Le Maroc exporte 63 000 tonnes de framboises et mûres en 2024, soit 97 % des exportations du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord    En Afrique du Sud, le Sahara marocain résonne comme jamais dans les débats diplomatiques et le MK Party affirme : «L'ANC ne parle pas au nom de Pretoria sur les questions internationales»    Le président gabonais reçoit le milliardaire marocain Mohamed Bouzoubaa pour discuter de projets de développement stratégique au Gabon    Message de condoléances du Roi à la famille de feu Jamal Eddine Al Qadiri Boutchich, Cheikh de la Tariqa Qadirya Boutchichia    La France lance un mandat d'arrêt international contre un diplomate algérien    De la mémoire de la victoire aux enjeux de l'avenir... le Maroc et la Chine tracent ensemble la carte d'un partenariat stratégique    Le Maroc affronte le Niger dans un match décisif des qualifications pour le Mondial 2026    CHAN-2024 : Le Maroc va chercher la victoire face au Kenya (Tarik Sektioui)    Marroquí condenado en París por encender cigarrillo en tumba del Soldado Desconocido    Moussem Moulay Abdallah Amghar - Cas d'intoxication alimentaire: une fake news démentie par les organisateurs    TGCC : Bouzoubaa reçu en audience par le Président du Gabon    Journée nationale des MRE : La digitalisation au centre des priorités    Paris condamne le plan israélien visant une nouvelle extension des opérations militaires dans la bande de Gaza    Education nationale : détails de la réunion avec les syndicats    Marocains du Monde : Accélérateurs de l'émergence, multiplicateurs des souverainetés    Coupe de la CAF: L'Olympique de Safi affronte l'ASN Nigelec du Niger    Ligue des champions CAF: La RSB hérite du club Togolais de l'ASCK et l'AS FAR du club gambien de Real de Banjul    Royal Air Maroc étend son programme de vols directs entre Casablanca et São Paulo dès décembre    Diaspo #401 : Khadija Ramim, une vie pour la culture amazighe et l'autonomisation des femmes    España: Tras Vox, la reactivación del Comité de Liberación de Ceuta y Melilla preocupa al PP    4,6 kilogrammes de cocaïne saisis à Tétouan : six interpellations    Maroc-Israël : les énormes acquis politiques, économiques et militaires d'une déclaration conjointe présentée toujours à tort comme une «normalisation»    Une carte historique démontre comment Ibn Battuta a parcouru un monde en réseaux, du Maghreb à la Chine    Exportations agricoles : 80 millions de kilos de tomates marocaines écoulés en Espagne    Espagne : Après Vox, la relance du Comité de libération de Ceuta et Melilla préoccupe le PP    Le dirham s'apprécie de 0,1% face au dollar du 31 juillet au 6 août (BAM)    La presse française ouvre le dossier du recteur de la Grande Mosquée de Paris et de ses liens troubles avec le régime militaire algérien    L'Inde et la Russie réaffirment leur engagement à renforcer leur « partenariat stratégique »    Donald Trump mobilise l'armée US contre les cartels de drogue sud-américains (NYT)    Tensions diplomatiques entre le Brésil et les Etats-Unis : le chargé d'affaires américain convoqué au ministère brésilien des AE    Université d'été... Un pont identitaire reliant les jeunes Marocains du monde à leur pays d'origine    Oujda accueille le Village de sécurité routière de la NARSA    Le Maroc dans le viseur du Pentagone... Une décision américaine qui pourrait redessiner la carte de la sécurité en Afrique    Le Roi Mohammed VI poursuit sa Haute Bienveillance envers les Marocains du monde à travers des programmes renforçant le lien avec la patrie et accompagnant la transformation numérique    Incendie impressionant dans la mosquée historique de Cordoue en Espagne [Vidéo]    Ousmane Ndiaye : radiographie critique des entraves au pluralisme en Afrique    Maroc : les dépôts bancaires enregistrent une croissance à fin juin    Trevo, première plateforme touristique marocaine, pour soutenir la souveraineté nationale    Réconciliation actée entre Ter Stegen et le FC Barcelone    Revue de presse de samedi 9 août 2025    Mondial U19 de Handball /Tour préliminaire : Dernier round pour les Lionceaux face au Kosovo    CHAN 2024 / J3 du groupe B : Programme du jour    Médias : Ce soir, Hakimi en prime sur Canal+ dès 19h30    Marrakech : poursuites disciplinaires et judiciaires contre un officier de police soupçonné de corruption    La chaîne US Fox tourne sa téléréalité "Special Forces" à Marrakech    L'humeur : Toto ministre, le rap s'en réjouit    Décès de Cheikh Jamal Eddine El Qadiri, guide de la Zaouïa Qadiriyya Boutchichiyya    Décès de l'artiste égyptien Sayed Sadek    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La grande rivalité Chine-Etats-Unis et la bataille pour la suprématie mondiale : un antagonisme géopolitique multidimensionnel
