La chambre des crimes financiers près la Cour d'appel de Casablanca a prononcé de lourdes peines de prison, totalisant 17 ans d'incarcération, dans l'un des plus importants dossiers de corruption ayant récemment capté l'attention de l'opinion publique. Cette affaire, largement médiatisée et suivie au niveau judiciaire, est connue sous l'intitulé « dossier Badraoui, Karimine et leurs coaccusés ». Lors de l'audience tenue dans la salle n°8 de la Cour d'appel de Casablanca, le tribunal a condamné trois accusés de premier plan à des peines de prison ferme. Il s'agit notamment de Mohamed Karimine, ancien président de la commune de Bouznika, et d'Aziz El Badraoui, ancien président du club Raja de Casablanca et ex-président de la société « Ozone ». Mohamed Karimine a été condamné à 7 ans de prison ferme, pour des faits liés à la « dilapidation de deniers publics et à l'abus de pouvoir » durant son mandat à la tête du conseil communal de Bouznika. Le tribunal a toutefois abandonné les poursuites concernant l'accusation de falsification de documents officiels. Aziz El Badraoui, de son côté, a écopé de 6 ans de prison ferme pour « manipulation dans la gestion des marchés publics et violation des lois organiques relatives aux collectivités territoriales », avec également abandon de la charge de falsification de documents officiels. Les condamnations prononcées par la juridiction ont également concerné l'ancien ingénieur de la commune de Bouznika, connu sous le surnom de « Tanji », condamné à 4 ans de prison ferme. Avant le prononcé des verdicts, Mohamed Karimine et Aziz El Badraoui ont pris la parole une dernière fois devant la cour, présidée par le juge Ali Tarchi, dans ce dossier les poursuivant pour des infractions liées à la gestion des marchés publics. Dans sa déclaration, Mohamed Karimine, poursuivi dans le cadre du dossier de gestion du secteur de la propreté au sein de la commune de Bouznika, a affirmé que la Cour régionale des comptes avait déjà effectué une mission d'audit au sein de la commune. Elle y avait examiné l'ensemble des documents administratifs et financiers, non seulement relatifs au secteur de la propreté, mais couvrant également les autres domaines de gestion. Il a précisé que des courriers avaient été adressés aux fonctionnaires de la commune afin qu'ils répondent, dans un délai de 15 jours, aux observations formulées dans le rapport de la Cour. Il a ajouté que « les réponses apportées par les fonctionnaires, accompagnées des pièces justificatives, avaient été transmises au conseil régional, dont les magistrats l'avaient ensuite contacté pour lui indiquer que ces réponses étaient jugées appropriées ». Il a également souligné que la commune de Bouznika avait œuvré à la mise en œuvre des recommandations émises par la Cour régionale des comptes, bien que certaines ne puissent être appliquées qu'à moyen terme, notamment sur une période de six ans, pour des raisons administratives et juridiques. Il a aussi relevé que l'Inspection générale du ministère de l'Intérieur n'avait interrogé aucun fonctionnaire communal au sujet de ces observations. De son côté, Aziz El Badraoui s'est dit surpris d'être poursuivi dans une affaire avec laquelle, selon lui, il n'a aucun lien. Il a estimé que les accusations portées contre lui sont « lourdes » et qu'au vu des pièces versées au dossier, il ne comprend toujours pas « quelle est sa véritable implication » dans cette affaire. Il a par ailleurs révélé que la société « Ozone » n'avait toujours pas perçu ses créances résultant de marchés publics, estimées à environ un milliard de centimes, précisant que l'entreprise continue de réclamer ces montants. Il a également évoqué sa contribution passée à l'entrée de devises étrangères dans l'économie nationale, tout en soulignant que son incarcération avait entraîné le licenciement de milliers de salariés de sa société, ce qui a conduit à l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son encontre.