Alors que la transition vers la mobilité électrique s'accélère, une récente étude internationale vient quelque peu bousculer certaines certitudes. Réalisée par Cox Automotive, entreprise américaine spécialisée dans les technologies et services liés à l'industrie automobile, cette analyse qui s'appuie sur des données du marché européen, et plus spécifiquement du Royaume-Uni, révèle un écart préoccupant dans la valeur résiduelle des véhicules électrifiés sur le marché de l'occasion. En effet, les véhicules électriques (VE) se déprécient nettement plus vite que leurs homologues hybrides. Selon les chiffres de Cox Automotive, en juillet 2025, les modèles électriques de moins de deux ans ne conservaient en moyenne que 49 % de leur prix neuf, contre 68 % pour les hybrides. Ce fossé de près de 20 points marque une rupture nette avec la situation observée en novembre 2022, où les deux types de motorisation affichaient des valeurs résiduelles quasi identiques, autour de 90 %. Lire aussi | IAA Mobility 2025 : l'avenir de la mobilité s'écrit à Munich A en croire Cox Automotive, cette évolution rapide soulève des interrogations sur la perception des véhicules électriques par les consommateurs. Si leur adoption est encouragée dans certains pays du globe par les politiques publiques, leur valeur sur le marché secondaire semble fragilisée par des facteurs structurels. Parmi les explications avancées, Philip Nothard, directeur Insight chez Cox Automotive Europe, souligne les avantages perçus des hybrides : «les véhicules hybrides offrent une solution alternative et rentable pour les acheteurs soucieux de durabilité, mais encore hésitants face aux contraintes d'autonomie ou d'infrastructure des VE». Lire aussi | Mercedes Classe A: elle joue les prolongations Un positionnement intermédiaire qui séduit de plus en plus d'acheteurs. Et pour cause ; les hybrides bénéficient d'un coût d'entrée plus accessible, d'une flexibilité d'usage et d'un coût de possession avantageux ; autant d'atouts qui renforcent leur attractivité sur le marché de l'occasion. D'ailleurs, cette dynamique se reflète dans les chiffres : 29 % des conducteurs en Europe envisagent un hybride pour leur prochain achat. Il faut dire que depuis le début de l'année, les immatriculations d'hybrides rechargeables ont bondi de 31,5 %, tandis que les hybrides classiques progressent de 6,5 %. Une tendance qui confirme leur rôle central dans la phase actuelle de transition énergétique, indique l'étude. Lire aussi | Fin des moteurs thermiques : le patron de Mercedes monte au créneau Par ailleurs, l'étude de Cox Automotive met en lumière un paradoxe : si les véhicules électriques sont censés incarner l'avenir de la mobilité, ils peinent à convaincre sur le marché de l'occasion. À l'inverse, les hybrides, longtemps considérés comme une solution transitoire, s'imposent comme une valeur refuge. Toujours est-il que ce constat interpelle les acteurs de la filière automobile, car pour garantir une transition énergétique viable, il devient essentiel de renforcer la confiance des consommateurs, d'adapter les politiques fiscales et de soutenir les infrastructures de recharge, dixit l'étude. Sans cela, le fossé entre ambition écologique et réalité économique risque de se creuser davantage. Quid du Maroc dans cet échiquier ? Si la transition vers l'électrique est en marche, elle reste en tout cas fragile. Certes, les ventes de VE ont fortement augmenté, bien que leur part de marché demeure faible. En revanche, les hybrides, plus accessibles et mieux adaptés aux réalités locales, pourraient jouer un rôle clé dans cette évolution.