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Avec des «si»
Publié dans Challenge le 14 - 07 - 2019


Chronique de procès… préfabriqués
L'attente était tellement énorme que la déception – puisque déception il y eut – ne pouvait qu'accoucher de l'énième mur des lamentations sur lequel toutes les rancœurs, toutes les méchancetés et donc toutes les bêtises sont venues s'épancher, depuis qu'une boule de cuir est partie s'écraser sur un montant au lieu de pénétrer dans les filets adverses.
Que le maestro Ziyach ait été l'auteur du tir raté n'a rien fait pour apaiser les colères. Bien au contraire.
Certains ont trouvé en le malheureux Ziyach, le symbole idéal pour s'exprimer. Mais en fin de compte, pour exprimer quoi ? Leur colère, leur déception, leur frustration ? Oui, il y a un peu de tout cela à la fois, mais ce qui s'exprime réellement, dans ces défaites de l'équipe nationale de football, et de manière générale dans tout le sport – puisque Aouita et Guerrouj ont, en leur temps, connu d'horribles ingratitudes – c'est d'abord la libération de tous les mauvais instincts dont peut être capable une foule déchainée. Or, quand une foule, sûre d'un droit que personne ne lui a octroyé, mais qu'elle s'arroge parce que, justement, sa masse lui confère une certaine impunité, alors là la foule peut se livrer à son exercice favori, et qui est le lynchage.
Ainsi donc, depuis deux semaines, depuis exactement le moment où un pénalty qui aurait dû être salvateur a terminé sur un poteau, le public marocain est en train de lyncher son football, ses joueurs, ses responsables techniques, administratifs en attendant d'en arriver… aux politiques.
Cela ne saurait tarder, si ce n'est déjà fait depuis que l'on écrit ces lignes, puisque notre Chambre des députés, va certainement mettre son grain de sel dans l'hystérie collective.
Eh oui, parce qu'il s'agit purement et simplement d'hystérie.
Le mot paraitra excessif, mais voyons ce que nous en disent les dictionnaires.
« Le public marocain est en train de lyncher son football, ses joueurs, ses responsables techniques, administratifs en attendant d'en arriver… aux politiques »
Oublions l'explication des psychiatres relative à ce vocable qui souligne que l'hystérie est «une névrose caractérisée par des troubles passagers de l'intelligence, de la sensibilité, et du mouvement» et attardons-nous sur cette autre définition donnée dans le Lexis, ouvrage publié en 1975 et dont Larousse a voulu faire la quintessence de tous ses dictionnaires sur la langue française. L'une des définitions du mot hystérie est celle-ci : «Excitation poussée jusqu'au délire ».
C'est exactement ce à quoi on assiste depuis le pénalty raté : «une excitation délirante ». Il n'y a donc, dans tout ce qui s'est dit, ou fait, rien de rationnel. Et comment diable, pourrait-il en être autrement ? Comment expliquer ce mouvement «spontané» de rejet collectif déclenché par un pénalty raté ? Dans quel autre domaine que le domaine sportif, et particulièrement en football, une action ratée ou réussie peut-elle transformer du tout au tout le raisonnement ? Cela a été dit, dimanche dernier sur MFM dans l'émission «Décryptage» où l'on s'est demandé, entre autres questions, comment les mêmes personnes pouvaient transformer en âne, chat ou singe, celui qui, la seconde d'avant, ils qualifiaient de «Lion » ? C'est le foot qui est passé par là, le foot et ses illusions, le foot et ses fantasmes, le foot et ses excès, ce sport de tous les délires et de toutes les émotions même les plus exacerbées. En outre, le foot excuse tout, les débordements et même les drames.
Ziyach en allant tirer le pénalty était-il conscient qu'il pouvait déclencher un séisme de magnitude dix dans la société marocaine ?
