Les résultats de recensement général au Maroc nont pas eu un effet de surprises. La vaste opération administrative menée par le département de Lahlimi a plutôt tendu vers une évolution de la population marocaine certes lente mais irréversible. Les résultats du recensement général de la population au Maroc nont pas réussi à fausser le phénomène de « la concentration des populations ». Le tiers de la population marocaine est concentré dans trois régions : le Grand Casablanca, Marrakech-Tensift Al Haouz et Souss Massa Drâa. La capitale économique totalise plus de 2.950.000 millions dhabitants, soit environ 10% de la population générale au Maroc. Dautres villes, ayant atteint les sept chiffres, ont été recensées par le Haut Commissariat au Plan. Il sagit de trois « agglomérations » : El Jadida, Kénitra et Marrakech. Avec la vocation touristique de cette dernière, laccroissement de la population au sein de la ville rouge est pourtant un mauvais indicateur. Cette répartition provinciale de lhabitat révèle dun autre côté que les populations dautres villes ont chuté. Il sagit des provinces de Jerada et celle de Tiznit. La baisse notable des activités minières et agricoles, due respectivement à la fermeture de la mine de Jerada et un fort exode rural, a influé sur le nombre des habitants de ces deux zones. Concernant les provinces sahariennes, cest le contraire qui sest passé. Les importants projets dinfrastructures et commerciaux ont facilité laccroissement urbain. Ainsi, à Boujdour, la population a augmenté de 7,8% en dix ans. À Oued Eddahab, le taux a été de 8,7%. La plus grande croissance des habitants a été également enregistrée dans cette région où la ville dAousserd a vu sa population augmenter de 23,4%, atteignant ainsi 20.513 habitants. Une urbanisation en hausse La répartition selon le milieu de résidences a révélé quant à elle une urbanisation plus poussée que celle enregistrée en 1994. Une augmentation de 3,7% a ramené le taux durbanisation à 55,1%. Le nombre des citadins au Maroc se situe ainsi à 16.463.634 personnes contre 13.428.074 vivant dans le monde rural. Les critères de cette typologie doivent pourtant être nuancés. Les seuls indicateurs relatifs au découpage administratif ne peuvent, à eux seuls, donner la crédibilité nécessaire à ce genre de constat. Ceci est dautant plus vrai que labsence dinfrastructures de base au cur même de certains tissus urbains est assez fréquente. Le taux daccroissement démographique annuel a, lui aussi, constitué une source de « satisfaction ». Depuis le recensement de 1994 jusquà celui de 2004, le Maroc a enregistré 3.817.984 nouveaux habitants, soit un taux de croissance de 14,6%. Dans le monde urbain, le taux daccroissement a baissé de 1,5%, alors que dans le monde rural la baisse na atteint que 0,6%. Cest-à-dire quun revirement important dans les mentalités et en train de sinstaller chez nous. Toutefois, cette baisse nest pas due à une conscience collective relative à la limitation des naissances. Ce sont plutôt les exigences économiques qui poussent les Marocains à ne plus se procréer comme auparavant. Le recul de lâge de mariage est aussi un indicateur majeur dans ce registre. Ce qui est sûr cest que pour y voir clair, il va falloir attendre le diagnostic global, concernant les comportements démographiques, prévu pour la saison estivale de 2005. Quand le sou régit tout Le niveau de vie varie selon les régions marocaines. À ce titre, il est significatif de relever que les provinces du Sud, ayant bénéficié dun concours étatique important sur le plan des investissements, ont vu leur démographie augmenter. Le critère du revenu ne doit, donc, pas être négligé lors de la lecture des chiffres publiés par le département de Lahlimi. La région de Taza-Al Hoceïma, dont le dernier drame sismique a révélé un important déficit en termes dinfrastructures, sadjuge le plus faible taux daccroissement, avec seulement 0,5%. Cest une preuve supplémentaire que laccroissement démographique est un indicateur sérieux de la croissance. Le monde rural, qui représente aujourdhui 44,9% de la population, diminue certes, mais au prix dun appauvrissement progressif des agriculteurs, contraints daller sous dautres cieux pour promouvoir dautres types dactivité. En outre, dans la mesure où lagriculture demeure un pilier de notre économie, une urbanisation de plus en plus accélérée serait synonyme, dans ce registre, dune concentration des terres aux mains dune minorité de propriétaires terriens. Cest dire que laccroissement urbain ne doit jamais être perçu comme une fin en soi. À léchelle régionale, il demeure un fait qui révèle la forte inégalité de répartition de la population. Les régions les plus peuplées sont celles qui sont les plus petites. Ceci est valable aussi pour la région du Grand Casablanca. Malgré les problèmes liés à laugmentation du niveau de vie dans cette région, elle constitue pourtant une attraction pour tous les citoyens marocains au vu des chances de travail et dinvestissement quelle présente. En définitive, la leçon à retenir revient au fait quil faut doter les autres régions de nouveaux atouts afin de pouvoir décongestionner le centre marocain.