Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a recommandé, dans un avis transmis à la Chambre des représentants, une refonte équilibrée du projet de loi relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP), afin d'en affermir la structure juridique et d'en faire un organe pleinement apte à préserver la liberté, la responsabilité et la dignité de la profession journalistique au Maroc. Saisi par le président de la Chambre des représentants, le CESE estime que le texte doit doter le CNP de moyens et d'outils lui permettant d'agir comme un mécanisme national de concertation entre journalistes, éditeurs et société civile. Selon l'avis du Conseil, le projet de loi devrait «permettre au CNP de disposer des moyens et outils de travail qui en font un mécanisme national et sociétal favorisant des consensus constructifs entre les professionnels et les diverses composantes de la société marocaine». L'institution consultative préconise, à cette fin, une élaboration conjointe du texte législatif, garantissant un équilibre entre les intérêts des différentes catégories représentées et la sauvegarde des droits du public. Elle suggère également de revoir l'intitulé du projet afin qu'il reflète son caractère fondateur, et d'y inclure explicitement les notions de «journaliste professionnel» et de «syndicat des journalistes» dans la section des définitions, pour en affermir la lisibilité et la cohérence juridique. Représentation équilibrée et ouverture à de nouveaux profils Le CESE propose d'ajouter à la composition du CNP une quatrième catégorie, désignée «catégorie des sages», qui comprendrait deux éditeurs et deux journalistes, choisis selon des critères objectifs de compétence et d'expérience. Concernant la désignation des membres du Conseil, il recommande l'adoption du scrutin de liste à la représentation proportionnelle selon la règle du plus grand reste, aussi bien pour les journalistes que pour les éditeurs, afin de garantir une représentation fidèle du pluralisme du corps professionnel. Pour ces derniers, le Conseil souligne la nécessité d'établir des conditions de candidature fondées sur des critères globaux, indépendants de la taille économique des entreprises, et veillant à la représentation effective des petits éditeurs. Parité et médiation au cœur du dispositif Le CESE appelle en outre à une présence accrue des femmes dans toutes les instances du CNP, en invitant le législateur à introduire des mécanismes assurant la parité conformément à la Constitution et aux engagements internationaux du Maroc. Enfin, le Conseil recommande d'étendre les mécanismes de médiation et d'arbitrage pour résoudre les différends internes à la profession, limitant ainsi le recours aux sanctions disciplinaires. Il souligne, à cet égard, l'importance de définir avec précision la notion de faute professionnelle, afin d'éviter toute interprétation arbitraire. Par cet avis, le CESE cherche à replacer le Conseil national de la presse au cœur d'un dispositif équilibré où la liberté d'expression, la responsabilité professionnelle et le dialogue social se répondent en un ensemble cohérent, garant de la crédibilité du journalisme marocain.