Non, bien sûr, en joueur professionnel reconnu et confirmé, Hakim a pris ses responsabilités, en tant qu'homme d'abord et en tant que footballeur émérite, ensuite, il est parti tirer un pénalty qui fut un chef d'œuvre de concentration et de réflexion. Ziyach a compris que le portier du Bénin était très fort ; ses arrêts lors du match l'avaient prouvé, alors Hakim de l'Ajax, avec son pied gauche magique, a choisi de tirer à ras de terre, sur le côté gauche du gardien de but. Un tir imparable pour n'importe quel individu. Et d'ailleurs le gardien adverse ne l'a pas vu partir, ni venir, il a juste entendu le son venant du choc du cuir sur le poteau latéral. Oui, vous le savez, c'est le poteau qui a arrêté ce qui aurait pu être le plus beau pénalty de la CAN 2019. Le pénalty qui nous aurait mis en quart de finale, une qualification qui aurait provoqué, chez nous, une autre espèce de délire hystérique. Un délire, disons-le très vite, aussi coupable que le délire auquel nous assistons désormais.
Il ne faut pas trop glorifier les victoires pour ne pas connaître les défaites consternantes.
Les cas Lekjaa…Renard… Ziyach
Aune foule en délire, il faut un bouc émissaire. Dans le foot marocain, des victimes expiatoires sont toutes désignées : président fédéral, coach national, ministère de tutelle etc., etc.
Mais les foules jettent aussi sur les bûchers, les joueurs « coupables» d'avoir raté.
On se rappelle de ce footballeur camerounais qui, dans un match qualificatif pour la Coupe du Monde, a raté un pénalty et dont la maison familiale ainsi que le salon de coiffure de sa fiancé ont été dévastés. C'est la foule, dit-on, la foule capable de tout, la foule qui est versatile – bien sûr, et aussi lâche bien à l'abri derrière l'anonymat.
Cependant, aujourd'hui, à l'ère du tout – info, où tout est regardé, filmé, enregistré, on assiste à un autre délire, celui des «m'as-tu-vu» qui, dès qu'ils ont une caméra sous le nez, se permettent tout et même l'inexcusable. C'est que dans le flot d'images, se construit aussi une sorte d'anonymat virtuel.
Dans le tas, on ne sait plus qui a dit quoi, et d'ailleurs les propos sont vite oubliés, même s'ils font, comme on dit, le «buzz». Rien ne surnage dans cet océan apocalyptique qu'est devenue l'information. La tempête emporte tout sur son passage, et là il ne s'agit pas de constructions mais de consciences, puisque ces « infos » sont supposées nourrir notre intelligence et notre culture.
Alors, on a vécu après le match contre le Bénin, ce raz-de-marée où tout est emporté avec un mépris profond de toute logique.
Car est logique notre élimination par le Bénin, et ceux qui depuis deux ans ont suivi le parcours des « Ecureuils » le savent. Il suffit pour cela de revenir sur leurs résultats en éliminatoires où dans un groupe où se trouvaient l'Algérie (eh oui !) et le Togo de Claude Leroy, ils se sont permis de finir premier, avec une victoire à la clé contre l'Algérie et un Togo proprement éliminé.
Que le Bénin soit en quart de finale de CAN n'est donc pas un exploit, mais la continuité d'un parcours triomphal.
Personne au Maroc ne l'a dit, rappelé où même s'en est méfié. Personne, sauf Hervé Renard qui, lui, était bien placé pour savoir que le Bénin n'était pas aussi inoffensif que cela : la mésaventure de Claude Leroy, son mentor, victime de ce même Bénin, avait dû l'alarmer.
Mais allez expliquer cela à un public sûr de la force de ses Lions de l'Atlas.
Et là, on tombe sur un autre excès, l'excès de confiance. Excès dont s'est rendu coupable le président Lekjaa qui a claironné que la CAN 2019 devrait être marocaine pour la simple raison que cela faisait 43 ans que le pays l'attendait.
Cette déclaration certes ambitieuse est aussi prétentieuse, car ne reposant sur aucune logique sportive, mais elle a été reprise par l'ensemble du public et par une grande partie des médias qui ont surestimé les pouvoirs de l'équipe nationale.
Et gare à celui qui prétendait le contraire, il passait automatiquement pour un non-patriote.
