À rebours de la tendance observée dans plusieurs Etats du monde islamique, le Maroc a notablement augmenté ses importations de blé en provenance de la Russie. Selon les dernières données publiées par le site économique RBK, les volumes marocains ont progressé de 213 000 à 310 000 tonnes pour la campagne en cours, soit une hausse d'environ 45 %, alors même que les exportations globales de céréales russes vers les pays musulmans se sont contractées de moitié. À ces volumes s'ajoute un chargement en cours de 30 000 tonnes dans le port polonais de Gdańsk, à destination du Maroc, selon des sources commerciales relayées par Euronext. Sur le marché européen, le contrat de septembre sur le blé meunier coté sur Euronext (BL2U5) a fléchi de 0,7 % vendredi après-midi, s'établissant à 204,50 euros la tonne métrique à 14 h 55 GMT. Après avoir touché un creux contractuel à 201,00 euros mardi dernier, les cours avaient brièvement remonté à 207,00 euros avant de céder face aux pressions persistantes : recul des prix à Chicago, attentes d'une récolte abondante dans l'hémisphère Nord et concurrence acérée des origines de la mer Noire. Un opérateur de marché résume sans détour : «Le marché semble réclamer un désastre agricole quelque part. Si les cultures demeurent en bon état, Euronext risque de glisser en dessous des 200 euros à l'approche de la moisson.» Le grain polonais séduit les acheteurs maghrébins et subsahariens En Pologne, les exportateurs peinent à sécuriser des volumes significatifs auprès d'agriculteurs réticents à céder leurs stocks, en raison de la sécheresse dans le nord du pays et des craintes liées aux gelées tardives sur le maïs de printemps. Le blé à 12,5 % de protéines s'échange désormais autour de 930 zlotys la tonne (soit environ 218 euros) pour des livraisons portuaires en mai et juin, en hausse de dix zlotys en une semaine. En toile de fond, les résultats attendus d'un appel d'offres saoudien suscitent l'attention du négoce, après que l'Algérie a vu des offres agressives de blé russe dans un récent appel d'offres. Selon un négociant allemand, «les vendeurs russes sont devenus particulièrement actifs, et l'on s'attend à ce que les exportations de blé russe pour le mois de mai atteignent environ deux millions de tonnes». Parallèlement, le blé américain à bas prix exerce également une pression sur les marchés d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En France, les notations hebdomadaires de FranceAgriMer indiquent une légère dégradation de la qualité du blé tendre, tout en restant nettement supérieures à celles de l'an passé, affectées par des pluies excessives.