Publié dans Barlamane le 20 - 04 - 2025

Le choc entre les Etats-Unis et la Chine n'est pas une escarmouche passagère ; il constitue le pivot de la géopolitique du XXIe siècle, une rivalité systémique dont les échos résonnent à travers les économies, les armées, les technologies et les idéologies. Ce n'est pas seulement un affrontement entre une hégémonie établie depuis 1945 et une puissance ascendante aux ambitions globales ; c'est une collision de visions irréconciliables pour l'avenir du monde. La Chine, méthodique et implacable, s'est préparée pendant des décennies à ce moment, ses aspirations hégémoniques désormais indéniables. Les Etats-Unis, jadis incontestés, affrontent un rival dont les manœuvres expansives, souvent agressives, menacent de redessiner l'ordre mondial. Ci-dessous, nous analysons les champs de bataille de cette lutte multidimensionnelle, où l'enjeu n'est rien moins que la suprématie globale.
L'arène économique : une lutte pour la domination mondiale
Au cœur de cette rivalité se joue une bataille acharnée pour la primauté économique. Les Etats-Unis, longtemps colosse économique mondial, font face à une Chine, deuxième économie mondiale avec un PIB de 18 300 milliards de dollars en 2024 (FMI), qui pourrait surpasser Washington d'ici 2030, selon les projections de Bloomberg. Le modèle chinois, axé sur les exportations, alimente un déficit commercial américain persistant — 419 milliards de dollars en 2022 (U.S. Census Bureau) —, suscitant des accusations de pratiques déloyales, du vol de propriété intellectuelle aux barrières d'accès aux marchés. La guerre tarifaire lancée par l'administration Trump en 2018, prolongée par des restrictions ciblées sous Biden, a bouleversé des décennies d'orthodoxie libre-échangiste.
La frontière technologique est le théâtre où cette rivalité s'embrase. La domination chinoise dans la 5G, portée par Huawei, et dans l'intelligence artificielle, avec des géants comme Baidu et Tencent, menace le leadership américain. Les semi-conducteurs, pouls des économies modernes, sont un point de friction majeur : la quête d'autosuffisance chinoise se heurte aux contrôles d'exportation américains, qui, en 2023, ont interdit la vente de puces avancées à des entreprises chinoises. Paradoxalement, l'adoption du protectionnisme par Washington contraste avec le capitalisme d'Etat de Pékin, avide de marchés ouverts pour soutenir son mastodonte exportateur. Cette inversion — l'Amérique en croisade tarifaire, la Chine en globaliste réticente — définit une nouvelle ère économique chaotique.
La guerre technologique sino-américaine a des répercussions planétaires. La loi CHIPS de 2022, dotée de 52 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis, signale une stratégie de rapatriement industriel. Pendant ce temps, le plan chinois d'investissement technologique de 1 400 milliards de dollars (2020-2025) vise à combler l'écart d'innovation. Selon le Semiconductor Industry Association, 75 % de la production mondiale de puces reste concentrée en Asie, rendant l'Occident vulnérable. L'issue de cette course façonnera non seulement les économies, mais aussi la sécurité nationale, l'IA et l'informatique quantique redéfinissant la guerre moderne.
Diplomatie de la dette : l'ambition géopolitique de la Nouvelle Route de la Soie
L'Initiative de la Nouvelle Route de la Soie (Belt and Road Initiative, BRI), lancée en 2013, n'est pas un simple projet d'infrastructure ; c'est un coup de maître géopolitique. Couvrant 140 pays et 1 000 milliards de dollars d'investissements d'ici 2024 (Banque mondiale), la BRI étend l'influence chinoise via des ports, des chemins de fer et des réseaux énergétiques, sécurisant l'accès à des ressources critiques comme le cobalt et le lithium. Mais son revers sombre, qualifié de «diplomatie du piège de la dette», enferme les nations dans des prêts insoutenables. Le port de Hambantota au Sri Lanka, cédé à la Chine en 2017 après un défaut de paiement, et la crise de la dette de 11 milliards de dollars en Zambie en sont des exemples criants.
