Il a quitté le Maroc au début des années 70. Les quinquas et les sexas se rappellent de cette voix douce qui a débuté avec la télé noir et blanc dans notre pays. A voir Ouiness aujourd'hui, on ne lui donnerait pas plus que la trentaine. Aucun pli sur le visage n'est venu témoigner de sa cinquantaine bien achevée. Aucun cheveu blanc ne s'est hasardé sur le crâne de ce black marocain qui a débuté en même temps que Vigon. Ouiness Abdenbi est un émigré né. Sinistré d'Agadir, il dut s'installer avec sa mère Lalla Aguida à Casablanca. Là, il apprit son métier au conservatoire avant de côtoyer les plus grands, Charles Aznavour en premier. Il en apprit la totalité du répertoire en arabisant quelques uns de ses titres les plus illustres. Plus tard, il animera des spectacles partout au Maroc. A Casablanca, il officia autant dans les boîtes les plus huppées de l'époque qu'au sein du défunt Théâtre municipal. En 1973, il plia bagage et émigra en Scandinavie. Deux ans plus tard, il finit sa vadrouille à Paris où il parachève sa formation musicale au conservatoire. Il obtint le premier prix de la chanson en se faisant accompagner par une centaine de musiciens. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts parisiens depuis ce temps-là : il créa l'Association pour la protection des travailleurs immigrés (APTI), dirigea un cabaret au cœur de la Ville Lumière, fit des duos avec les chanteurs européens et arabes les plus célèbres, parcourut les studios de télévision aux côtés d'animateurs de la taille de feu Yves Mourousi, chanta sa patrie et la paix dans une foultitude de textes raffinés. En 1986, il retourna au Maroc, sur invitation personnelle de Feu Hassan II auquel il dédia une chanson exécutée par l'orchestre national. Depuis vingt ans, il anime des soirées auprès de la diaspora marocaine, toutes confessions confondues. Mais la nostalgie l'a guetté il y a quelques mois. Il s'est attelé alors à construire un répertoire typiquement marocain où figurent des textes novateurs et lumineux. Il a ainsi mis en musique des titres sublimant la terre natale, la paix entre les peuples et l'amour du genre humain. «Maghrib Arjal» (Le Maroc des hommes), «Mi ya Mi !» (Maman, ô Maman !), «Al Qods ou Makka tkalmou» (Jérusalem et la Mecque se sont parlés)…etc, qui ont été construites sur un mode à la fois romantique et rythmé. Avec un sens époustouflant du mixage – mixité, devrions-nous dire – entre modernité et authenticité. Aujourd'hui, Ouiness est fin prêt pour un come back qui cadre parfaitement avec le retour de la chanson des sixties et des seventies. Les répétitions s'accélèrent et les contrats de production sont en voie d'achèvement. Des galas et des émissions sont actuellement négociés par l'équipe du chanteur. Bienvenue chez toi, Ouiness !