Des chemins modestes de Tamegroute aux sommets des montagnes du monde, Elhousine Elazzaoui écrit son nom dans le trail international. Double champion du monde en deux années consécutives, il peine cependant à trouver un soutien officiel au niveau du Maroc et une reconnaissance nationale. Sur la ligne d'arrivée du Golden Trail World Series, dimanche 12 octobre 2025 en Italie, le coureur marocain Elhousine Elazzaoui était visiblement ému. «Les émotions étaient mêlées. Tous les souvenirs d'enfance, les longues marches jusqu'à l'école, et d'autres souvenirs me sont revenus à l'esprit. J'étais très reconnaissant et je me suis souvenu d'où je venais, où je suis arrivé», raconte le natif de Tamegroute, une ville à 18 kilomètres au sud de Zagora. Le champion a parcouru 21 kilomètres avec plus de 1600 mètres de dénivelé, remportant le titre mondial pour la deuxième saison consécutive. Cette victoire a été le couronnement d'une longue saison. En effet, la course tenue en Italie a marqué la fin d'une série d'étapes mondiales que Elhousine Elazzaoui a commencées le 19 avril. Durant cette période, il a remporté quatre victoires consécutives en Espagne (Zegama-Aizkorri), aux Etats-Unis (Broken Arrow Skyrace), au Mexique (Tepec Trail) et en Italie (Ledro Sky Trentino), surpassant les Kényans Patrick Kipngeno et Philemon Kiriago. «Cette saison a été très difficile, surtout cette année où j'ai affronté beaucoup de pression de la part des Kényans, qui étaient au nombre de 20. L'année dernière, j'étais le premier coureur africain et arabe à remporter cette course, donc les Kényans sont venus en grand nombre pour s'assurer de leur victoire», relate-t-il à Yabiladi. Huit étapes mondiales et un triomphe marocain en Italie Le championnat s'est étendu sur environ 7 mois à travers huit étapes mondiales : en Italie, en Espagne, en Chine, au Japon, aux Etats-Unis, au Mexique, en Suisse, et la dernière retour en Italie. Durant cette saison, Elhousine Elazzaoui n'a participé qu'à cinq étapes, après avoir sécurisé les points qui l'ont qualifié pour la finale. «Mais tout au long des étapes, j'avais peur qu'un des concurrents ne dépasse le total des points que j'avais accumulés.» L'athlète marocain a également ressenti une pression constante tout au long du championnat, qui a réuni des concurrents d'élite du monde entier. «J'aspirais à conserver le titre. Beaucoup de mes soutiens comptaient sur moi pour gagner. Les Kényans sont venus préparés, ils ont compris ma stratégie de course, j'ai donc dû m'adapter.» «L'étape la plus difficile a été en Californie, où les Kényans ont failli me dépasser. Grâce à Dieu, j'ai réussi à les surpasser de justesse. Il y avait environ une semaine entre chaque étape, et voyager de pays en pays était très fatigant, surtout que nous étions déjà épuisés par la course et la compétition en haute altitude.» Elhousine Elazzaoui Elhousine avait mis toutes les chance de son côté avec une préparation dure et structurée : «J'ai commencé six mois avant la course, en m'entraînant dans des endroits reculés au Maroc.» Après avoir marqué une courte pause, il a ajouté avec une pointe de fierté : «Les difficultés que j'ai vécues, que ce soit dans l'enfance ou l'adolescence, le manque de ressources, marcher pieds nus, et la vie difficile que j'ai menée, m'ont toutes appris à compter sur moi-même. Ainsi, dès mon jeune âge, j'ai appris à lutter pour atteindre mes objectifs. Toutes ces choses m'ont aidé à surmonter tous les obstacles, que ce soit lors de cette course ou dans la vie.» Elhousine Elazzaoui raconte à cet effet que lors de cette dernière étape du championnat, il a subi une blessure à la jambe, mais il a persévéré et a pu terminer la course. Sans soutien officiel Savourant ce moment de gloire, le champion marocain déplore en revanche le manque de soutien national. «Les médias mondiaux ont parlé de mes réalisations, mais les médias officiels marocains manquent à cet égard. La fédération est également peu présente, malgré les réalisations accomplies. Pourtant, j'ai initié des contacts au sujet du Championnat du monde. Je n'ai reçu aucune réponse», nous confie-t-il avec amertume. «Cela me peine de voir d'autres pays dont les champions reçoivent le soutien de leurs instances officielles, mais pas moi. Seule la communauté marocaine me soutient dans les pays où je concoure. Même les sponsors qui m'accompagnent sont étrangers et non marocains.» Elhousine Elazzaoui Malgré cela, Elhousine Elazzaoui ne perd pas espoir. Après avoir marqué l'histoire du Golden Trail World Series pour la deuxième fois, il espère voir la course en montagne incluse dans les Jeux olympiques. «J'aspire à soutenir ce sport pour qu'il fasse partie des JO. Après ce succès, je rêve de participer aux JO de 2028 et hisser haut le drapeau marocain», dit le champion. En attendant, ne ratez pas Elhousine Elazzaoui qui sera l'invité sur plusieurs chaînes françaises, cette semaine. Il racontera l'histoire d'un coureur marocain qui a émergé de Tamegroute, a gravi les sommets pour briller sur la scène mondiale du trail, hissant le drapeau de son pays. Article modifié le 14/10/2025 à 19h43