Nacereddine El Idrissi, avocat marocain au barreau d'Alger, tout en exprimant sa solidarité à l'égard de sa consœur Me Zakia Benmimoun, estime que sa nationalité marocaine n'est pas à l'origine de son problème. ALM : Vous exercez dans la capitale algérienne depuis 1995, que pensez-vous de l'affaire de Me Benmimoun? Nacereddine El Idrissi : Tout d'abord, je tiens à vous préciser que j'ai eu un entretien téléphonique, mardi, avec Me Zakia Benmimoun concernant son problème. Elle m'a informé des tenants et aboutissants de son affaire. Je tiens à préciser, tout en exprimant mon entière solidarité à son égard, que son cas est tout à fait isolé. En clair, je ne pense pas que sa nationalité marocaine soit à l'origine de son problème. Je peux vous assurer qu'il y a déjà eu des cas similaires dans la profession et pour des avocats algériens cette fois-ci. C'est une précision à mon avis importante, car elle me permet de lever tout équivoque. Ceci-dit, le problème que connaît Me Benmimoun est bien réel. C'est la raison pour laquelle je l'ai conseillée d'épuiser toutes les voies de recours judiciaires pour qu'elle recouvre ses droits. Dans quelles conditions les avocats marocains exercent-ils leur profession en Algérie? Comme vous le savez, le Maroc et l'Algérie sont liés par une convention judiciaire signée en 1963. Cette convention donne droit à un avocat marocain d'exercer en toute liberté sa profession en Algérie. Et en vertu de cette même convention un avocat de nationalité algérienne peut s'installer et exercer sa profession le plus naturellement du monde au Maroc. A Alger, par exemple, nous sommes pas plus d'une dizaine d'avocats marocains. Nous sommes soumis aux mêmes règles de droit que nos confrères algériens. Nous avons le même poids, les mêmes devoirs et nous sommes assujettis aux mêmes règles d'éthique. Quel est le poids de la corporation dans la scène politique en Algérie? Le barreau est une organisation professionnelle. Il n'a, par conséquent, pas à donner son avis sur des problèmes d'ordre purement politique. Toutefois, il intervient dans le cadre des relations entre avocats, d'une part, et entre avocats et magistrats d'autre part. En un mot, il défend les intérêts de tous les avocats, sans discrimination aucune. A titre d'exemple, sur les cartes professionnelles, on ne mentionne pas la nationalité. Est-ce que les avocats marocains installés en Algérie peuvent plaider des affaires de terrorisme? Absolument. Ils plaident tout ce qu'ils veulent. Ils ont l'entière liberté à ce niveau. Et sincèrement, je tiens à préciser qu'au niveau de notre profession, je n'ai jamais senti une quelconque discrimination, ni de la part de nos confrères, ni de celle des magistrats. C'est la raison pour laquelle je souhaite que l'affaire de Me Benmimoun, pour laquelle je réitère toute ma solidarité, ne soit pas interprétée comme une injustice envers une citoyenne marocaine. De manière générale, comment la communauté marocaine est-elle traitée en Algérie? En un mot, je vous dirais qu'il y a une réciprocité sur ce point. Les Marocains sont traités en Algérie de la même manière que le sont les Algériens sur le sol marocain.