Cette stratégie érode l'influence des Etats-Unis et de l'Occident, notamment en Afrique et en Asie du Sud, où la Chine surpasse les donateurs traditionnels. Les Etats-Unis ripostent avec des initiatives comme le BUILD Act et le Partenariat du G7 pour les infrastructures globales, mais ces efforts pâlissent face à l'ampleur de Pékin. En contrôlant des actifs stratégiques — le port de Gwadar au Pakistan, le terminal de Doraleh à Djibouti —, la Chine redessine les routes commerciales et les dynamiques de pouvoir.
L'envergure de la BRI est colossale : 70 % de ses projets ciblent l'énergie et les transports, selon le Council on Foreign Relations, ancrant une influence chinoise à long terme. Cependant, des fissures apparaissent. Des pays comme la Malaisie et le Myanmar ont renégocié ou annulé des projets, craignant une perte de souveraineté. En 2023, 60 % des débiteurs de la BRI étaient en difficulté financière (FMI), exposant les limites du modèle. Les Etats-Unis doivent proposer des alternatives viables, comme le Blue Dot Network, pour contrer cette hégémonie douce.
Guerres commerciales : une spirale de tarifs et de représailles
La guerre commerciale sino-américaine, qui couvait sous Obama et s'est enflammée sous Trump en 2018, atteint son paroxysme en 2025. Les tarifs américains sur les biens chinois s'élèvent à 145 % en moyenne, Pékin ripostant à 125 %, perturbant 700 milliards de dollars de commerce bilatéral (U.S. Census Bureau, 2024). Ces taxes, visant à freiner les subventions et le dumping chinois, ont fracturé les chaînes d'approvisionnement mondiales, renchérissant les coûts pour les consommateurs et les industries. Les accusations de manipulation monétaire — le yuan dévalué de 8 % depuis 2020 — attisent les tensions.
Les retombées sont globales. L'OMC estime que les guerres commerciales ont amputé la croissance du PIB mondial de 1,5 % en 2023. Pourtant, aucun camp ne cède : les Etats-Unis cherchent à « découpler » les industries critiques, tandis que la Chine accélère sa stratégie de « double circulation », privilégiant les marchés domestiques. Ce bras de fer risque une rupture durable du commerce mondial.
Les dommages collatéraux sont profonds. Les nations en développement, dépendantes des exportations chinoises, subissent des pressions économiques, tandis que les agriculteurs et industriels américains pâtissent des tarifs de rétorsion. La stratégie de «friend-shoring» de l'administration Biden, vers des alliés comme le Vietnam et le Mexique, peine à contourner les chaînes d'approvisionnement chinoises, qui représentent 30 % des exportations mondiales de biens intermédiaires (OCDE, 2024). Une réforme de l'OMC est cruciale pour rétablir l'équité commerciale.
Combustibles fossiles : l'échiquier énergétique
L'énergie est un champ de bataille stratégique. La Chine, premier importateur mondial de pétrole (11 millions de barils par jour, AIE), sécurise ses approvisionnements auprès de la Russie, de l'Iran et de l'Arabie saoudite, tout en concluant des contrats à long terme. Les Etats-Unis, exportateurs nets depuis 2019, rivalisent pour l'influence dans les régions riches en énergie comme le Golfe. L'accord sino-iranien de 400 milliards de dollars (2021-2046) alimente non seulement l'économie chinoise, mais renforce un régime hostile aux intérêts américains, exacerbant les tensions régionales.
Les pipelines, comme le Power of Siberia russe, et les investissements chinois dans les champs pétrolifères irakiens consolident la sécurité énergétique de Pékin. Les Etats-Unis contre-attaquent avec des exportations de GNL et des sanctions contre les fournisseurs adverses, mais le portefeuille diversifié de la Chine lui donne un avantage.
La géopolitique énergétique est un jeu à somme nulle. Les percées chinoises au Moyen-Orient — 40 % de ses importations pétrolières proviennent de la région (AIE, 2024) — défient la domination américaine. Les coupes de l'OPEP+ en 2024, influencées par l'axe sino-russe, soulignent l'influence croissante de Pékin. Les Etats-Unis doivent renforcer leur diplomatie énergétique, notamment via des accords avec l'Arabie saoudite, pour contrer cette montée en puissance.
