L'un gouverné par des généraux, l'autre par des théocrates : l'Algérie militaire et l'Iran des mollahs offrent chacun, selon le site Sahel Intelligence, «un modèle d'Etat paranoïaque, où la justice devient une massue, les intellectuels des criminels, et la tyrannie un simulacre de patriotisme». Loin d'être des gouvernements au sens classique, ces régimes seraient désormais, écrit la même source, «des geôliers de prisons à ciel ouvert». À Téhéran, deux ressortissants français, Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022, sont accusés de vouloir renverser la République islamique au profit du Mossad. Les chefs d'accusation, selon les termes du rapport, relèvent de «l'espionnage, de la conspiration et de la corruption, un registre hérité de l'Inquisition, et passible de mort». Pour Sahel Intelligence, la diplomatie iranienne repose sur «le chantage, la peur et le mensonge», tandis que «l'Etat iranien emprisonne, torture, exécute, puis se proclame victime de l'Occident». De son côté, l'Algérie ne dérogerait pas à la même logique répressive. «Même paranoïa, même répression, même mépris de la liberté», écrit le site. Le journaliste français Christophe Gleizes, arrêté à Tizi Ouzou, aurait été condamné à sept années d'incarcération pour «apologie du terrorisme», à la suite d'un simple entretien avec un dirigeant de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), lié au MAK, mouvement kabyle qualifié de «terroriste» par les autorités. Mais c'est sans doute le cas de Boualem Sansal qui suscite le plus de consternation. Ecrivain algérien mondialement salué, âgé de quatre-vingts ans et atteint d'un cancer, il a été condamné à cinq années de prison pour avoir formulé une vérité historique sur les frontières marocaines. «Dire la vérité revient à porter atteinte à l'unité nationale», ont tranché les autorités, citées par Sahel Intelligence. Les deux régimes, bien que dissemblables par leur façade — «l'un islamiste, l'autre militaire ; l'un théocratie médiévale, l'autre république vidée de sa substance» — seraient, selon l'article, «jumeaux dans la pratique». Bâtis sur «la terreur d'Etat, l'emprise totale, et l'élimination de la pensée libre», ces pouvoirs ne se contenteraient pas de censurer, ils fabriqueraient des ennemis : «des journalistes transformés en terroristes, des écrivains en traîtres, des étrangers en espions». L'ennemi n'est jamais réel, poursuit le texte, il est «utile». Il sert à justifier la répression, à flatter le nationalisme et à détourner l'attention des véritables calamités : «la corruption, le chômage, la dictature et l'exil des jeunes». Enfin, selon les informations rapportées, Tarek Bouslama, ancien directeur général du groupe IMETAL, serait mort à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger, après un transfert en urgence depuis la prison de Koléa, où il était détenu depuis mars 2023 «sans jamais avoir été jugé». La dépêche conclut par une interrogation glaçante : «Qui sera le prochain ?»