Une équipe de chercheurs a identifié une nouvelle espèce de requin éteinte, à partir de dizaines de dents isolées découvertes en 2024 dans la carrière de Sidi Chennane au Maroc, l'un des sites fossiles maastrichtiens les plus riches au monde. L'espèce se distingue par des dentelures exceptionnellement variables, offrant de nouvelles perspectives sur l'évolution des requins juste avant la fin de l'ère des dinosaures. Une équipe de chercheurs a mis au jour une nouvelle espèce de requin éteint dans les riches gisements de phosphates du Crétacé supérieur au Maroc. Baptisée Pseudocorax heteroserratus, cette espèce a été décrite à partir d'un large échantillon de dents isolées découvert en 2024 dans la couche supérieure III de la carrière de Sidi Chennane, située dans le bassin d'Oulad Abdoun, province de Khouribga. Ce site est reconnu mondialement pour ses fossiles marins datant du Maastrichtien. Les chercheurs soulignent que cette nouvelle espèce se distingue par trois caractéristiques majeures : une base de dent allongée dans le sens mesiodistal, une couronne large, et des dentelures exceptionnellement variées, allant de bords lisses à des dentelures fines ou grossières. Cette diversité frappante a inspiré le nom de l'espèce, heteroserratus, signifiant «différemment dentelé». Les scientifiques estiment que cette variété de dentelures «soulève de nouvelles questions sur l'évolution des dentelures dans le genre», notamment quant à leur développement progressif ou leur apparition indépendante à plusieurs reprises. Le nombre inhabituellement élevé de dents, rare chez Pseudocorax, a permis de documenter l'ensemble des formes et caractéristiques, ce qui est souvent difficile pour les espèces de requins connues uniquement par des dents isolées. Un cadre fossilifère exceptionnel La découverte de cette nouvelle espèce au Maroc contribue également à affiner la biostratigraphie du bassin d'Oulad Abdoun, tout en offrant un nouvel éclairage sur la diversité des requins au cours du million d'années précédant l'extinction de masse de la fin du Crétacé. Situé à environ 150 km au sud de Rabat, le bassin d'Oulad Abdoun est le plus vaste des bassins phosphatés du Maroc, faisant partie de la grande province phosphogénique téthysienne méditerranéenne. La couche III, où les dents de requin ont été trouvées, date du Maastrichtien tardif, juste avant l'extinction massive ayant marqué la fin de l'ère des dinosaures. L'étude indique que cette couche renferme également des fossiles de mosasaures, plésiosaures, crocodiliens, tortues, actinoptérygiens et même de rares restes de dinosaures, offrant ainsi un aperçu détaillé d'un écosystème marin chaud et peu profond à la fin du Crétacé. Il est à noter que cette découverte, publiée en novembre par Cambridge University Press pour le compte de la Paleontological Society, résulte d'une collaboration impliquant le collectionneur de fossiles marocain agréé Boubker Chaibi et sa fille Ikhlass Chaibi. Ils ont excavé et tamisé les sédiments in situ, aux côtés d'autres collectionneurs locaux utilisant les mêmes méthodes. Les fossiles ont ensuite été étudiés et enregistrés au Mississippi Museum of Natural Science (Etats-Unis) dans le cadre de recherches en cours sur les sélaciens marocains.