5. Energies renouvelables : l'oligopole vert chinois
Dans la course à un avenir décarboné, la Chine règne en maître. Elle produit 80 % des panneaux solaires mondiaux, 60 % des éoliennes et 70 % des batteries lithium-ion (BloombergNEF, 2024). Cette domination, bâtie sur des subventions étatiques et des normes environnementales laxistes, contrôle les chaînes d'approvisionnement critiques. Les Etats-Unis, leaders en innovation verte, accusent un retard dans la fabrication, avec seulement 10 % de la capacité solaire mondiale.
L'Inflation Reduction Act américain (369 milliards de dollars pour l'énergie propre) et le Green Deal européen visent à combler l'écart, mais l'avance chinoise, renforcée par sa mainmise sur les terres rares et les minéraux pour batteries, constitue une vulnérabilité stratégique. La transition verte est autant une question de géopolitique que de climat.
La domination chinoise est une arme à double tranchant. Ses exportations à bas coût accélèrent la décarbonation mondiale, mais créent des dépendances. En 2023, 90 % des panneaux solaires européens provenaient de Chine (Commission européenne), exposant l'UE à des risques d'approvisionnement. Les Etats-Unis doivent intensifier leur production domestique et s'allier à des nations riches en minéraux, comme l'Australie, pour briser l'emprise de Pékin.
Minéraux critiques : le talon d'Achille occidental
La ruée vers le lithium, le cobalt et le nickel — essentiels aux batteries et à l'électronique — est un point névralgique géopolitique. La Chine contrôle 60 % de l'extraction mondiale et 80 % du raffinage (USGS, 2024), lui conférant un levier sur les industries technologiques et de défense occidentales. Les Etats-Unis, avec seulement 1 % de la production mondiale de lithium, s'efforcent de diversifier via des partenariats avec le Chili et le Canada.
La domination minière chinoise, du cobalt congolais au nickel indonésien, est renforcée par les investissements de la BRI. La tentative tardive de l'Occident de former des «alliances de minéraux critiques» peine face à la position établie de Pékin.
La course aux minéraux est existentielle. La production de véhicules électriques, prévue pour atteindre 40 % des ventes mondiales d'ici 2030 (AIE), dépend de ces ressources. Le contrôle chinois menace des goulets d'étranglement, comme la flambée des prix du cobalt en 2023 (+50 %, Bloomberg). Un effort d'ampleur, comparable au projet Manhattan, est nécessaire pour sécuriser des alternatives et réduire la dépendance occidentale.
Terres rares : le point de strangulation chinois
Le quasi-monopole chinois sur les terres rares — 80 % de l'approvisionnement mondial (USGS, 2024) — lui offre un levier sans pareil. Ces éléments, cruciaux pour les missiles, les véhicules électriques et les éoliennes, sont une arme géopolitique. En 2010, les restrictions d'exportation chinoises vers le Japon ont montré sa volonté de l'utiliser. Les Etats-Unis, dépendants à 74 % des importations chinoises, relancent des mines comme Mountain Pass et nouent des liens avec l'Australie.
Mais la domination chinoise sur le raffinage — 90 % de la capacité mondiale — reste un obstacle. Un embargo pourrait paralyser les industries occidentales.
Les terres rares sont un microcosme des tensions sino-américaines. Les restrictions chinoises de 2023, invoquant la «sécurité nationale», ont secoué les marchés, augmentant les prix de 30 % (Reuters). Le pivot occidental vers le recyclage et les matériaux alternatifs est prometteur, mais à des années de l'échelle nécessaire. La Chine conserve un avantage stratégique, exigeant une réponse coordonnée du G7.
Domination maritime : les ambitions navales chinoises
La quête chinoise pour contrôler les voies maritimes stratégiques — du détroit d'Ormuz à l'Arctique — signale son ambition hégémonique. Sa marine, la plus grande au monde par le nombre de navires (370, CSIS), patrouille des points stratégiques comme Bab el-Mandeb via sa base à Djibouti. Les investissements dans les ports du canal de Panama et de Hambantota au Sri Lanka renforcent son emprise maritime.
La marine américaine, avec 290 navires mais une technologie supérieure, répond par des opérations de liberté de navigation. Pourtant, la montée en puissance de la construction navale chinoise — 400 navires prévus d'ici 2030 — défie cet avantage.
