Paie, recrutement, formation, absences..., Pour beaucoup d'entreprises organisées, la crise sanitaire a quelque peu accéléré ces derniers temps la digitalisation des processus RH. Selon la dernière enquête menée par ReKrute auprès de 114 dirigeants marocains, 54% d'entre eux ont confirmé avoir totalement intégré les outils digitaux, notamment dans leur processus de recrutement. Gestion dématérialisée du recrutement, des formations, de la paie, des absences... Pour beaucoup d'entreprises organisées, la crise sanitaire a quelque peu accéléré ces derniers temps la digitalisation des processus RH. La crise du Covid-19 a mis en lumière l'écart profond entre une volonté affichée des entreprises de recourir à la dématérialisation et à l'automatisation des processus, mais peu traduite dans les actes et le besoin désormais fondamental de franchir le pas. Selon la dernière enquête menée par ReKrute en novembre 2020 auprès de 114 dirigeants marocains, 54% d'entre eux ont confirmé avoir totalement intégré les outils digitaux, notamment dans leur processus de recrutement. Ainsi, 72% des dirigeants se sont vus contraints d'adapter leur processus de recrutement à cause de la crise sanitaire. Les entreprises adoptent la digitalisation et en font leur fer de lance pour maintenir le cap des recrutements. Selon Philippe Montant, DG de Rekrute, les entreprises ont été bousculées par la crise sanitaire et ont dû s'adapter aux contraintes et développer ainsi leurs canaux pour atteindre de cette manière les candidats recherchés pour continuer leur plan de recrutement. La digitalisation des processus de recrutement leur a permis d'atteindre des résultats rapides. Ainsi, 50% des entreprises sondées attestent que leur processus est plus efficace grâce aux nouvelles méthodes introduites, à savoir les tests numériques, les entretiens vidéo... A noter également que 48% des dirigeants confirment que leur processus de recrutement a évolué, même après la crise sanitaire. La digitalisation sera donc plus qu'un choix stratégique mais une nouvelle façon de faire. Il est indiqué qu'environ 21% des dirigeants estiment recruter en moyenne des collaborateurs adéquats dans un délai raisonnable à présent. En effet, avec la crise, les processus peuvent prendre plus de temps à cause de la situation exceptionnelle. Cela peut être expliqué par la gestion des équipes RH du télétravail, gestion des cas Covid en interne, mise en place des processus aux normes sanitaires, le confinement.... L'automatisation des processus RH les plus courants n'a entraîné aucun des gains de productivité à plusieurs niveaux Autre activité boostée par la digitalisation, le digital learning s'est également imposé ces derniers temps. Les entreprises s'activent à déployer des offres de formation en ligne pour leurs collaborateurs en télétravail. Sont principalement choisies des formations transversales (soft skills, leardership...), censées préparer le «futur du travail» post Covid-19, ou encore les formations métiers. La demande s'est accentuée depuis le mois de septembre puisque certaines formations restent prioritaires pour les entreprises qui ont cette culture d'entreprise apprenante. Selon Asmaa Charraf, DRH d'IB Maroc, «aujourd'hui, de nombreux grands groupes intègrent des ERP dont l'ensemble des activités principales est régi par au moins un système informatique qui traite des volets aussi nombreux que complexes. Chez nous par exemple, la digitalisation a été fortement encouragée de par notre métier qui est la spécialisation dans les services informatiques. Notre population d'ingénieurs est habituée à la formation à distance et ce même avant la crise sanitaire. Aujourd'hui, l'expression d'un besoin d'accompagnement et de tutorat à distance des bénéficiaires est de plus en plus manifeste. Et c'est une grande évolution de la formation à distance qui explique la réussite des grands projets lancés dans le domaine du e-learning. D'un autre côté, la formation digitale ne cesse de se renouveler en matière de nouveaux usages ces dernières années», explique t-elle. Si l'automatisation des processus RH les plus courants n'a entraîné aucun des gains de productivité à plusieurs niveaux (économies budgétaires, attractivité de l'entreprise, empreinte écologique ou encore l'amélioration de la relation collaborateur), ainsi qu'une grande flexibilité dans les pratiques managériales et notamment le volet organisationnel et celui lié au management des ressources humaines, faut-il pour autant tout digitaliser ? Pour Abdelkrim Sekkak, ex DRH et consultant en ressources humaines, «le total digital, oui mais à certaines conditions. Les relations de proximité ne seront pas pour autant oubliées. Dans tout processus de recrutement, la phase d'intégration d'une nouvelle recrue est aussi importante que son recrutement même si les entretiens et tests d'évaluation peuvent se faire à distance. De même que les relations sociales, les avantages sociaux, les questions d'accidents de travail sont autant de questions à revoir si les entreprises envisagent de généraliser le télétravail par exemple». Des réticences à combattre Comme dans tout changement, tout processus de transformation digitale connaît bien quelques réticences. «L'efficacité et la performance sont des apprentissages qui se font dans le temps et ce sont les utilisateurs internes qui sont les premiers à incarner le changement de comportement qui a fait considérablement évoluer les pratiques et les a digitalisées», note Abdelkrim Sekkak. En somme, la transformation digitale est souvent abordée sous l'angle technologique des outils numériques. Or, les entreprises assistent à une forte envie de travailler différemment ce qui mène à considérer que le changement le plus profond et le plus contraignant à réaliser est celui de la transformation des «collaborateurs». Ce changement n'est malheureusement pas uniquement dans les outils digitaux à déployer mais dans la profondeur de la culture à intégrer et du mode de fonctionnement, voire du «Mind-Set».