Les factures d'eau et d'électricité des trois derniers mois ont réservé de mauvaises surprises pour certains consommateurs. Dans plusieurs villes marocaines dont Casablanca, Rabat, Salé ou encore Tanger, ils étaient nombreux à découvrir des montants anormalement élevés et à en faire part sur les réseaux sociaux. Face à la multiplication de ces voix qui estiment "exagérés" les montants facturés par les gestionnaires délégués à l'eau et à électricité, des associations de la société civile ont émis des communiqués pour alerter les pouvoirs publics quant à cette "facturation anormale" qui a atteint, dans certains cas, jusqu'à cinq fois le montant que ces consommateurs sont habitués à payer chaque mois. L'affaire a été aussi portée au Parlement le 18 juin dernier, à travers un question écrite adressée au ministre de l'Energie, des Mines, de l'Environnement et de l'Eau. Selon la question formulée par la députée du Parti Authenticité et Modernité Ibtissam Azzaoui, « une grande catégorie de citoyens, dont ceux démunis ou aux revenus limités, vivent dans un état de choc après la réception de factures surréalistes portant sur leur consommation d'eau et d'électricité durant les premiers mois de la période de l'isolement sanitaire ». L'élue a attiré l'attention sur le fait que la reprise de la lecture des compteurs peut ouvrir la porte à des dérapages, et a demandé à ce que des formules soient élaborées pour alléger le fardeau que constituent ces factures pour les marocains. En réaction à cette situation, l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) a fait une mise au point. Dans un communiqué, il annonce qu'après la reprise de la lecture des compteurs à partir du 1er juin 2020, toutes les factures émises sur la base d'une estimation seront révisées immédiatement après une première lecture effective des index des compteurs sans qu'il en résulte une accumulation de la consommation. En effet, l'Office explique qu'il avait procédé, durant la période de suspension de lecture des compteurs dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du Covid-19, à des estimations des indicateurs de consommation pour les clients de l'Office sur la base de la moyenne de consommation réelle enregistrée avant la période du confinement sanitaire. L'ONEE indique qu'en ce qui concerne la demande d'informations ou en cas de réclamation en lien avec les éléments du comptage de la facture, ses clients sont priés de contacter le Centre de Relation Clientèle (CRC), d'appeler directement l'agence de leur quartier résidentiel ou de recourir à l'espace client via le site électronique de l'Office, suite à quoi les services de l'Office effectueront, sans retard, l'étude et le traitement des réclamations reçues avec la possibilité d'accorder des facilités sous forme d'une prolongation des délais de paiement aux clients qui le souhaitent, ajoute le communique. De multiples cas recensés au Grand Casablanca, la Lydec réagit Contactés à ce sujet, les équipes de l'opérateur d'eau et d'électricité dans le Grand Casablanca nous ont renvoyé vers le communiqué rendu public le 15 juin qui indique qu'en « absence de la possibilité d'effectuer la relève des compteurs durant la période de confinement, Lydec a procédé à l'estimation des consommations de ses clients en se référant à l'historique de consommation de la même période des deux dernières années 2018 et 2019, et ce conformément aux directives nationales ». Et de préciser que « les factures précédentes, qui ont été établies sur la base d'une estimation des consommations en raison du confinement sanitaire, sont régularisées dans les factures des clients de juin sur la base de leurs consommations réelles ». En effet, le gestionnaire délégué a repris l'activité de lecture des index des compteurs à partir du 1er juin 2020 pour déterminer les consommations réelles d'eau et d'électricité des clients, suspendue suite à la déclaration de l'état d'urgence sanitaire. « Si la consommation réelle établie sur la base d'une lecture effective du compteur du client est supérieure aux estimations précédentes, la différence sera prise en compte dans la facture de juin », défend le communiqué de Lydec avant d'ajouter que « si par contre la consommation du client est inférieure aux estimations précédentes, un avoir sera mis à sa disposition ». L'entreprise exprime, par la même occasion, sa disposition à accorder, « au cas par cas et à titre exceptionnel », des facilités de paiement à ses clients, dans le contexte de la crise sanitaire engendrée par la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19).