Le contrôle maritime est synonyme de projection de puissance. Les ambitions chinoises dans l'Arctique, via la Route maritime du Nord russe, visent de nouvelles routes commerciales à mesure que la glace fond. En 2024, 20 % du commerce maritime mondial passait par des ports sous influence chinoise (UNCTAD). Les Etats-Unis doivent renforcer des alliances comme AUKUS pour contrer cet encerclement naval.
Taïwan et la mer de Chine méridionale : poudrières du conflit
La mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan sont les points les plus explosifs de la rivalité. Les îles artificielles militarisées de la Chine et sa revendication de 90 % de la mer s'opposent aux nations alliées des Etats-Unis, comme les Philippines et le Vietnam. Taïwan, que Pékin jure de reprendre, subit des incursions quasi quotidiennes ; 1 700 violations de sa zone de défense aérienne par l'APL ont été recensées en 2024 (ministère taïwanais de la Défense).
Un faux pas, comme un accrochage naval, pourrait déclencher une guerre. Les ventes d'armes américaines à Taïwan (8 milliards de dollars) et les exercices du QUAD visent à dissuader, mais l'arsenal croissant de la Chine élève les enjeux.
La mer de Chine méridionale canalise 3 400 milliards de dollars de commerce annuel (CSIS). Les actions chinoises menacent le commerce mondial et la stabilité régionale. Un conflit à Taïwan pourrait coûter 10 000 milliards de dollars à l'économie mondiale (Bloomberg), rendant la désescalade cruciale. La diplomatie préventive, via l'ASEAN, est essentielle pour éviter une catastrophe.
Modernisation militaire : l'ascension chinoise
L'essor militaire chinois — budget de 296 milliards de dollars en 2024, deuxième derrière les 877 milliards des Etats-Unis (SIPRI) — redessine l'équilibre mondial. Son arsenal comprend des chasseurs de sixième génération, des missiles hypersoniques et trois porte-avions. Les Etats-Unis conservent un avantage technologique, mais des alliances comme AUKUS et le QUAD cherchent à contrer la domination régionale chinoise.
L'objectif de Pékin : une armée « de classe mondiale » d'ici 2049. Sa présence dans le Pacifique défie déjà la suprématie américaine.
La stratégie chinoise dite « anti-accès/interdiction de zone » (A2/AD), avec des systèmes comme le missile DF-21D « tueur de porte-avions », menace les opérations navales américaines. Le pivot du Pentagone vers des bases indo-pacifiques en 2024 (DOD) souligne l'urgence du containment. Une course aux armements risque d'accélérer les tensions, nécessitant un dialogue stratégique.
Cyberespace et espace : les nouvelles frontières
Dans le cyberespace, l'armée de hackers chinois — estimée à 100 000 par le renseignement américain — cible les infrastructures occidentales, coûtant 600 milliards de dollars par an (CSIS). Dans l'espace, le système BeiDou rivalise avec le GPS, tandis que les armes anti-satellites chinoises menacent la domination américaine. La Space Force et les sanctions cybernétiques américaines tentent de suivre, mais l'agressivité chinoise est incessante.
Les cyberattaques, comme la brèche Microsoft de 2023 attribuée à la Chine, exposent des vulnérabilités critiques. L'espace, où 80 % des communications militaires américaines dépendent des satellites (DOD), est tout aussi stratégique. Une frappe orbitale chinoise pourrait aveugler les défenses occidentales, rendant la résilience impérative. Une coopération internationale sur la cybersécurité est essentielle.
Espionnage : une guerre de l'ombre
L'espionnage chinois, du vol industriel à l'infiltration politique, est inégalé par son ampleur. Le DOJ américain ouvre 700 dossiers annuels liés à l'espionnage chinois, ciblant des entreprises comme Lockheed Martin et des universités. La levée des protections de la propriété intellectuelle par la Chine en avril 2025 a légalisé le vol à grande échelle, une escalade audacieuse.
L'espionnage alimente l'ascension technologique chinoise. Le vol de plans d'informatique quantique au MIT en 2024 (FBI) illustre les enjeux. Les Etats-Unis doivent renforcer le contre-espionnage et les lois sur la propriété intellectuelle, tout en plaidant pour des normes mondiales via l'OMPI.
Propagande : façonner le récit mondial
Les campagnes médiatiques et sur les réseaux sociaux de la Chine — 7 milliards de dollars par an, selon Freedom House — promeuvent son modèle tout en dénigrant les démocraties occidentales. Les Etats-Unis ripostent avec leur soft power culturel, mais le récit chinois gagne du terrain dans le Sud global.
