que faire des croquis était plus amusant que de passer l'après-midi à la plage !», nous déclare encore Leo Norma, qui a fait du travail son dévouement de jeunesse.
«Une fois que j'ai commencé à cueillir le fruit de ce labeur qui m'a valu beaucoup de sacrifices et des nuits blanches à ne pas en finir, mes parents ont été rassuré sur le chemin que j'ai pris. Ils ont réellement vu qu'en choisissant de me consacrer à l'habillement, je ne faisais pas n'importe quoi. Ils m'ont alors beaucoup encouragé. Aujourd'hui, plusieurs de mes proches portes mes propres créations. J'ai fait des caftans spécialement pour ma mère, pour mes sœurs, mes tantes et mes cousines.»
Leo Norma
Le goût de l'effort étant une philosophie de vie pour Leo Norma, le jeune prodige s'est attelé lui-même à trouver des financements pour ses premiers projets, à aller à la rencontre des grands créateurs de mode et à apprendre en observant, tout en façonnant sa propre manière de faire. A l'âge de 18 ans, il quitte l'Espagne pour continuer sa formation en France, où il rejoint la prestigieuse International Fashion Academy de Paris.
En master, il est le seul étudiant marocain de sa promotion, ce qui le rend encore plus déterminé à puiser ses premières inspirations dans ses cultures ancestrales, afin de différencier ses créations de celles de ses camarades. Le pari est réussi. Au bout de son cursus, Leo Norma remporte le concours organisé par l'IFA, qui récompense le projet le plus original parmi ceux présentés par les nouveaux lauréats.
«Dans le temps déjà, j'avais articulé l'ensemble de mon concept autour du caftan et de l'habillement traditionnel. Les autres projets se ressemblaient beaucoup, puisqu'ils s'inspiraient pratiquement de la même base qu'est celle de l'habit occidental-européen», se félicite fièrement le créateur.
Un tremplin vers la haute couture internationale
Grâce à l'accompagnement dont il a bénéficié dans ce cadre, Leo Norma a pu bénéficier de fonds d'aide, d'accès aux tissus et à une matière première de qualité, en plus de soutien dans l'élaboration de sa marque et de son logo. Il participe également à des défilés, avec d'autres designers.
«Cette dynamique a véritablement été pour moi plus qu'un coup de pouce. C'est comme cela que j'ai pu me lancer sur la scène internationale», reconnaît le créateur. Aujourd'hui, il exprime de la «gratitude» à l'égard des rencontres professionnelles qui lui ont «ouvert des portes».
«Un grand ami à moi a été le directeur artistique de Givenchy, avant de rejoindre Burberry. C'est Riccardo Ticci. Il a habillé beaucoup de célébrités, dont Beyoncé, Rihanna, Madonna. Je suis fier de mon amitié avec lui car il a été d'un grand soutien moral pour moi en me conseillant dans l'élaboration de mes collections ou en m'éclairant sur certains aspects professionnel. J'ai rencontré beaucoup de designers internationaux qui ont eu un rôle important dans l'échange de bonnes pratiques. Ces dynamiques saines me donnent confiance dans ce que je fais», nous confie Leo Norma.
«J'ai réalisé encore plus que ma culture marocaine était mon atout, c'est ce qui me permet de marquer la différence, mais aussi de transmettre un message important selon lequel la mode ne s'arrête pas aux robes et aux costumes. Dans le caftant et dans l'habillement traditionnel marocain, je puise une certaine élégance qui fait la particularité de notre art de vivre. Je la façonne ensuite à ma manière, en lui donnant une dimension universelle.»
Leo Norma
Ce style distingué attire les célébrités, que Leo Norma habille désormais dans le monde arabe comme en occident. Parmi eux figurent Ahlam, Eva Longoria, Pilar Rubio, Yvonne Reyes, ainsi que de nombreuses figures de la télévision espagnole. Il devient même le premier styliste marocain à participer à certains défilés de mode internationaux.De cette façon, il s'approprie le podium mondial afin de rendre à l'habillement marocain ses lettres de noblesse. Il marque ainsi son nom dans la Fashion Week de New York, où il est le premier créateur national à faire l'ouverture.
Des consécrations en orient et en occident
En Egypte, Leo Norma est aussi le premier designer marocain à organiser son défilé dans le Temple de Néfertiti, au Caire. «C'est le plus grand honneur que m'a rendu un pays très cher à mon cœur et où j'ai beaucoup d'amis. Le gouvernement égyptien m'a invité à montrer mon travail au sein d'un monument pharaonique classé au patrimoine mondial de l'humanité», se souvient le créateur, qui en reste particulièrement touché.
«C'est quelque chose qu'espérerait tout styliste international et qui est pratiquement irréalisable. L'Egypte m'a ouvert cet édifice en 2018, dans un contexte d'instabilités où les opérateurs touristiques s'efforçaient de donner une image plus rassurante du pays. J'ai accepté volontiers d'y prendre part et pour rendre cet honneur qui m'a été donné, j'ai conçu spécialement un modèle de tenue alliant caftan marocain et robe de Cléopâtre.»
Leo Norma
Faisant la part belle aux héritages millénaires de son pays et du reste du monde, dans une parfaite symbiose cousue au fil de l'élégance et du dialogue interculturel, Leo Norma s'attelle même à rapprocher les nations à travers la mode. En reconnaissance à sa contribution, le gouvernement égyptien lui décerne «la statue de Néfertiti», qu'il arbore fièrement comme une source de motivation pour continuer à aller de l'avant.
Depuis, son travail est visible aux Emigala Awards de Dubaï, où il a été primé «Star of the night». Désormais, Leo Norma travaille sur une collection hommes traditionnelle marocaine, «avec une touche européenne» qui promet de marquer une combinaison inédite. «Je reviendrai avec cela à la Fashion Week de New York, mais j'aimerais bien la présenter aussi au Maroc», nous confie le styliste, qui porte son espoir sur une éventuelle proposition pour défiler enfin dans son pays natal.
«C'est quelque chose qui me manque beaucoup et sans lequel je ne me sentirai pas entièrement accompli. J'ai fait les podiums mondiaux et j'ai reçu des propositions de défilés partout ailleurs, mais pas encore au Maroc, où je puise ma source d'inspiration. Je pense que le meilleur honneur que je rendrais à mon pays pour tout ce qu'il m'a donné est d'y montrer mes créations», conclut-il.


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