Le Festival Umbra à Marrakech, l'un des événements phares de la musique électronique au Maroc, a été brusquement reporté le 19 décembre, laissant des milliers de festivaliers marocains déçus et déterminés à poursuivre en justice les organisateurs et la plateforme de billetterie Tidar. Les participants n'ont reçu aucune compensation, alimentant la colère et les accusations de tromperie envers les responsables de l'événement. DR ‹ › Le rêve d'assister à l'un des plus grands festivals de musique électronique du Maroc s'est mué en une profonde déception pour de nombreux Marocains, suite à l'annonce inattendue du «report du Festival Umbra à Marrakech», dans la soirée du 19 décembre. Pourtant, les billets continuaient d'être vendus jusqu'à la dernière minute. Face à ce scandale, plusieurs clients ont choisi d'engager des poursuites judiciaires contre l'organisateur et la plateforme Tidar, responsable de la vente des billets. Contactés par Yabiladi, certains plaignants ont exprimé leur colère, dénonçant un comportement irresponsable et une tromperie manifeste. «Nous l'avons appris le jour du festival» Yassine, un client qui prévoyait d'assister à l'événement mettant en vedette la star turque Mahmut Orhan, figure de proue de la Deep House et Afro House, a expliqué avoir acheté deux billets pour 1600 dirhams, sans compter les frais d'hébergement. Il a découvert l'annulation le 19 décembre, jour même où le festival devait avoir lieu. Un autre client, Othman, a déclaré avoir acheté son billet environ deux semaines avant l'événement via la plateforme Tidar, sans être informé de l'annulation. «Nous avons découvert l'annulation du festival le jour même, par un post sur la page Instagram des organisateurs», a-t-il regretté. Entre le transport, l'hébergement et la billetterie, il a dépensé près de 5000 dirhams, sans recevoir ni compensation pour ses frais ni remboursement des billets. «Nous avons reçu un e-mail des organisateurs du Festival Umbra et de la plateforme Tidar, refusant explicitement toute compensation ou remboursement des montants payés», a-t-il précisé. Othman a confirmé qu'ils avaient décidé de recourir à une action collective en justice, estimant que la plateforme Tidar partage une part de responsabilité avec l'organisateur qui «nous a vendu des billets pour un événement qui n'était même pas autorisé». «En plus du remboursement, nous réclamons des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Nous voulons mettre fin à ces pratiques qui portent atteinte aux droits des consommateurs marocains.» En réponse à ces accusations, une source au sein de l'organisation du festival a indiqué à Yabiladi qu'ils n'avaient reçu l'ordre d'interdiction qu'un jour avant la date prévue, comme en témoigne un document officiel daté du 18 décembre, émis par le chef de Sidi Abdellah Ghiat. Consulté par le site, ce document confirme que tous les préparatifs étaient finalisés, y compris l'arrivée des artistes et l'installation de la scène. Cependant, lors de notre entretien avec la même source, nous avons appris que le festival avait été organisé sur la base d'un accord verbal avec le propriétaire du lieu, la maison d'hôtes JARDIN D'ISSIL, située sur la route de l'Ourika, à environ 13 km au sud de Marrakech. «Nous avions un accord verbal du propriétaire, qui nous avait assuré avoir reçu une approbation verbale des autorités, ce qui nous a confortés dans l'idée que le festival pourrait se dérouler normalement, jusqu'à ce que nous soyons surpris par l'interdiction», a-t-il expliqué. Selon plusieurs clients, les organisateurs ont justifié le «report» par des difficultés techniques liées aux conditions météorologiques, ce que la source au sein de l'organisation a reconnu, ajoutant que les autorités considéraient la tenue du festival à cette date comme «risquée». Cependant, le document officiel consulté par Yabiladi attribue l'interdiction à «l'incapacité de l'organisateur à se conformer aux conditions légales et de sécurité, considérant l'activité comme une menace pour la sécurité et l'ordre publics», avertissant de poursuites légales en cas de violation de la décision, et notifiant les autorités compétentes. Tandis que plusieurs clients, dont Yassine et Othman, ont réitéré avoir reçu un refus de remboursement, la source au sein de l'organisation a insisté sur le fait qu'ils avaient annoncé le report à une date ultérieure, qui sera communiquée prochainement, offrant la possibilité aux clients qui ne pourraient s'adapter aux nouvelles dates de récupérer leur argent à ce moment là. Ils n'ont pas rejeté cette option de manière catégorique, contrairement à ce que prétendent les clients. Concernant la responsabilité de la plateforme Tidar, Amine Benkroum, son fondateur, a affirmé qu'ils n'étaient pas au courant de l'interdiction et l'ont appris le jour même, soulignant que leur rôle se limite à la vente de billets en tant qu'intermédiaire technique entre le client et l'organisateur. «Nous étions à Marrakech, et toute l'équipe était sur place le jour prévu pour le festival, car nous n'étions au courant de rien, et tout nous semblait normal», a-t-il déclaré. Récits contradictoires sur les dédommagements Néanmoins, il a souligné que les billets portaient la mention non remboursable selon les conditions de vente, ce que nous avons pu vérifier sur la plateforme. Cependant, il a affirmé que la plateforme, dans son engagement pour la «protection des consommateurs», a proposé des solutions à l'organisateur permettant aux clients de choisir entre utiliser les billets pour d'autres événements ou obtenir un remboursement. Mais Yassine, Othman et les autres clients n'en démordent pas. Ils affirment que l'option de remboursement a été explicitement rejetée et toutes les tentatives de résolution amiable ont échoué, les poussant à former un groupe pour engager des poursuites judiciaires. Ils ne comprennent pas que les billets continuaient à être en vente le jour du Festival pourtant annulé et rappellent le chaos à l'entrée d'un événement similaire il y a quelques mois. La source au sein de l'organisation a reconnu l'incident précédent mais a rappelé la longue expérience dans les événements artistiques, notant que ce festival est le quinzième dans leur registre. Insistant sur l'importance de sa réputation professionnelle, elle affirme que la question du remboursement n'est qu'«une question de temps». Article modifié le 30/12/2025 à 19h36