La désinformation chinoise, comme les campagnes anti-américaines sur l'origine du Covid en 2024, sème la méfiance. Les médias occidentaux, fragmentés, peinent à rivaliser. Une stratégie unifiée, via des plateformes comme la BBC ou RFI, est nécessaire pour contrer ce narratif.
Fonds souverains : le pouvoir discret de la Chine
Le fonds souverain chinois (CIC), doté de 1 400 milliards de dollars, investit dans la technologie, l'énergie et les ports, de la Silicon Valley à Pirée. Les Etats-Unis, sans équivalent direct, perdent du terrain dans cette guerre économique furtive.
L'acquisition par le CIC d'une participation de 10 % dans Infineon (puces, Allemagne) en 2024 illustre son portée. Les Etats-Unis doivent mobiliser le capital privé et renforcer les examens du CFIUS pour bloquer les prises de contrôle stratégiques.
Dette comme levier
Les 1 000 milliards de dollars de bons du Trésor américain détenus par la Chine sont une arme à double tranchant : une vente massive pourrait faire s'effondrer les marchés, mais leur détention confère un levier. En Afrique, les 150 milliards de dollars de prêts chinois créent des Etats vassaux, l'Angola devant 40 % de son PIB à Pékin.
La diplomatie de la dette est le cheval de Troie chinois. Le fonds DFC américain (60 milliards de dollars) peine à rivaliser. L'allégement de la dette et des prêts transparents, via le Club de Paris, sont cruciaux pour contrer l'emprise chinoise.
Manipulation du yuan : une arme commerciale
La dévaluation du yuan de 6 % en 2024 dope les exportations chinoises, mais attire les foudres américaines pour «dumping monétaire.» Bien que partiellement flottant, le yuan reste un point de friction.
Les guerres monétaires faussent le commerce. Les hausses tarifaires américaines de 2024 ciblent partiellement cette pratique, mais une pression multilatérale via le FMI serait plus efficace pour discipliner Pékin.
Subventions : un avantage déloyal
Les subventions chinoises, estimées à 1 000 milliards de dollars par an (Banque mondiale), aux entreprises d'Etat faussent la concurrence mondiale, pénalisant les industries occidentales. Les mesures antidumping américaines et européennes peinent face à ce défi structurel.
Les subventions alimentent la domination chinoise des véhicules électriques, BYD surpassant Tesla en 2024 (IHS Markit). Une réforme de l'OMC est indispensable pour rétablir un terrain de jeu équitable.
Vol industriel : pillage de l'innovation
Le vol de propriété intellectuelle par la Chine coûte 500 milliards de dollars par an aux Etats-Unis (FBI). La levée des restrictions sur la propriété intellectuelle en 2025 légitime ce pillage, ciblant l'aérospatiale et la biotechnologie.
Le vol accélère la parité technologique chinoise. Les Etats-Unis doivent renforcer la cybersécurité et plaider pour des normes mondiales d'IP via l'OMPI pour protéger l'innovation.
La diaspora : un pion géopolitique
La diaspora chinoise, forte de 60 millions de personnes, notamment en Occident, est soupçonnée d'être un atout pour le renseignement. Des cas médiatisés, comme l'arrestation d'un professeur de Stanford en 2024, alimentent les suspicions, bien que la méfiance générale risque d'aliéner des communautés loyales.
La stratégie chinoise du «Front uni» exerce des pressions sur les élites de la diaspora. Les Etats-Unis doivent équilibrer vigilance et inclusion pour éviter un excès maccarthyste, tout en renforçant la sensibilisation au contre-espionnage.
Un monde à la croisée des chemins
La rivalité sino-américaine est une lutte pour l'âme du XXIe siècle. Les scénarios possibles incluent une coexistence tendue avec un « dérisquage » économique, une escalade conflictuelle autour de Taïwan, ou un ordre mondial bifurqué avec des institutions chinoises comme la BAII. La résilience interne — le ralentissement économique chinois (4,5 % de croissance en 2024, FMI) face à la polarisation politique américaine — façonnera l'issue.
Ce n'est pas une simple lutte de pouvoir ; c'est une redéfinition de l'ordre mondial. La diplomatie, la clairvoyance stratégique et la clarté morale sont impératives pour éviter un conflit qui pourrait remodeler l'histoire dans le feu et la ruine.
Diplomate, ancien ambassadeur en Inde, au Bhoutan, aux Maldives, au Népal et au Sri Lanka (2012-2016)*


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.