Le groupe de cliniques privées cède devant la pression des médecins du privé qui se sont mobilisés contre ce modèle économique qui porte « un risque de dérive vers une logique commerciale pure et simple ». Les arguments du groupe n'ont pas suffi à convaincre... Suivez-nous sur WhatsApp Suivez-nous sur Telegram 200 centres de diagnostic à horizon 2030, pour un milliard de dirhams d'investissement ! Le projet annoncé par le groupe Akdital, en avril dernier, est officiellement enterré. Les médecins du secteur privé se sont farouchement opposés à cette ambition de doter des villes de taille moyenne, situées dans un rayon de 100 km des hôpitaux d'Akdital, de «centres de diagnostic « smart » ouverts 24h/24, reliés à une unité centrale, et dotés d'un médecin généraliste-urgentiste, d'un plateau technique avec scanner, voire IRM, et de laboratoire d'analyse relié à un biologiste à distance, ainsi que d'une ambulance médicalisée». Pas moins de quatre syndicats représentant 17.000 médecins (soit la moitié des praticiens du pays) se sont réunis en coalition pour saisir toutes les autorités du pays. Dans leur courrier adressé aux diverses institutions, dont le ministère de la Santé, ils considèrent que la « gestion de centres de diagnostic par un groupe, dont la finalité première est la rentabilité financière, porte un risque de dérive vers une logique commerciale pure et simple ». Selon une expertise judiciaire, commandée par cette coalition, le modèle économique d'Akdital pourrait « se traduire par des objectifs de performances, des quotas d'actes, des tarifs d'appel ». Autant d'instruments qui appartiennent au monde de l'entreprise, mais pas très éthique dans de domaine de la santé et porterait surtout atteinte à la liberté du patient à choisir son praticien. Docteur Rochdi Talib, PDG d'Akdital, a fait de son mieux pour tenter de sauver son projet. Il a adressé une lettre à ses confrères dans laquelle il a tenté de convaincre de la pertinence de son modèle. Pour lui, il s'agit « de combler un déficit d'offres plutôt que d'entrer en concurrence avec des structures existantes ». Il précise que ces centres « devraient se limiter aux soins de première urgence, assurés par des médecins généralistes, ainsi qu'aux examens permettant d'orienter les patients vers les spécialistes les plus proches ou vers les unités publiques ou privées en cas de nécessité d'hospitalisation ».
Déjà une première tentative... Néanmoins sa missive n'a pas suffi pour désamorcer la crise. Le groupe Akdital a préféré ainsi retirer de son propre chef son projet, soumis au Conseil de la concurrence. Il a sans doute compris que son modèle économique ne pouvait supporter de se mettre à dos la puissante et influente communauté médicale. Et encore moins de s'attirer les foudres des pouvoirs publics qui ne ménagent aucun effort pour accélérer cette laborieuse réforme du secteur de la Santé sans concéder un iota au respect des bonnes pratiques. Le ministère de la Santé mène d'ailleurs depuis plusieurs mois une bataille pour améliorer l'offre de soins de proximité du service public, tout en veillant à s'appuyer sur une complémentarité encadrée du secteur privé. En juillet dernier, le département de la Santé n'avait pas accordé l'autorisation du premier centre de diagnostic voulu par Akdital. Le ministre Amine Tahraoui avait été, à l'époque, sensible à l'argumentaire de l'Ordre des médecins (quasiment les mêmes avancés actuellement par la coalition) et avait surtout relevé le flou juridique concernant la définition même d'un centre de diagnostic. En retirant officiellement son projet, le 20 novembre, Akdital renonce à un investissement d'environ un milliard de dirhams (5 millions par centre) à horizon 2030 dont le financement avait été quasiment bouclé. La semaine dernière, le fonds Mediterranea Capital Partners avait annoncé une prise de participation dans la filiale Rachaktalim, dédiée à porter ce véhicule de développement que sont les centres de diagnostic. Une manne que le groupe Akdital compte désormais réorienter vers ses projets d'extension dans les pays du Golfe.