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Trump et l'Afrique : quand la géopolitique efface la démocratie
Publié dans Hespress le 10 - 12 - 2025

La nouvelle Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, publiée récemment à Washington dans une version de 33 pages, porte sans ambiguïté l'empreinte du retour de Donald Trump. Elle ne se lit pas comme un simple document technique, mais comme une reconfiguration assumée de la manière dont les États-Unis regardent le monde. Et dans cette nouvelle carte mentale de la puissance américaine, la place de l'Afrique interroge, moins par ce qui y est dit que par ce qui n'y est plus dit.
Ce qui frappe, à la lecture de cette stratégie, c'est l'effacement presque total du langage de la démocratie, des droits humains et de l'État de droit, alors même que le continent connaît un retour spectaculaire des coups d'État militaires, des transitions autoritaires et des fragilisations institutionnelles.
Là où l'on pouvait attendre un surcroît d'attention politique, on observe au contraire un basculement vers une approche froide, utilitaire, strictement géo-économique.
En 2022, l'Afrique était encore présentée comme un partenaire politique en devenir, un acteur appelé à jouer un rôle croissant dans le multilatéralisme et la gouvernance mondiale. Trois ans plus tard, le décor a changé. Les mots-clés sont désormais les minéraux critiques, l'énergie, les ports, les routes commerciales et la sécurité des chaînes d'approvisionnement.
L'Afrique n'est plus pensée comme un horizon politique, mais comme un réservoir stratégique indispensable à la compétition industrielle et technologique mondiale.
Le contraste est saisissant lorsque l'on compare le traitement réservé à l'Afrique à celui des autres grandes régions. L'Europe demeure un allié stratégique central, malgré les tensions sur le partage des charges militaires. L'Asie, notamment l'Indo-Pacifique, est clairement identifiée comme le cœur du choc avec la Chine et l'espace décisif de la bataille pour le leadership du XXIe siècle. L'Amérique latine est réinscrite dans une logique d'influence directe, dominée par les questions migratoires, sécuritaires et commerciales.
L'Afrique, elle, occupe une position intermédiaire et inconfortable : ni véritable priorité politique, ni adversaire stratégique, mais zone d'utilité fonctionnelle.
Elle devient l'arrière-plan de plusieurs batailles à la fois ,bataille des minerais face à Pékin, bataille énergétique dans un monde en transition, bataille sécuritaire contre des menaces diffuses, et bataille migratoire en soutien indirect à l'Europe.
Le continent sort ainsi du centre du jeu diplomatique pour être repositionné dans les marges utiles de la mondialisation stratégique. Clairement, l'Afrique est aujourd'hui présente dans la stratégie américaine par son utilitarisme, non par sa centralité politique. Elle compte pour ce qu'elle fournit plus que pour ce qu'elle est politiquement. La stabilité des flux semble désormais primer sur la solidité des institutions. L'accès aux ressources pèse plus que la qualité des régimes.
Pourquoi ce virage ? Trois facteurs majeurs l'expliquent. D'abord, la montée en puissance de la Chine, qui a solidement ancré sa présence en Afrique à travers les infrastructures, les financements et les contrats miniers. Ensuite, l'usure du modèle interventionniste américain, discrédité par les expériences irakiennes et afghanes. Enfin, le retour en force de l'État-nation comme acteur central d'un monde qui ne croit plus réellement aux promesses universelles.
Comparée à la stratégie de 2022, la rupture est nette. Hier, l'Afrique était pensée comme un partenaire politique émergent. Aujourd'hui, elle est perçue comme un espace économique stratégique, un stock de ressources, un théâtre discret de la compétition entre grandes puissances. On est passé d'une Afrique « au cœur du monde démocratique » à une Afrique intégrée aux cartes des intérêts globaux.
Pour les États africains, cette redéfinition ouvre à la fois une opportunité et un danger. Le passage de la logique de l'aide à celle de l'investissement peut offrir de nouvelles marges de négociation, notamment dans l'énergie et les métaux rares. Mais le risque est tout aussi réel : celui de voir le continent se transformer en zone de friction permanente, où les ressources nourrissent les ambitions extérieures sans produire une véritable souveraineté économique interne.
Tout dépendra de la capacité africaine à négocier collectivement, à construire des positions régionales solides, et à sortir du tête-à-tête déséquilibré avec les grandes puissances. Dans un monde fragmenté, celui qui négocie seul s'expose, celui qui négocie en bloc existe
L'Afrique du Nord, quant à elle, se retrouve au carrefour de plusieurs dynamiques : Méditerranée européenne, sécurité et migrations. Certains pays peuvent prétendre à un rôle de passerelle stratégique entre l'Afrique, l'Europe et les États-Unis, à condition de transformer leur position géographique en véritable levier politique et économique.
Au fond, ce que révèle cette stratégie, c'est un monde où les discours sur les valeurs reculent, pendant que les ports, les minerais, les routes et les câbles deviennent les véritables centres de pouvoir. L'Afrique n'a pas disparu de la vision américaine. Elle y a été requalifiée. Elle n'est plus envisagée comme un projet politique à accompagner, mais comme un rouage essentiel de la compétition mondiale.
La vraie question n'est donc plus seulement de savoir ce que Washington attend de l'Afrique, mais ce que l'Afrique entend faire de cette nouvelle donne.


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