L'AFD annonce des investissements de 150 millions d'euros au Sahara    MAGAZINE : Mohamed Choubi, la mort ne ment pas    Belle semaine pour la Bourse de Casablanca    Maroc : consultation publique sur une série de normes techniques relatives à la sécurité incendie    Polisario : Depuis Tindouf, des appels au départ de Brahim Ghali    Le Maroc et la Chine renforcent leur coopération économique par la signature de nouveaux accords à Rabat    Diaspo #388 : Hanane Sanoussi, pionnière dans les technologies et formatrice au Maroc    COSUMAR : une production locale en forte croissance    Station de dessalement de Casablanca: l'Espagne investit 340 millions d'euros    Trêve entre l'Inde et le Pakistan sous médiation américaine : Washington annonce un accord de cessez-le-feu et le lancement d'un dialogue global    S.M. le Roi Mohammed VI adresse un message de félicitations à Sa Sainteté le Pape Léon XIV    Supériorité militaire pakistanaise appuyée par la technologie chinoise : les capacités de défense indiennes mises à rude épreuve    Canada: Le nouveau gouvernement dévoilé mardi    La France et la Pologne signent un traité de défense réciproque    Face à son isolement croissant, l'Algérie cherche un second souffle diplomatique à Nouakchott    Mondial féminin : Le nombre d'équipes passe de 32 à 48 à partir de 2031 (FIFA)    Des dettes accablantes menacent la stabilité du Mouloudia d'Oujda    CAN U20 : Aït Boudlal en bonne voie de rétablissement, Zabbiri incertain pour la suite    Botola DII / J28 : KAC, OD et RBM bénéficiaires. OCK, CAYB et USYM perdants !    Liga Portugal / J33 : Aujourd'hui, ''Benfica – Sporting'' décisif pour le titre    Le coach du PSV Eindhoven annonce le retour imminent d'Ismaël Saibari    Riyad : le Maroc prend part au Forum de dialogue des villes arabo-européennes    Después del Foro Económico Marruecos-Mauritania, se espera la llegada de inversores argelinos a Nuakchot    Mauritania : Ould El Ghazouani receives the Speaker of Morocco's Lower House    Nasser Zefzafi autorisé à visiter son père malade à Al Hoceima    L'arganeraie : un trésor vert face aux défis du climat    Le patron de l'AFD entame sa mission de terrain au Sahara marocain    Cinéma d'animation et jeu vidéo : le grand croisement au FICAM    Le Pavillon Temporaire : un nouveau chapitre s'ouvre au Jardin Majorelle    «7 Scènes de ménage» débarque au Mégarama Casablanca    L'espace aérien marocain    Deep Tech Summit tient ses promesses et donne un coup de pouce à l'innovation    Brahim Diaz bientôt dirigé par Xabi Alonso ?    Le Maroc honore de manière exemplaire ses engagements financiers aux Nations unies, au milieu d'un marasme financier dans un contexte budgétaire tendu    Biennale de Venise : SM le Roi a accordé à la culture et aux arts la place qui leur échoit dans un Maroc moderne (Mehdi Qotbi)    Le temps qu'il fera ce samedi 10 mai 2025    Les températures attendues ce samedi 10 mai 2025    Une partie d'un vaisseau spatial de l'ère soviétique s'écrasera sur Terre ce week-end    Le Président mauritanien reçoit le président de la Chambre des représentants    Prix Mandela : Après le Polisario, un parti séparatiste rifain contre la candidature de Mme Bouayach    Le Directeur Général de l'AFD en visite dans les provinces du Sud    Mondial de Beach soccer : Le Sénégal lorgne la finale cet après-midi    Signature d'une convention-cadre entre l'Académie du Royaume et la Fondation Mohammed VI des Sciences et de la Santé    Caftan Week : La jeunesse taille sa place dans la haute couture marocaine    Revue de presse de ce samedi 10 mai 2025    Le régime algérien interdit aux professeurs d'histoire de s'exprimer dans les médias étrangers sans autorisation préalable : peur du passé ?    Ouverture du 27e Salon International des Technologies Avancées à Pékin    Fès : Neuf personnes décédées suite à l'effondrement d'un immeuble    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Saints de Marrakech #2 : Cadi Ayyad, un érudit «assassiné» par les Almohades
Publié dans Yabiladi le 25 - 01 - 2019

Il est l'un des érudits de l'Occident musulman les plus célèbres de son époque. Né à Ceuta vers 1083, les qualités et l'intelligence de Cadi Ayyad lui permettront d'occuper le poste de juge à Ceuta et à Grenade. Malheureusement, ses derniers jours seront marqués par l'opposition farouche qu'il opposera à la dynastie des Almohades.