Renard s'est présenté, en homme à sacrifier « Vous pouvez me tirer dessus » a-t-il dit juste après le match du Bénin, mais Lekjaa sonné, meurtri dans son rêve de conquête du Graal, met du temps à réagir. C'est une bonne chose, d'ailleurs, un chef doit garder le cap et ne pas succomber au délire collectif. Ce sera difficile car nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, veulent faire le bilan de toute une action et non seulement s'en tenir au résultat sec et cruel.
Quant à Ziyach, le garçon a non seulement du talent, mais aussi un certain culot et un sens réel de la justice et de la vérité.
Il a mouché le ministre de tutelle qui en a trop fait en voulant le défendre dans l'enceinte parlementaire.
Ziyach a tweeté que lorsqu'on voulait dire la vérité, il faut « d'abord rester dans le vrai et la réalité des choses ».
C'est ce souhait qu'on formulera, à notre tour, en espérant que tous ceux qui, aujourd'hui accusent et condamnent, s'appliquent cette leçon de retenue.
Vive les femmes !
On s'est régalé avec la Coupe du Monde féminine, que les USA ont remportée pour la 4ème fois. Une compétition fraîche, joyeuse car débarrassée, pour l'instant, de tous les délires qui empoisonnent le foot « pro » chez les hommes.
Oh oui, il y a eu là aussi des pénaltys contestés et des décisions de la « V.A.R » bizarroïdes. Mais fichtre, tout le monde au final, s'en est battu l'œil, la joie et le bonheur de vivre étaient au rendez-vous sur les stades de la « World Cup » et au diable les problèmes bidons.
Bravo mesdames et mesdemoiselles en espérant que cet état d'esprit durera le plus longtemps possible. Pour le bien du foot, en attendant que les messieurs en prennent de la graine.
Ah! si j'avais été une femme …
Le sexe dit faible, ou longtemps considéré comme tel, sait désormais se défendre.
La vie lui a appris à ne plus se laisser marcher sur les pieds.
C'est ce qu'a expérimenté un journaliste qui, sur antenne, s'est permis des commentaires suspects envers une auditrice.
Levée de boucliers générale, et les excuses du maladroit n'ont pas calmé les colères. La chaîne et la HACA l'ont suspendu pour quelques temps.
Sanction bien méritée et que le président du Raja, monsieur Jawad Zyat, maltraité sur l'antenne de ce même journaliste a dû apprécier à sa juste valeur, lui qui à l'époque n'a trouvé que peu de soutien face aux excès médiatiques d'un récidiviste qui se complaisait dans les outrances.
Le populisme, c'est comme tout, il faut en user avec modération.
Un jour, il se retournera contre vous, comme l'histoire du gars qui aimait cracher vers le ciel, sans comprendre que ces crachats pouvaient lui retomber dessus.
Solutions en guise de conclusion
Alors on va résumer tout ce qui s'est dit autour de la CAN 2019 et de l'élimination du Maroc.
Il y a ceux qui regrettent que d'autres joueurs n'aient pas été appelés, il y a ceux qui trouvent que Lekjaa parle trop et dépense trop d'argent et puis il y a ceux qui pensent que Renard est trop payé et que cet argent irait mieux à un coach marocain. Bref, rien de nouveau sous le soleil ; on retrouve les mêmes poncifs que ceux qu'on ressort à chaque défaite.
Il n'y a que les noms qui changent, tout le reste c'est du déjà dit, déjà fait, déjà essayé. Sauf que pour Renard, qui est un coach qui n'a jamais rien promis, et qui a été toujours mesuré, il faudrait au moins lui reconnaitre cette justice.
Quant à Lekjaa, comment lui en vouloir d'avoir été ambitieux ? Promis la prochaine fois, il fera gaffe.
Dans deux mois on sera dans l'attente de nouveaux rendez-vous.
On aura besoin des forces et de l'expérience de tous.
Et puis, tenez, pour finir cette phrase qui résume tout : « Après coup, une fois que les erreurs ont été commises, pour certains donneurs de conseils, tout devient limpide et clair et c'est à ce moment qu'ils vous accablent de « il suffisait de …», il « fallait faire comme ça …», etc etc …
Mais que ne l'ont-ils pas dit avant?
Oui, où étaient-ils et surtout qu'auraient-ils fait à la place de ceux qu'ils accusent aujourd'hui?


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