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L'extension persistante du scorpionisme menace la stabilité sanitaire des provinces centrales du Maroc et révèle la vulnérabilité extrême de certaines régions
Une étude prospective conduite ans les provinces de Béni Mellal, Fqih Ben Salah et Khouribga, révèle avec une précision inquiétante l'enracinement du scorpionisme dans cette portion du centre marocain et met en évidence une vulnérabilité exceptionnelle dans la province de Fqih Ben Salah, où la létalité atteint un niveau disproportionné au regard de la densité démographique. Les auteurs rappellent, en citant de nombreuses publications de référence, que «la scorpionisation représente un péril sanitaire majeur dans de vastes régions d'Afrique du Nord, d'Afrique australe, d'Asie méridionale et d'Amérique latine, totalisant plus d'un million de cas annuels et plusieurs milliers de décès», et insistent sur le fait que «les enfants demeurent les premières victimes en raison de leur moindre résistance physiologique». Ils soulignent également que, sur le territoire marocain, «ce fléau constitue la première cause d'intoxication selon le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM)», les régions du centre et du sud étant les plus exposées. Cette étude, menée selon des protocoles stricts et adossée à des collectes systématiques sur le terrain, s'affirme désormais comme une référence incontournable pour comprendre les ressorts épidémiologiques, faunistiques et sociaux d'un phénomène qui, dans la région centrale, s'est affirmé comme une menace constante pour la santé publique. Analyse faunistique détaillée et cartographie environnementale de la dangerosité Les opérations de terrain ont mobilisé de nombreuses équipes, parcourant quatre-vingt-onze localités et recueillant deux cent soixante et un spécimens destinés à une identification rigoureuse. Ce travail patient a permis de déterminer la présence de quatre espèces appartenant aux familles Buthidae et Scorpionidae : Androctonus mauritanicus, Buthus paris, Buthus malhommei et Scorpio weidholzi. Les chercheurs rappellent que «la faune scorpionique marocaine compte soixante-douze espèces et sous-espèces, dont les trois quarts sont strictement inféodées au territoire national», ce qui atteste d'un endémisme remarquable. Ils précisent que «plusieurs de ces espèces, notamment celles de la famille Buthidae, possèdent un venin à l'origine d'atteintes gravissimes susceptibles d'aboutir à une issue fatale», corroborant l'importance de mieux circonscrire les zones les plus exposées. La région Béni Mellal-Khénifra apparaît, à l'échelle nationale, comme un ensemble biogéographique particulièrement riche en espèces venimeuses. Les auteurs notent que «la concentration d'espèces dangereuses dans ce secteur explique en partie les taux d'incidence et de létalité observés». Ils rappellent que les zones rurales, caractérisées par une architecture traditionnelle, des habitats crevassés et une proximité constante avec les milieux naturels, constituent le théâtre de la majorité des rencontres avec ces arthropodes. L'élaboration de cartes détaillées à l'aide d'outils de géolocalisation spécialisés a permis de mettre en évidence une mosaïque de micro-habitats où certaines espèces, notamment A. mauritanicus et B. paris, dominent nettement. Evaluation épidémiologique approfondie, distribution clinique des tableaux sévères et comportements à risque Les données recueillies révèlent un total de 2 206 piqûres enregistrées sur trois ans, dont quarante et un décès confirmés. Les auteurs soulignent que «la province de Fqih Ben Salah concentre près de la moitié des décès recensés», situation qu'ils attribuent à la fois à «son caractère largement rural» et «à la diversité de sa faune scorpionique, particulièrement riche en espèces dangereuses». Ils précisent que les adultes représentent environ les deux tiers des personnes piquées, mais que «les enfants demeurent les plus exposés à une issue dramatique, leur taux de létalité atteignant 76 %». Cette vulnérabilité accrue est corroborée par une corrélation étroite entre l'âge et la gravité clinique : «le nombre d'enfants piqués s'accompagne d'une augmentation notable des tableaux classés en catégorie III», caractérisés par des atteintes systémiques sévères. Les lieux de survenue confirment l'ancrage quotidien du phénomène : «Plus de la moitié des piqûres sont recensées à l'intérieur même des habitations» tandis qu'un autre pan substantiel se produit «dans le voisinage immédiat des demeures». Les segments corporels les plus touchés demeurent «les membres supérieurs et inférieurs, qui totalisent l'immense majorité des piqûres», ce qui s'explique par les gestes du quotidien et la marche pieds nus dans certaines zones rurales. Les chercheurs notent en outre que «l'usage de remèdes traditionnels demeure d'une fréquence notable dans les campagnes», un comportement susceptible de retarder les soins urgents que requiert toute envenimation sévère. Les auteurs rappellent que la scorpionisation provoque «de profondes perturbations physiologiques et métaboliques pouvant conduire à la mort», comme l'ont montré de multiples travaux cités. Ils précisent que l'ensemble des analyses a été conduit avec «un seuil de significativité fixé à p 0,05», et que toutes les étapes de la collecte ont respecté les principes éthiques validés par un comité local, lequel avait auparavant délivré «une autorisation de collecte datée du 26 mai 2020». Au terme de cette enquête, les chercheurs estiment que «le scorpionisme constitue un sujet majeur de santé publique dans les trois provinces étudiées» et que les données réunies offrent «un socle indispensable pour comprendre et maîtriser ce fléau dans la région centrale». Ils soulignent que la province de Fqih Ben Salah doit être considérée comme «un espace à risque élevé» et que des campagnes de sensibilisation demeurent indispensables, tout particulièrement dans les zones rurales où les réflexes thérapeutiques tardifs aggravent les conséquences d'un venin dont la puissance biologique figure parmi les plus redoutables du règne animal.