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Abdelkébir Khatibi : une figure emblématique de l'écrivain universel
Publié dans Albayane le 16 - 03 - 2016

Khatibi, écrivain extraverti, est l'un des rares écrivains marocains polygraphes qui ont marqué la deuxième moitié du XXe siècle et la première décennie du XXIe siècle. Khatibi est une véritable industrie de la pensée qui sème l'aimance entre toutes les disciplines, et après entre le Moi et l'Autre.
Cette hospitalité disciplinaire et humaine due à son industrie, fait de son œuvre un tout philosophiquement solide qu'il faut être armé pour lire. Inaccessible parfois, pour ne pas dire souvent, la lecture de son œuvre exige, en effet, l'établissement de lectures parallèles avec d'autres textes. Sa pensée constitue une sorte de danse de mots pluridisciplinaires nécessitant des intermédiaires occidentaux ou maghrébins, en l'occurrence Hegel, Derrida, Nietzsche et bien d'autres.
L'œuvre khatibienne nécessite donc une «lecture exigeante», au dire d'Acia Belhabib, dont la retombée est la réduction du nombre de ses lecteurs. Khatibi n'écrit pas subséquemment pour tout le monde. Son écriture est destinée à l'élite Intellectuelle. Elitiste qu'il est, Khatibi est lu par l'intelligentsia.
Un livre comme Amour Bilingue est complexe par son caractère polygraphe ou «polychrome». C'est à la fois un essai théorique et un essai sur l'art. Le lecteur non averti craint cette complexité en ce que le texte constitue, comme le dit Mustapha Bencheikh, une «forme de poésie exigeante» et interdisciplinaire. D'où l'importance de découvrir d'autres chemins intermédiaires ; car l'auteur n'est pas responsable de son œuvre. Une fois achevée, l'œuvre s'ouvre et crée son propre retour par voisinage à d'autres textes. Certes la complexité est nécessaire parce qu'elle est là, mais la proximité solidifie davantage l'aimance et l'hospitalité tant verbale qu'humaine.
L'œuvre de Khatibi est le fruit d'une passion divisée entre deux activités complémentaires : la lecture et l'écriture. C'est à ce niveau que la forme exigeante de la lecture nécessite de mettre l'œuvre en dialogue avec d'autres disciplines et auteurs. L'écriture khatibienne se veut, dit Khatibi, «une littérature générale qui s'internationalise». Il se présente comme étant un auteur, dit-il, qui «ne veut pas une littérature sous-développée». Ayant vécu et travaillé au Maroc, il veille à ce que son travail, sa pensée, atteignent une destinée. D'où «le grand investissement du langage», dont il parle, partant de deux principes : obscurcir l'obscurité et le désir de transparence. La cohabitation de ces deux principes tisse la trame de l'œuvre khatibienne qui vacille entre la non lisibilité et la non identification de l'auteur.
Par ailleurs, Khatibi est aussi un homme qui est capable dans son domaine de garantir sa crédibilité. «Je t'ai montré ton portrait pour corriger l'image de moi», dit-il. Khatibi reconnaît que l'appartenance est en devenir. Il se veut un «intellectuel qui doit analyser sa société pour la faire avancer», pour accomplir son rôle de penseur. Mais ceci ne peut être atteint qu'en disant les choses avec style et autonomie.
Ce qui prime chez Khatibi c'est le social et le culturel. Les deux constituent deux bases solides pour lancer l'engagement. Il y a d'une part la culture de l'individu, celle qu'on hérite et, d'autre part, il y a «la culture qui s'invente devant nous». Après, peuvent venir le politique et l'économique.
7 ans déjà...
Mohamed Nait Youssef
C'est un 16 mars 2009 que le milieu littéraire et intellectuel marocain s'est réveillé sur la mort du sociologue et romancier Abdelkébir Khatibi. Un homme dont la pensée est universelle, inscrite dans le temps et dans le mouvement, ouverte et inchoative.
La réflexion Khatibienne aspire à une ouverture sur l'autre dans sa diversité, son pluralisme pour trouver de nouvelles pistes de pensée. Le penseur interroge entre autres la mémoire plurielle de son pays à travers les signes, les mots, les graphes, les lettres...
«En interrogeant la structure des signes, je postulais innocemment que cette structure démontrait une généralité, confirmait une identité, qui, au fond, est la raison du corpus sur lequel j'ai toujours travaillé, n'était que celle de l'homme culturel de mon propre pays. En un sens, Khatibi fait la même chose pour son propre compte, il interroge les signes qui lui manifesteront l'identité de son peuple. Mais ce n'est pas le même peuple. Mon peuple à moi n'est plus populaire», écrivait le sémiologue français Roland Barthes à propos de Khatibi. «L'originalité de Khatibi, au sein de sa propre ethnie, est donc éclatante: sa voix est absolument singulière, et par là-même, absolument solitaire», ajoutait-il.
Sa voix littéraire et philosophique est singulière. Abdelkébir Khatibi est un obsédé de lettres et amoureux des mots. L'acte d'écrire, pour lui, n'est pas pour lui uniquement un lieu de révélation et un jardin d'aveu; mais également une force salvatrice et une relation poétique avec le parfum des mots et le sang de la mémoire. Loin du populisme, Khatibi était attaché à sa culture populaire riche de sens et de signification. Son écriture donne aux signes et lettres une nouvelle vie sur la feuille et le corps du texte. «J'ai rêvé l'autre nuit, que mon corps était des mots», écrivait Khatibi. La pensée de Khatibi reste toujours d'actualité dans la mesure où il faut accepter l'autre dans sa différence et œuvrer bien évidemment pour le dialogue des cultures et des peuples. Abdelkebir écrivait dans la langue de l'autre, premier seuil pour la découverte et la rencontre de la culture de l'autre. C'est l'interculturalité qui enrichit le tissu culturel et linguistique mondial. En d'autres termes, la langue est le berceau de toutes les traces et le dialogue des peuples. «Abdelkebir Khatibi, lui, parle de sa «langue maternelle». Sans doute n'est-ce pas le français, mais il en parle. Il en parle dans une autre langue. Le français, justement. Il fait cette confidence publique. Il publie son discours dans notre langue [...]. Voilà qui tranche. En douceur sans doute et presque en silence, mais qui tranche», écrivait le philosophe français Jacques Derrida dans Le Monolinguisme de l'Autre.


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