Avant de devenir l'un des Sept Saints de Marrakech, le parcours de Cadi Ayyad, de son nom Abou El Fadl Iyad Ben Moussa Al Yahsobi, sera marqué par plusieurs événements. D'un étudiant exemplaire qui s'intéresse de près au courant et à la science islamique, à un célèbre juge à Ceuta puis à Grenade, le saint inhumé à Marrakech au XIIe siècle s'intéressera aussi à la politique puisqu'il mènera la vie dure aux premiers dirigeants de la dynastie des Almohades.
Un savant dans la cour des érudits de l'Occident musulman
Abou Al Fadl Ayyad est né à Ceuta au milieu du mois de Shaabane de l'an 476 de l'hégire, soit en 1083. Ayant «vécu dans la chasteté et la probité et jouissant des plus nobles caractères, loué pour ses actes et ses paroles», il était «réputé pour sa noblesse, son intelligence et son habilité».
Selon une traduction de son livre «Al Shifaa Bi Taarif Hoqouq Al Mustafa» (Déclaration parfaite des obligations de vénération envers l'Elu prophète, Editions Dar Al Kotb Al Ilmiyah, 2010), l'érudit a «étudié le savoir avec attachement et beaucoup d'application en bénéficiant de l'estime des grands maîtres parmi ceux qui possèdent le savoir et en les fréquentant assidûment». Il excelle à son époque, surpasse l'ensemble de ses pairs et atteint, dans les disciplines du savoir, la maîtrise qu'on lui connaît. Spécialiste du coran qu'il a étudié avec ses sept diverses lectures, Cadi Ayyad profitera surtout du fait que Ceuta était à son époque une «cité de la science» qui attirait érudits, savant et étudiants du monde entier.
«Son propre maître Abou Mohammed Ben Attab dit en parlant de lui: "Quand j'ai constaté les qualités qui ornaient Al Fakih Abou Al Fadl, notamment sa droiture, sa vertu, sa bonté, sa piété, son intelligence, son savoir et l'étendue de ses connaissances dans les diverses disciplines de la science, je l'ai autorisé à enseigner tout ce que je lui avais transmis comme traditions".»
Préambule du livre traduisant l'œuvre «Ashifaa» de Cadi Ayyad
Caddi Ayyad était aussi «de doctrine ashaarite sur le plan du dogme, comme la plupart des maîtres malékites dans sa cité natale et dans le reste de l'Occident musulman». D'ailleurs, Cadi Ayyad est surtout «doublement affilié à l'imam Malek» : non seulement pas son appartenance à l'école malékite mais également par des liens de sang.
Un érudit opposé aux Almohades
Après ses études à Ceuta, l'érudit ne se contente pas d'y rester. A l'instar des étudiants et des jeunes, il part aussi à Al Andalus pour «parfaire ses connaissances et s'assurer de la validité de la méthode de transmission des traditions et de sa perfection chez lui». L'occasion de fréquenter l'incontournable Ibn Rochd de Cordoue, alias Averroès ou encore Ibn Sirady, comme le rapporte Miguel J. Portillo dans «Marrakech y sus alrededores» (Editions Editorial Kairós, 1994).
