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Anissa Bellefqih
Le combat ne se résume pas à une journée...
Publié dans Albayane le 10 - 03 - 2013


Le combat ne se résume pas à une journée...
Native d'Oujda, Anissa Bellefqih est chercheur et écrivain. Elle a fait toutes ses études, jusqu'à la thèse d'Etat, sur les bancs de l'école marocaine, du temps où l'école publique était une pépinière et l'enseignement une vocation. Elle a publié trois romans chez L'Harmattan, Paris : «Yasmina et le talisman» en 1999, «Je ne verrai pas l'automne flamboyant...» en 2003, « La lecture des Aventures d'Arsène Lupin : Du jeu au je » en 2010 et «Années volées» en 2012.
Al Bayane : Quand avez-vous commencé à écrire ?
Anissa Bellefqih : En 1994, après le décès de mon père, patriarche vénéré. J'ai ressenti alors violemment le besoin d'écrire «au nom des miens». Je suis native d'Oujda, avec une origine rifaine. Tous mes repères sont oujdis, mon enracinement et mon attachement sont très profonds pour cette ville, mais j'ai toujours été consciente que mes racines poussaient jusque dans les montagnes du Rif avec tout ce que cette double appartenance suppose.
Où trouvez-vous votre inspiration et quelles sont les grandes thématiques traitées par vos écrits ?
Mon inspiration vient du regard que je pose sur mon environnement, sur l'actualité de notre pays et du monde. Il y a une continuité dans mon œuvre. «Yasmina et le talisman», «Je ne verrai pas l'automne flamboyant...», «Années volées» racontent le destin d'une femme, Yasmina Benhamou, enseignante universitaire et mère d'une fille. Elle se raconte et nous livre des tranches de vie de femme et de mère, d'épouse, puis de veuve, nous révélant, à travers le récit de ses bonheurs comme de ses combats, le visage de la femme marocaine qui lutte âprement pour s'imposer dans une société qui est en mutation certes, mais qui n'en demeure pas moins réfractaire à la prise de parole et de pouvoir par les femmes.
Comment envisagez-vous la situation de la femme créatrice dans le paysage culturel national ?
La femme est en train de prendre son envol pour s'imposer dans le domaine de la création, qu'elle soit littéraire ou artistique. Nous avons de très beaux exemples d'artistes qui ont eu la reconnaissance d'experts internationaux pour la qualité de leur œuvre et dans le domaine de la littérature, le cénacle très restreint des années 80 est en train de s'élargir de manière significative.
Des voix multiples se mettent au service d'une juste cause : libérer la parole et montrer des parcours et des voies à suivre. Il ne suffit plus d'entendre, mais d'écouter attentivement. Les messages de ces paroles, de ces cris seront relayés par les mots de celles qui ont la chance d'être des porte-voix ou des passeurs. Parler pour les autres, au nom des autres est un devoir. J'ajouterai cette phrase d'Ingrid Bengis : «Les mots sont une forme d'action, capables d'influencer le changement.»
Votre travail littéraire est-il guidé par un engagement envers les femmes?
Mon travail, ancré dans le réel de notre pays, est essentiellement tourné vers le lecteur. Il puise sa matière d'un vécu sociétal spécifique et il est important que cette voix soit entendue par les hommes et les femmes qui se reconnaîtraient dans les problèmes soulevés ou les actions à mener dans l'intérêt de tous. Faire en sorte que «l'Autre» retrouve dans notre récit une part de lui-même passée, en gestation ou à venir, amenée par les aléas de la vie.
Le but avoué est de gagner la complicité du lecteur et l'amener à décrypter les messages concernant des faits de société majeurs. Qu'il s'investisse en continuant la fiction selon sa sensibilité, son vécu, ses valeurs. Qu'il écrive, en somme, la suite d'une histoire inachevée.
Je n'apporte pas de réponse, mais mon désir secret est la participation et/ou l'identification du lecteur récepteur, à travers des questionnements qui interpellent par leur universalité, hommes et femmes, car les hommes aussi doivent se libérer : du carcan des fausses idées reçues ou véhiculées par des messages trompeurs.
D'après vous, comment se manifeste la voix de la femme dans l'écriture ?
L'écrivain est avant tout un témoin et un passeur pour participer à un renouveau sociétal nécessaire. En dénonçant certains maux de notre société, mes romans abordent quelques vérités sur le statut de la femme et sur des problèmes épineux tels que l'éducation, l'héritage, la responsabilité et le devoir de vigilance de l'écrivain et de l'artiste, la puissance destructrice des banques, les failles de la justice et le pouvoir scandaleux des hommes de loi.
J'aurais ainsi témoigné et contribué, très modestement, à faire connaître notre société et une certaine manière d'être d'une femme qui est loin d'être l'archétype de la Marocaine, mais qui revendique la liberté de concilier un profond ancrage culturel arabo-musulman (avec une riche sédimentation amazigh) et une ouverture sur le monde, facteur d'enrichissement.
J'ose espérer que j'ai réussi à passer le témoin pour que d'autres créent avec leurs mots une chaine de réflexion qui aboutira à un changement des mentalités et adoucira les maux de notre société.
Ecoutons la voix de Yasmina dans mon dernier roman “Années volées" :
- «Si seulement les hommes pouvaient être plus prévoyants et les femmes moins aveugles ou aveuglées par l'amour !
Peut-on aimer et être imprévoyant quant au sort de ceux qui restent après nous?...
Un vaste débat que les femmes doivent initier, même si cela heurtera la sensibilité conservatrice de la majorité des hommes !... »
- « J'émis le vœu que cet âpre combat que j'avais mené serve la cause des femmes. Ce serait jubilatoire de continuer dans cette voie de la dénonciation d'abus qui touchent cruellement femmes et enfants /.../ et le moment venu, passer le relais pour qu'une espérance prenne vie à partir d'un cri ou d'une banderole : "Plus jamais ça !"»
Un dernier mot pour nos femmes à l'occasion de la journée mondiale de la femme ?
Le combat ne se résume pas à une journée, fut-elle universelle. Il doit être au quotidien, sur tous les fronts où le changement est nécessaire : travail de la petite fille, couverture sociale, alphabétisation de la fille rurale, campagne de sensibilisation au sida, connaissance de ses droits, etc. Le 8 mars sert simplement à faire un état des lieux et des actions menées ainsi que les perspectives d'avenir.
Si je devais choisir un seul mot pour accéder à la liberté et à la dignité, ce serait celui de «résister». Pour faire tomber toutes les chaînes qui entravent le corps et sclérosent l'esprit, il faut résister aux idées reçues, au machisme, à la peur enracinée qui nous conseille de rester à l'ombre des événements et des hommes. Un combat à mener et réussir au nom de nos enfants et de nos mères qui ont été des pionnières. Femmes libres dans leur tête, mais muselées et entravées, elles ont su nous passer le témoin. Lourde responsabilité qu'il nous incombe d'assumer et de faire avancer...
Je laisse la parole à Yasmina qui s'adresse à un haut cadre bancaire : «Cette injustice et cette « hogra » que vous m'opposez, je leur trouverai une parade. Parole de femme ! » L'avenir est, assurément, entre les mains des femmes de bonne volonté...


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