Un rapport du groupe de réflexion américain Middle East Media Research Institute vient de révéler que les groupes terroristes se sont tournés vers la monnaie cryptographique « le bitcoin » pour financer leurs activités vu que l'usage de cette technologie leur permet de « contourner les régularisations mises en places par le secteur bancaire ». Selon une étude américaine, les organisations terroristes diversifient de plus en plus leurs moyens de financement. « L'avantage de recourir aux cryptomonnaies, c'est qu'il n'y a pas besoin de passer par les banques. Celles-ci sont de plus en plus surveillées », a indiqué Eric Vernier, chercheur associé à l'Iris et spécialiste du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, à France 24. « L'autre avantage, c'est que ce circuit n'est pas contrôlé. Si une partie des cryptomonnaies restent traçables, il n'y a ni régulateur, ni intermédiaire. Si je fais un virement à un ami, cela passe par ma banque, par une chambre de compensation, puis par la banque de mon ami. Il y a donc trois niveaux de contrôle. Si je passe par une cryptomonnaie, cela passe par des ordinateurs aux quatre coins du monde. Il n'y a qu'un autocontrôle via les systèmes de blockchain. Il y a une garantie des flux financiers mais pas d'organisme qui contrôle chacun de ces flux », détaille le chercheur. L'étude en question prend l'exemple des Brigades Izz al-Din al-Qassam, classées comme organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis notamment. Sur leur site de propagande, il est proposé d'effectuer des dons en bitcoin. « Le bitcoin est une crypto-monnaie intraçable, qui respecte votre désir d'anonymat et permet de réaliser des dons de manière sécurisée », indique l'organisation terroriste dans une de ses vidéos. Cependant, il faut savoir que les cryptomonnaies ne sont pas totalement intraçables. « On peut garder la trace de certaines monnaies, notamment le bitcoin. À partir du moment où on peut suivre un flux, on peut le remonter. La différence d'avec une banque, c'est que ce suivi ne se fait pas en permanence. Ici, on ne l'effectue qu'en cas d'enquêtes », explique Eric Vernier. Alors qu'au départ les Brigades Izz al-Din al-Qassam utilisaient une seule adresse bitcoin, les autorités pouvaient facilement identifier la provenance de l'argent et en geler l'utilisation, aujourd'hui, les brigades ont diversifié leurs adresses en attribuant une adresse bitcoin différente à chaque donateur. Ils se sont inspirés de Daech pour mettre en place cette procédure. Tant que les contrôles ne sont pas au point concernant les cryptomonnaies, les groupes terroristes continueront à utiliser les bitcoins. « C'est comme avec le dopage, la technologie a un temps d'avance sur le contrôle », estime Eric Vernier. « Il y a une faille du législateur, il faudrait remédier à celle-ci en régulant de la même manière que les banques. Mais cela va à l'inverse de la philosophie open source des cryptomonnaies et de leur vision libertaire », a-t-il conclu.