Les barrages des deux bassins versants de la région du Souss-Massa-Draa disposent de 1,3 milliard de m3, soit à peine 6,5% de la capacité totale du pays, alors que les potentialités sont estimées à plus de 3 milliards de m3. La plupart des grands barrages de la région ont été édifiés il y a plus de 30 ans, et sont déjà impactés par le phénomène de l'envasement. Contrairement au Gharb qui a bénéficié d'un programme d'urgence de construction de nouveaux barrages en 2010, la région du Sud a été marginalisée. Les derrières inondations qui ont impacté les régions du Sud sont dues à des pluies diluviennes que la région n'a pas connues depuis plus de 40 ans. Mais pour la société civile, l'état défectueux des infrastructures de base et le nombre restreint de barrages expliquent en grande partie le désastre causé par cette catastrophe. Ahmed Ait Ougar, ingénieur en génie rural, secrétaire général de l'Association de développement local dans la région de Tiznit, est catégorique : «Vu la sécheresse et le climat semi-aride qui sévit toute l'année, la région de Souss-Massa-Draa est la moins lotie en termes de barrages construits comparativement avec les autres régions. Pourtant elle a le plus besoin des réserves hydriques. Déjà en 2010, des inondations ont donné le signal d'alarme mais rien n'a été fait pour remédier à ces lacunes. Alors qu'au cours de la même année, pour faire face aux inondations du Gharb, un programme d'urgence a été décrété. 3 Mds de DH ont été débloqués pour la construction de nouveaux barrages dont 2,15 Mds de DH uniquement pour deux grands ouvrages sur Oueds Sebou et Beht». Il explique, statistiques à l'appui, que «les capacités de stockage en eau de cette zone qui dispose de deux bassins versants ne dépassent pas 1,3 milliard de m3 soit à peine 6,5% de la capacité totale du pays qui atteint les 20 milliards de m3. Pourtant, les potentialités hydriques exploitables dans la région sont estimées à plus de 3 milliards de m3. Ce qui veut dire qu'une bonne partie de ces ressources est perdue alors que la région vit une situation de stress en eau tout au long de l'année. Les apports en eau exceptionnels auraient pu être stockés pour alimenter la nappe phréatique déjà surexploitée». Les barrages existants sont pénalisés par l'érosion, la dégradation forestière et les activités pastorales ou sylvicoles qui réduisent leur durée de vie ou perturbent parfois leur bon fonctionnement. Contrairement aux ouvrages du Nord du pays, la capacité réelle de stockage est toujours inférieure de 25 à 30%. Charafat Afilal, la ministre déléguée chargée de l'Eau, a, dans un exposé lors du conseil de gouvernement, souligné que «les barrages ont joué un rôle important contre la protection des inondations à travers la régulation des flux enregistrés entre le 20 novembre et le 2 décembre, précisant que «ces ouvrages ont permis de retenir plus de 700 millions de m3 soit un volume qui aurait pu provoquer des dégâts catastrophiques plus désastreux». Selon la ministre, les dernières pluies ont amélioré sensiblement le niveau de stockage des barrages qui a atteint 65,7% contre 53,8% une année auparavant. Et d'ajouter que cet apport en eau permettra de couvrir les besoins en eau potable des différentes villes, améliorer les potentialités hydroélectriques et assurer l'irrigation dans de bonnes conditions. Les grands barrages de la région de Souss-Massa-Draa ont été édifiés il y a plus de 30 ans. C'est le cas notamment de Mansour Addahbi sur Oued Draa qui a une capacité de 560 millions de m3 édifié en 1969, Youssef Ibn Tachfine sur Oued Massa construit en 1972 et disposant d'une retenue de 304 millions de m3 et Abdelmoumen en 1981 avec un volume de 204 millions de m3. Alors que le barrage d'Aoulouz sur Oued Souss, tout près de Taroudant, a une capacité de 110 millions de m3 est opérationnel depuis 1991. Excepté barrage Moulay Abdellah sur Oued Tamri, les autres barrages sont de faibles dimensions. La décennie 2000 n'a pas connu de lancement d'ouvrage de grande importance dans cette zone. Alors que les bassins versants du Loukkos et du Sebou s'adjugent la part du lion. Ce n'est qu'après chaque inondation que le gouvernement se décide à revoir sa stratégie sur les priorités en matière de construction des barrages. L'exemple le plus saillant est celui du barrage Oued El Maleh dans la région de Benslimane qui a été édifié au début des années 30. Au fil des ans, sa capacité de stockage a diminué pour passer de 15 millions de m3 à moins de 3 millions de m3. La différence est constituée de sédiments. Il était dans l'incapacité de freiner les fortes crues. Le scénario catastrophe s'est reproduit en 1996 avec les inondations de la ville de Mohammedia. Les dégâts causés sont estimés à des milliards de DH. La raffinerie de la Samir en a fait les frais. Depuis lors, deux ouvrages ont vu le jour. Un en amont sur Oued Boukarkour avec une capacité de 57 millions de m3 et l'autre tout près de celui de Oued El Maleh disposant d'un volume de 50 millions de m3 . L'envasement réduit la durée de vie des ouvrages et leur stockage Le phénomène de l'envasement des barrages est universel et il varie d'un pays à un autre selon les conditions géologiques et climatiques données. La durée de vie de l'ouvrage diminue s'il n'y a pas d'opérations de reboisement autour du périmètre environnant. Le phénomène de l'envasement au Maroc représente 75 millions de m3. C'est de l'eau perdue. C'est un volume équivalent à la consommation annuelle d'une ville comme Rabat. Quand un barrage est mis en service, le bassin versant est traité en même temps en matière de reboisement. Cela permet au barrage d'augmenter sa durée de vie d'au moins 20 ans.