C'est à Tinmel (au sud de Marrakech) qu'Ibn Toumert fondera la dynastie des Almohades. / Ph. DR
De retour à Ceuta, Cadi Ayyad devient juge vers 1121 et conservera ce poste pendant 16 ans. Il devient aussi brièvement Cadi de Grenade avant de revenir une fois de plus à sa ville natale. On lui doit notamment plusieurs ouvrages comme «Tadrib Al Madarik», «Madahib Al Hokkam fi Nawazil an Ahkam» ou encore «Machariq Al Anouar Ala Sihah Al Athar».
Né durant l'âge d'or de la dynastie des Almoravides, Cadi Ayyad sera témoin du déclin des rois venus du Sahara et la montée des Almohades. Ainsi, vers l'an 1118, Mohamed Ibn Toumert alias Al-Mahdi (le Messie) lance son appel de guerre contre les Almoravides depuis le château de Tinmel en comptant sur le soutien de certains membres des tribus masmoudiennes du Haut Atlas. Le fondateur de la dynastie des Almohades prône alors certaines croyances chiites, comme l'imamat et l'infaillibilité, ce qui ne manquera pas d'irriter les savants marocains, dont Cadi Ayyad.
Histoire du chiisme au Maroc : Ibn Toumert, fondateur de la dynastie des Almohades [4/4]
Après la mort d'Ibn Toumert, son disciple Abdelmoumen Ben Ali Al Koumi, un Amazigh zénète, reprend le flambeau. Mais il fera face à la résistance de Ceuta et de ses érudits et à leur tête Cadi Ayyad, raconte-t-on dans le numéro 100 de la revue mensuelle «Daaouat Al Haq» éditée par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Mais alors que les villes marocaines almoravides cédaient, l'une après l'autre, devant l'armée des Almohades, Ceuta ne tardera pas à tomber. Cadi Ayyad et les habitants de la ville présentent alors leur allégeance au nouveau sultan. «L'érudit se rend alors à Salé, capitale d'Abdelmoumen Ben Ali pour lui présenter son allégeance en personne», poursuit-on de même source.
Mausolée de Cadi Ayyad à Marrakech. / Ph. DR
Différentes versions concernant sa mort à Marrakech
Seulement, une fois l'Etat almohade face à sa première crise, Ceuta et ses habitants se révoltent à nouveau. Une rébellion avortée par Abdelmoumen Ben Ali qui décide, cette fois, de reprendre la ville, détruire ses murailles et exiler son érudit à Tadla puis à Marrakech.
C'est à ce moment que les versions de l'histoire divergent, entre notamment ceux qui affirment que l'un des sept saints de Marrakech était presque un prisonnier et d'autres qui décrivent son séjour à Marrakech et ses derniers jours comme paisibles. Selon la première version, exposée par Al Bachir Ali Hamed Tourabi dans «Cadi Ayyad» (Edition Dar Ibn Hazm, 1998), l'érudit serait tombé malade à l'extérieur de la ville avant d'être transporté à Marrakech où il serait mort après huit jours.
Saints de Marrakech #1: Al Jazouli, le savant engagé contre l'invasion portugaise
Cette version est même confirmée par son fils Mohamed Ben Ayyad, sauf que le récit de ce dernier est critiqué par plusieurs auteurs qui reprochent au fils de s'être aligné sur les versions de l'Etat des Almohades, indique-t-on dans «Daaouat Al Haq». Quant aux trois autres versions, l'une d'elle indique que l'érudit né à Ceuta aurait trouvé la mort dans un bain, alors que l'autre dit qu'il serait mort empoisonné par un juif. La quatrième avance clairement qu'il aurait été «assassiné» par les Almohades.
Mais une chose est sûre : mort en 1149 et inhumé près de Bab Aïlen à Marrakech, sa tombe ne sera aménagée et reconnue comme celle d'un érudit de renom que par la dynastie des Mérinides.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.