Une étude réalisée par Visa au Maroc apporte un éclairage nouveau sur la dynamique d'acceptation des paiements digitaux au sein des petites entreprises et des commerces de proximité. Principal enseignement : Le marché est certes encore dominé par le cash, mais il est désormais mature et prêt à opérer le grand saut digital, au vu notamment des nombreux avantages qu'il procure. Les détails. Suivez La Vie éco sur Telegram «Le marché marocain est mature et prêt pour une transformation digitale approfondie» : C'est la principale conclusion de l'étude «Value of Acceptance Study» menée par Visa International dans le Royaume, et dont les résultats ont été restitués récemment à Casablanca par Sami Romdhane, directeur général de Visa au Maroc. Réalisée auprès d'un échantillon de 260 entreprises (dont 20% de nano businesses, 59% de micro businesses et 21% de small businesses) reparties sur Casablanca, Rabat et Marrakech, l'étude permet une analyse approfondie du paysage des paiements au Maroc. Elle montre que l'adoption des solutions numériques n'est plus une simple tendance, mais un puissant moteur de croissance économique. L'étude met également en exergue les freins qui ralentissent encore l'adoption par les petits commerces de solutions de paiements modernes. Elle identifie à cet égard les leviers d'action susceptibles d'aider les commerçants encore dépendants au cash à franchir le pas, notamment à l'approche d'événement mondiaux (CAN 2025 et Coupe du Monde 2030). Un gisement de 1,2 millions d'entreprises à conquérir Les données présentées par Sami Romdhane montrent tout d'abord que l'acceptation des paiements digitaux est particulièrement bien perçu chez une large majorité d'entreprises et de commerces, qui en apprécient les avantages. L'utiliser c'est l'adopter pourrait-on dire... On notera ainsi que 60% des sondés utilisent déjà les paiements digitaux depuis plus de 3 ans, tandis que les 2/3 d'entre eux préfèrent largement l'expérience digital sur le cash, au vue de son impact positif sur les revenus et sur la gestion de trésorerie. Par ailleurs, 67% d'entre eux estiment que les paiements digitaux soutiennent leur croissance. Toutefois, malgré cette adoption croissante, l'étude «Value of Acceptance» confirme que le cash demeure le mode de paiement dominant au Maroc, représentant 63% de l'ensemble des transactions. Ainsi, 42% des entreprises interrogées sont encore «cash only», tandis que 55% d'entre elles déclarent prévoir d'acquérir un TPE dans les deux ans à venir. Toujours est-il que le potentiel est immense. Le gisement d'entreprises qui peuvent être adressées rapidement pour accepter les paiements numériques demeure en effet très vaste : selon une autre étude effectuée par Visa et le Ministère de l'Industrie et de Commerce, ce gisement est estimé à 1,2 millions d'entreprises et de commerces. Il faut dire que la perception du paiement numérique auprès des commerçants est plus que positive. L'étude montre en effet que la confiance des commerçants augmente avec l'usage. Ainsi, 71% des gérants et propriétaires des entreprises interrogés considèrent que la gestion du cash est risquée (vol, détournement, litiges). Dans le même temps, 56% d'entre eux disent que leur crainte de la fraude par carte a diminué avec le temps, ce qui témoigne d'une confiance croissante dans les solutions digitales. Cependant, plusieurs freins dans l'écosystème restent à lever pour qu'il puisse exprimer son plein potentiel. Les principaux obstacles identifiés sont les frais élevés (42%), le confort quotidien avec le cash dans un écosystème peu numérisé (38%) et les coûts d'installation et d'entretien des équipements (25%). Impacts et bénéfices de l'acceptation L'acceptation par les petits commerces des solutions de paiement digitales est pourtant un réel atout pour leur business, avec des effets tangibles sur leur activité. L'étude montre en effet que 70% des commerçants confirment l'augmentation de leur chiffre d'affaires après avoir commencé à accepter les paiements digitaux. 64% d'entre eux constatent une augmentation du trafic client. Le niveau de satisfaction est également élevé, avec 91% des commerçants satisfaits du processus de paiement par carte. «L'acceptation des paiements digitaux est de plus en plus perçue par les entreprises comme un investissement qui augmente le chiffre d'affaires et la clientèle, ce n'est pas qu'un simple coût», souligne Sami Romdhane. Les bénéfices du passage du cash au digital ne se limitent pas aux TPE/PME et aux commerçants. Cette transformation peut aussi avoir un impact macro-économique majeur et quantifié, notamment sur la croissance, l'inclusion et la formalisation. Selon des données de la Banque mondiale citée dans l'étude, la digitalisation des paiements pourrait contribuer à augmenter le PIB de certains pays africains de 3 à 5 % sur une période de cinq à dix ans. De même, la productivité dans les services augmenterait de 10% à 15%. Par ailleurs, une hausse de 5% par an des paiements digitaux sur 5 ans pourrait réduire l'économie informelle de 11% à 13%. Les leviers à activer Bref, le terrain est aujourd'hui plus que propice pour accélérer la généralisation des paiements numériques auprès des commerçants. D'autant que le momentum exceptionnel que connait l'activité touristique au Maroc, l'évolution de l'écosystème local, les innovations technologiques et l'organisation d'événements mondiaux majeurs au Maroc, créent un contexte favorable à l'expansion du paiement digital. Il faut désormais mettre le paquet sur l'élargissement du réseau d'acceptation. L'étude identifie pour cela quatre leviers principaux : le coût, la formation et la sensibilisation, ainsi que la transformation des pratiques et la sécurité. Car le jeu en vaut la chandelle : «le Paiement digital est le moteur du commerce», résume Sami Romdhane.