Le ministre de l'enseignement supérieur Azzedine Midaoui s'emploie, depuis fin octobre, à réviser en profondeur les contrats conclus sous son prédécesseur, Abdelatif Miraoui, a appris Barlamane.com de sources concordantes. Dans ce cadre, il a récemment annulé un marché d'un montant de 4,2 millions de dirhams destiné à fournir une assistance technique pour la mise en œuvre du programme de transformation numérique du ministère. Un document officiel, signé par le secrétaire général du ministère Mohamed Khalfaoui, précise que l'appel d'offres international n°12/2024/AMOA_PTD, dont les plis devaient être ouverts le 9 décembre, a été abrogé. Ce marché, «portant sur la modernisation numérique des systèmes du ministère, était initialement estimé à une valeur oscillant entre 2,1 millions et 4,2 millions de dirhams», selon nos sources. L'annulation a été justifiée «par une révision des spécifications techniques du projet en adéquation avec les nouvelles orientations stratégiques du ministère.» Par ailleurs, le ministère a également mis en avant «un conflit de périmètre entre cet appel d'offres et un autre marché en cours, identifié sous la référence n°17/2024/AT-PTD-ESRI.» Des soupçons de mauvaise gestion et de dilapidation des fonds publics Dans un contexte marqué par des accusations de mauvaise gestion financière, l'Association marocaine de lutte contre la corruption a saisi le parquet pour demander une enquête approfondie sur plusieurs affaires présumées de gaspillage de fonds publics au sein du ministère de l'enseignement supérieur. L'association a mis en lumière un contrat controversé d'un montant annuel de 620 000 dirhams, signé avec un hôtel de luxe situé à Rabat. Cet accord prévoyait «la fourniture de repas à huit individus dont certains n'auraient aucun lien direct avec le ministère», avait dévoilé Al-Akhbar. Par ailleurs, l'institution a signalé «la disparition inexpliquée d'équipements coûteux, notamment des téléphones portables, des tablettes électroniques et des cartes de carburant.» L'une des premières mesures du ministre Azzedine Midaoui après sa nomination aurait été l'annulation de ce contrat. Ce dernier, jugé «injustifiable» par plusieurs observateurs, aurait mobilisé un budget disproportionné soulevant ainsi des questions sur sa conformité aux principes de transparence et de concurrence énoncés par la loi sur les marchés publics. Des interrogations sur les pratiques de gouvernance Dans sa plainte, l'Association marocaine de lutte contre la corruption a appelé «à plus de clarté sur les motivations ayant conduit à la signature d'un tel contrat avec cet hôtel en particulier.» Elle exige également des explications «sur les critères ayant guidé ce choix et sur l'absence apparente d'une procédure concurrentielle rigoureuse.» Au-delà de ce contrat, l'association dénonce une gestion financière qu'elle qualifie de «peu scrupuleuse», et appelle à «une réforme structurelle visant à renforcer la transparence et la bonne gouvernance dans l'administration publique.» Les initiatives du ministre Midaoui, telles que l'annulation de ce contrat et la révision des appels d'offres, «semblent indiquer une volonté de rupture avec certaines pratiques passées», confirment les sources de Barlamane.com. Ces décisions «pourraient également ouvrir la voie à un débat plus large sur l'efficacité des mécanismes de contrôle interne et la lutte contre la corruption dans les institutions publiques marocaines», a-t-on espéré.