On a pour habitude de dire que l'abus en toute chose peut être nuisible. Ce n'est pas certainement pas une règle générale, mais concernant par exemple certains produits alimentaires de consommation courante tels que le thé, le café pour ne citer que ces deux produits, ils sont très appréciés par les Marocains. Le thé est en tête de liste de la boisson préférée denos concitoyens. Le café est moins prisé pour des raisons liées à certains effets sur la santé que lui reprochent certaines personnes tels que l'insomnie, les palpitations, les sueurs, les aigreurs. Mais le café a aussi des atouts certains incontestables et serait même très bénéfique pour la santé. Le café est la substance psychoactive la plus répandue dans le monde. Si l'on en croit les études épidémiologiques récentes, sa consommation, même à raison de plusieurs tasses par jour, serait bénéfique pour notre santé. Les travaux publiés concernent essentiellement la relation entre le café et les maladies cardiovasculaires ou les cancers. Peu d'analyses ont évalué l'effet potentiel du café sur le risque de dépression. Pour combler ce manque, une étude observationnelle a été réalisée chez plus de 50 000 femmes de la cohorte des infirmières américaines (NHS study). Les informations sur la consommation de café mais également des autres boissons, (boissons au cola, thé, chocolat) contenant ou non de la caféine, ont été recueillies par un questionnaire semi-quantitatif. Les apports en caféine eux-mêmes ont aussi été évalués. Une dépression diagnostiquée par un médecin (selon la déclaration des volontaires) ou la prise de médicaments antidépresseurs définissait l'existence d'un syndrome dépressif. Par rapport aux infirmières qui ne consommaient pas de café (moins d'une tasse par semaine) les consommatrices modérées (deux à trois tasses par jour) avaient un risque réduit de 15 % de développer une dépression. Ce risque était diminué de 20 % chez celles qui en consommaient plus de quatre tasses/jour. De même, des apports élevés en caféine (550 mg/j) étaient associés à une diminution significative de l'incidence des dépressions (-20 %) comparativement à un apport faible (100 mg/j). En revanche, il n'était pas constaté de relation entre la consommation de café décaféiné et le risque dépressif. Ces nouvelles données, associées aux résultats antérieurs écartant, a priori, un effet défavorable du café et de la caféine sur les maladies cardiovasculaires et parfois suggérant une possible action anti-inflammatoire, voire anti-cancer, sont rassurantes. Compte tenu des nombreux biais potentiels intrinsèques à leurs méthodologies, ces études observationnelles ne permettent évidemment pas de recommander la consommation de café pour des raisons de santé et encore moins à visée anti-dépressive. Elles justifient néanmoins de ne pas demander à un fort buveur de café de s'en abstenir ou d'en réduire la quantité consommée. A condition toutefois que cette consommation de café ne soit pas associée à un apport exagéré en sucre et qu'elle n'ait pas d'effet délétère, comme cela peut se voir chez certaines personnes, sur le niveau d'anxiété et la qualité du sommeil.