Sous le thème «le tabac et la santé pulmonaire», le Maroc a célébré vendredi 31 mai, la journée mondiale sans tabac, initiée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'occasion de sensibiliser aux effets nocifs et mortels du tabac sur la santé pulmonaire qui peut aller du cancer aux maladies respiratoires chroniques. Le tabac est la cause principale de près de 10 millions de décès par an dans le Monde. Le Maroc est parmi les premiers pays de la région à lutter contre le tabac, en instaurant en 1996 une loi anti-tabac, qui stipule l'interdiction de fumer dans les lieux publics et l'interdiction de la propagande et de la publicité en faveur du tabac. Le Royaume a commencé sa lutte contre le tabac avec la ratification de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte anti-tabac et la mise en place par le ministère de la Santé d'un programme national de lutte anti-tabac visant à promouvoir le modèle positif du non-fumeur et à le protéger dès 1988. Toutefois, une étude a montré que 17% de la population marocaine est exposée au tabagisme passif dans l'entourage professionnel, 32% l'est en milieu familial, alors que 60% des Marocains le sont dans les lieux publics. Le programme national de lutte anti-tabac, mis en place par le ministère de la Santé, s'inscrit dans cadre du Plan National de la Prévention et du Contrôle du Cancer (PNPCC) 2010-2019, a indiqué El Khansa Mehdaoui, médecin relevant de la Direction de l'épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé, ajoutant que «le programme s'articule autour de 4 axes principaux à savoir la sensibilisation, le suivi, la mise en place de consultation d'aide au sevrage tabagique et le renforcement de l'arsenal juridique». Diminution du taux d'enfants scolarisés fumeurs Dans ce sens, des campagnes de sensibilisations sont organisées de façon régulière sur les réseaux sociaux et le site internet du ministère. Des études effectuées en 2000, 2006, 2010 et 2016 ont montré que le taux d'enfants scolarisés fumeurs, entre 13 et 15, a diminué de 10,5% à 6%, a souligné Dr Mehdaoui. «Chaque année, le tabac tue au moins huit millions de personnes et des millions d'autres sont atteintes d'un cancer du poumon, de tuberculose, d'asthme ou d'une affection respiratoire chronique à cause du tabac», a déclaré le Directeur général de l'OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que «des poumons sains sont indispensables pour vivre en bonne santé. Aujourd'hui, comme tous les autres jours, vous pouvez protéger vos poumons ainsi que ceux de vos amis et de votre famille en disant non au tabac». Par ailleurs, 96% des cigarettes vendues au Maroc sont hors normes. Le gouvernement vient de se rendre compte qu'il existe deux écueils pour la mise en place de la norme 10-1-10 (10 mg de goudron, 1 mg de nicotine et 10 mg de monoxyde de carbone). Le premier est d'ordre législatif, car il faudra d'abord commencer par amender l'article 2 de la loi 15-91 relative à l'interdiction de la cigarette sur les lieux publics qui ne traite que deux composants, à savoir le goudron et la nicotine, et ne traite pas le monoxyde de carbone. Le deuxième obstacle concerne la forte concentration du marché du tabac sur les produits à forte teneur en goudron, étant donné que 71% des cigarettes vendues au Maroc sont à 14 mg. Le dilemme pour le gouvernement serait qu'une baisse drastique de la teneur du goudron de 14 mg à 10 mg risque de dissuader les fumeurs et donc précipiter la chute de la consommation du tabac et des recettes fiscales. Ce que conseil l'OMS pour lutter contre le tabagisme Au niveau mondial, plus de 890.000 de non-fumeurs dans le monde sont victimes du tabagisme passif. Du côté des enfants, plus de 60.000 enfants dans le monde de moins de cinq ans meurent d'infections des voies respiratoires inférieures causées par le tabagisme passif, rapporte l'OMS. Ceux qui parviennent à l'âge adulte sont plus susceptibles de développer par la suite une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). L'OMS attire l'attention pareillement sur l'ampleur des décès imputables à des maladies pulmonaires liées au tabac et regrette qu'en dépit des données convaincantes sur les effets nocifs du tabac pour les poumons on continue de sous-estimer le potentiel de la lutte pour améliorer la santé pulmonaire soulignant ainsi que la mesure la plus efficace à entreprendre dans ce sens est de réduire le tabagisme et l'exposition à la fumée des autres. L'OMS invite instamment les pays à lutter contre l'épidémie de tabagisme en appliquant la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac dans son ensemble et en prenant des mesures efficaces de lutte antitabac, notamment les mesures stratégiques prévues dans le cadre MPOWER. Ils peuvent, par exemple, s'efforcer de faire baisser la demande de tabac par l'intermédiaire de mesures fiscales, créer des espaces non-fumeurs et mettre en place des aides au sevrage. L'Organisation incite également les parents et les responsables communautaires à prendre des mesures visant à préserver la santé de leur famille et de leur communauté en menant des actions de sensibilisation et en protégeant les populations des effets nocifs du tabac.