Le spectre de dépérissement menace les arbres d'ornement de la ville de Fès dont les spécimens les plus anciens. Avec la chute récemment de l'arbre «gleditschia» au quartier Aït Skatou, plusieurs questions se posent sur la réalité des arbres à Fès. L'arbre, symbole de vie, est de plus en plus réduit à un dépositoire d'ordures. D'autres problèmes existent encore et menacent la vie des arbres, que ce soit ceux d'ornement urbain et d'alignement de route ou même les spécimens les plus anciens et qui sont inscrits dans le patrimoine de la ville. Les platanes qui se trouvent dans les plus grandes artères de la ville, dont l'avenue Hassan II , le boulevard Chefchaouni et l'avenue Allal Ben Abdellah, sont ainsi victimes d'un champignon ravageur qui peut tuer l'arbre au bout de 3 à 5 ans. Les arbres atteints sont malheureusement tout simplement arrachés. «Beaucoup de platanes à travers le bassin méditerranéen ont été arrachés à cause de cette maladie. C'est en plus un arbre qui n'est pas assez résistant face à la pollution de l'air», explique Mohamed Anass Alj, chef de service des espaces verts à la communauté urbaine de Fès, sans pour autant préciser si d'autres spécimens plus résistants pourraient être plantés à la place. L'avis de Abdelhay Raîss, fervent militant pour la protection de l'environnement et président du forum régional des Initiatives environnementales, est tout à fait contraire. Pour lui, «les platanes sont des arbres agréables. Ils marquent subtilement le changement des saisons dans la ville», explique-t-il tout en souhaitant que les autorités locales s'investissent encore plus dans l'entretien des espaces boisés urbains. D'autres problèmes menacent à leurs tours les arbres, en particulier le mauvais entretien et le laisser aller. Il faut dire que l'absence de plan vert de la ville a gravement participé à cet état des lieux. Les spécimens d'arbres les plus anciens ne sont pas épargnés de cette problématique, à l'exemple de l'olivier millénaire de Bab Boujloud et du platane de Souk El Henna. Le chêne vert du musée Batha, unique représentant de l'espèce dans la ville et aux dimensions spéciales (120 ans d'âge, 20 m de hauteur), subit à son tour de graves problèmes. Selon Samira Rbati, conservatrice du musée, «notre premier souci est l'irrigation. En 2006, on a passé un contrat de 6 mois avec une entreprise privée spécialisée pour l'entretien, mais dès la fin du contrat, on est retombé dans le même problème». Heureusement, les défenseurs des arbres sont là. Et dans l'attente de la mobilisation des autorités, l'association du chêne vert de Batha a pris l'initiative de régler le problème de cet arbre centenaire.