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Londres se montre protectionniste envers le projet de Xlinks destiné à alimenter le Royaume-Uni en énergie verte, prélude à une probable délocalisation du projet ?
Le gouvernement britannique a décidé, dans un décision interprétée comme relevant d'un réflexe protectionniste, de ne pas engager une suite aux discussions avancées menées avec la société Xlinks, porteuse d'un ambitieux projet d'approvisionnement électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni, d'un coût estimé à 25 milliards de livres sterling. L'annonce, attendue dans une déclaration ministérielle imminente, marque un revirement inattendu dans un dossier stratégique que de nombreux responsables du secteur considéraient comme prometteur. Fin mars, Dave Lewis, président de Xlinks et ancien dirigeant du groupe Tesco, a mis en garde, dans un entretien accordé au Telegraph, contre la lenteur des décisions ministérielles qui pourrait pousser les investisseurs à délocaliser cette entreprise d'envergure. À l'heure où la transition énergétique est un enjeu crucial, il souligne que les capitaux nécessaires sont disponibles, mais que «l'attentisme gouvernemental pourrait compromettre définitivement cette perspective.» Un câble sous-marin de 4 000 kilomètres suspendu aux choix de Westminster Xlinks, entreprise à capitaux privés présidée par l'ancien directeur général de Tesco, Sir Dave Lewis, envisageait de construire un câble haute tension d'environ 4 000 kilomètres reliant les côtes marocaines à celles du Devon. Le projet visait à acheminer vers le Royaume-Uni une énergie solaire et éolienne susceptible de couvrir jusqu'à 8 % de sa consommation électrique. La société cherchait à conclure un contrat de différence d'une durée de vingt-cinq ans avec le Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), garantissant un tarif d'achat stable. Un prix de l'électricité inférieur à celui du nucléaire Xlinks assurait pouvoir fournir cette électricité à un coût situé entre 70 et 80 livres par mégawattheure, soit sensiblement moins que celui de l'électricité produite par les futures centrales nucléaires britanniques, notamment Sizewell C, pour laquelle plus de 14 milliards de livres de fonds publics ont récemment été mobilisés. L'entreprise, qui ne sollicitait aucune subvention directe de l'Etat britannique, avançait également des garanties technologiques, logistiques et géopolitiques robustes. Le Maroc, partenaire énergétique stable et stratégique S'exprimant en 2022, Sir Dave Lewis avait souligné le caractère favorable du partenariat avec le Maroc, saluant une relation bilatérale séculaire et la volonté affirmée du royaume chérifien de faire des exportations d'énergies renouvelables un pilier de sa politique économique. «Le désert du Sahara offre un ensoleillement d'exception ; couplé à un stockage intelligent, cela permet de générer de l'énergie plus de vingt heures par jour», avait-il déclaré. Il ajoutait que les pertes en ligne associées au transport de cette énergie étaient devenues «quasi négligeables» grâce aux avancées des technologies de câblage à haute tension. Un choix dicté par la priorité donnée à la production nationale Selon une source proche de Whitehall, la décision de Ed Miliband, secrétaire d'Etat à la sécurité énergétique et à la neutralité carbone, refléterait une inflexion stratégique vers un approvisionnement plus centré sur le territoire britannique. Cette orientation, que plusieurs acteurs industriels contestent, survient alors que le gouvernement met en avant la baisse des coûts de l'énergie comme un levier de sa politique industrielle. Pour Xlinks, qui compte parmi ses investisseurs le groupe français Total et a déjà levé près de 100 millions de livres, cette décision pourrait désormais ouvrir la voie à d'autres perspectives commerciales, hors du Royaume-Uni.