a appris que les services centraux compétents du ministère de l'Intérieur, en particulier la Direction du développement des compétences et de la transformation numérique relevant de la Direction générale des collectivités territoriales, ont ouvert de vastes enquêtes administratives sur des irrégularités dans la gestion des ressources humaines au sein de plusieurs collectivités territoriales. Ces irrégularités concernent l'exploitation de postes temporaires pour recruter des journaliers et des contractuels, ce qui a permis à des proches d'élus de prendre le contrôle de services et de départements communaux entiers. D'après des sources bien informées, ces nouvelles investigations s'appuient sur des données issues de rapports régionaux qui ont mis en lumière un déficit alarmant en compétences techniques, en particulier dans les profils d'ingénieurs et de techniciens spécialisés en ingénierie, en informatique et en maintenance. Les mêmes rapports ont également fait état de manœuvres de certains présidents de conseils visant à contourner les directives d'une circulaire antérieure du ministre de l'Intérieur. Celle-ci exigeait des walis et gouverneurs qu'ils identifient avec rigueur les besoins réels avant toute organisation de concours de recrutement, tout en autorisant l'ouverture de concours exceptionnels pour pallier le manque de compétences techniques, et en limitant strictement le recours aux contractuels. Les rapports mentionnés, selon les mêmes sources, contiennent des statistiques détaillées sur les ressources humaines au sein des conseils préfectoraux et provinciaux. Ils révèlent des insuffisances notables dans certaines spécialités techniques, particulièrement après l'achèvement du processus de réaffectation des fonctionnaires relevant du budget des préfectures et provinces ainsi que des services de l'administration territoriale du ministère de l'Intérieur, conformément à l'article 227 de la loi organique n°112.14 relative aux préfectures et provinces. Ces documents, adressés aux services centraux compétents, insistent sur la nécessité d'exploiter les études déjà réalisées afin de déterminer avec précision les besoins effectifs en recrutement au sein des collectivités territoriales. Ils recommandent également d'accélérer l'autorisation de concours exceptionnels pour certaines préfectures et provinces qui souffrent d'un déficit chronique dans des spécialités techniques bien définies. Selon des informations obtenues par Hespress, les enquêtes administratives en cours se concentrent particulièrement sur les raisons de l'explosion du nombre de travailleurs contractuels dans certaines collectivités. Plusieurs présidents auraient en effet transformé leurs communes en « fiefs privés » dominés par leurs partisans, reléguant au second plan les fonctionnaires titulaires, cadres et ingénieurs. Les données disponibles confirment que des responsables communaux ont délibérément ignoré les dispositions encadrant ce type de recrutement, pourtant limité dans le temps et strictement lié à des missions spécifiques. Les rapports régionaux font également état de plaintes déposées par des fonctionnaires locaux dénonçant la mainmise de certains présidents sur les services communaux grâce à l'utilisation massive de contractuels. Nombre d'entre eux proviennent du corps des journaliers de l'Entraide nationale, ou ont été titularisés par la suite, et dominent désormais certains départements en raison de leur proximité avec des élus. Dans une correspondance antérieure, Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur, avait déjà appelé les gouverneurs de préfectures et provinces à presser les présidents des communes relevant de leur autorité territoriale de respecter scrupuleusement le contenu de la circulaire de 2009 relative aux contractuels. Il leur avait demandé de transmettre des rapports actualisés sur la situation de ces travailleurs au sein des communes du Royaume, dans le cadre d'une large opération d'évaluation menée par les services centraux. Cette opération visait en particulier à mesurer le poids de ces recrutements sur les budgets communaux et à examiner les soupçons d'utilisation de ces postes à des fins politiques et électorales. Les mêmes sources ont souligné que nombre de contractuels, recrutés par certains présidents de conseils, ont transformé des services communaux en véritables « réservoirs électoraux », l'intégration à ces postes étant perçue comme une récompense distribuée dans le cadre de la rente communale après chaque échéance électorale. Plusieurs présidents se seraient également compromis en mettant des véhicules de l'État à la disposition de journaliers, en facilitant leur intervention dans les affaires communales et en favorisant le recrutement de proches ou de membres de familles d'élus et de conseillers.