Cette année, l'Etat est décidément déterminé à protéger ses forêts, contre les agriculteurs du cannabis qui profitent de chaque saison d'été pour s'accaparer de milliers de superficies forestières pour y cultiver du cannabis. Le ton est donné par le Premier ministre lui-même, lors de la tenue, mercredi 30 mai dernier, de la réunion de la commission interministérielle, chargée de la mise en œuvre du Plan directeur de prévention et de lutte contre les incendies de forêts ( PDCI ). L'heure est grave et les mesures à prendre sont d'une extrême urgence. Etaient présents, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, le général de Corps d'armée, Hosni Benslimane, le général Hamidou Laânigri des forces Auxiliaires, le haut-commissaire aux Eaux et aux Forêts, Abdeladim El Hafi, et autres responsables de l'aviation civile et de la protection civile. Officiellement, l'ordre du jour de cette réunion portait sur le bilan des incendies qu'a connus le Maroc entre 1960 et 2006. Ainsi, selon ce bilan, la moyenne des superficies détruites par le feu a atteint 3 000 hectares, alors que la moyenne des incendies, elle, est de l'ordre de 250 incendies par an. Toujours officiellement, il s'agissait de débattre de la façon de lutter efficacement contre les incendies des forêts en saison d'été. L'exposé fait par le premier responsable de ce dossier, en l'occurrence, Abdeladim El Hafi, jette également la lumière sur les zones les plus touchées par ces «incendies», à savoir essentiellement la région du RIF, qui, à elle seule, connaît 44 % des incendies survenus annuellement à travers tout le pays. Pourquoi précisément cette zone et comment se fait-il qu'elle soit autant touchée par ce genre de catastrophe ? Selon une source proche du dossier, les incendies que connaît cette région sont, dans la plupart des cas, de nature « criminelle » et provoqués par les agriculteurs de cannabis et les barons de la drogue, qui n'hésitent pas à brûler les espaces verts, pour cultiver du cannabis. « Ils profitent de chaque saison d'été, moment propice où se multiplient les incendies à cause de la chaleur, pour incendier des milliers d'hectares de la superficie forestière et mettre la main sur ce pactole inespéré, afin d'y cultiver de l'herbe», nous confie notre source. Concrètement, cela se fait en toute discrétion, généralement la nuit, pour compliquer autant que possible l'intervention des sapeurs pompiers. Une petite étincelle et le tour est joué, surtout si les conditions climatiques, notamment les vents forts, sont au rendez-vous. Résultat: d'immenses superficies forestières ravagées par le feu, attendent preneurs quelques mois plus tard. D'où l'intérêt que portent les responsables de ce dossier, qui ont adopté une batterie de mesures préventives, notamment l'amélioration du système de détection, d'alerte, et l'organisation de campagnes de sensibilisation sur les dangers des incendies.