L'ambassadeur du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a tenu une réunion avec le président de la Generalitat (le gouvernement de Catalogne), Salvador Illa, au palais du gouvernement régional. Cette réunion s'inscrit dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays et fait suite à l'adoption le 31 octobre de la résolution 2797 sur le Sahara. La rencontre entre les deux responsables s'est tenue jeudi, pour le renforcement de la coopération bilatérale et à explorer de nouvelles initiatives communes, selon des sources diplomatiques citées par la presse ibérique. A noter que la communauté marocaine est la plus importante communauté étrangère de Catalogne, qui comprend 241 179 personnes, soit 16,7 % du total la population étrangère. Le Parti socialiste catalan (PSC) compte pour sa part, plusieurs membres d'origine marocaine à des postes de direction régionaux et provinciaux. Du côté catalan, pas plus de détails n'ont fuité de ces échanges qui se sont faits en présence du ministre des Affaires européennes et de l'Action étrangère, Jaume Duch, qui a récemment soutenu l'appui de l'Espagne au plan d'autonomie marocain, soumis en 2007 devant l'ONU. Ce soutien exprimé par Madrid est considéré comme une avancée majeure dans la reconnaissance des droits historiques et légitimes du Maroc sur le Sahara, occupé par l'Espagne jusqu'en 1975. Dans le pays ibérique, plusieurs voix de droite ou d'extrême gauche notamment catalanes fief de l'indépendantisme, restent attachées au passé colonial espagnol et regrettent que l'Espagne ne soit plus la puissance administrante de ce territoire à la suite des accords tripartites de Madrid qui établissent les conditions de retrait espagnol et le retour sous giron marocain. Dans les sphères politiques et médiatiques, cet attachement au passé colonial s'est transformé en un militantisme pour la milice séparatiste du polisario sous couvert de soutien à l'autodétermination ou de droits humains. Mais de plus en plus de politiciens espagnols, y compris dans la gauche, adoptent désormais le pragmatisme, comme pour Jaume Duch qui a défendu au Parlement son soutien au plan marocain d'autonomie il y a deux semaine, et en appuyant le changement de position de l'Espagne sur le question acté en 2022. « La situation au Sahara occidental est une question particulièrement sensible. Et nous, conformément à notre engagement envers les Nations Unies et le droit international, nous efforçons toujours de suivre cette ligne », a-t-il déclaré lors de la séance de questions du 5 novembre. Le diplomate espagnol a été accusé par une députée, Anna Balsera, son appui à la position du gouvernement central de s'aligner sur la position de Rabat et de renoncer à la souveraineté espagnole sur le Sahara occidental. Il a souligné que la résolution de l'ONU « n'exclut aucun scénario » et a appelé à un suivi rigoureux de la mise en œuvre de la feuille de route signée entre Madrid et Rabat. En Catalogne, beaucoup d'amalgames subsistent dans l'interprétation et la compréhension de la situation au Sahara, en témoignent les déclarations des politiciens qui évoquent encore à l'heure actuelle la prétendue « renonciation à la souveraineté espagnole » sur le Sahara, ou confondent la situation au Sahara et celle des Sahraouis des camps de Tindouf qui se trouvent en territoire algérien, ou parlent de « deux parties » alors que le conflit connait quatre parties reconnues par l'ONU. Le gouvernement catalan entretient depuis des années divers programmes en Algérie pour soutenir les séparatistes du Polisario, en leur offrant des programmes de vacances en Espagne, et des possibilités d'adoption d'enfants Sahraouis par des familles espagnoles. Dutch a récemment plaidé pour le renforcement des initiatives tel que le programme « vacances en paix » dans les années à venir.