Le Centre de prospective économique et sociale, dirigé par Ali El Ghanbouri, souligne que l'organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 par le Maroc, l'Espagne et le Portugal représente une opportunité historique pour le Royaume. Elle permettra d'accélérer la modernisation des infrastructures sportives, notamment par la construction de nouveaux stades et la réhabilitation de ceux existants. L'investissement global est estimé à 52 milliards de dirhams, dont 5 milliards pour le nouveau stade Hassan II à Benslimane (115 000 places) et 9,5 milliards pour la mise à niveau de stades dans cinq grandes villes. Ces chantiers visent non seulement la réussite de l'événement, mais surtout la rentabilité et la durabilité des équipements à long terme. Le centre met toutefois en garde contre les échecs observés dans d'autres pays hôtes, comme le Brésil ou l'Afrique du Sud, où certains stades sont devenus des charges budgétaires après les compétitions. Il recommande donc une stratégie post-Mondial axée sur l'investissement durable, en transformant les stades en pôles économiques, culturels et touristiques. Cinq enjeux clés sont identifiés : la durabilité financière, par la diversification des revenus (événements, sponsoring, droits de nom...), la justice territoriale, en valorisant aussi les villes moyennes, la multifonctionnalité des stades, la revalorisation urbaine autour des équipements, et la gouvernance institutionnelle, en confiant la gestion à des entités mixtes (public/privé) avec des modèles de contrôle et de transparence. Le Maroc dispose d'atouts majeurs pour relever ce défi : un engouement populaire fort pour le football, une position géographique stratégique, une infrastructure logistique en plein essor, un secteur privé actif et des ressources humaines qualifiées. Le rapport propose également des pistes concrètes : création de sociétés régionales de gestion, exploitation commerciale des espaces, mise en place d'académies sportives autour des stades, ou encore stratégie numérique intégrée pour promouvoir ces infrastructures à l'international. Enfin, le succès de ce projet dépendra d'une coordination efficace entre les différents acteurs : État, collectivités locales, Fédération royale marocaine de football, clubs, investisseurs privés, et société civile.