Le Royaume accélère sa transition énergétique, mais où se situe-t-il vraiment face aux poids lourds arabes ? Le dernier rapport de l'Arab Investment and Export Credit Guarantee Corporation offre un éclairage précis. Il confirme les avancées du Royaume dans l'électricité, les renouvelables et les investissements étrangers. Entre progrès réels, dépendances structurelles et ambitions affirmées, il occupe une position intermédiaire solide, susceptible d'évoluer. La transition énergétique avance vite au Maroc. Les chiffres confirment une dynamique solide, mais aussi un fossé persistant avec les leaders arabes. Comment le Royaume se positionne-t-il face aux géants régionaux comme les Emirats Arabes Unis ou l'Arabie Saoudite ? Le dernier rapport publié par The Arab Investment and Export Credit Guarantee Corporation apporte des réponses claires. Il dresse un tableau précis des forces marocaines, mais aussi des marges de progression. Production électrique : le Maroc 9e pays arabe Le Maroc produit 47 TWh en 2025 et se classe neuvième dans le monde arabe. La barre reste haute, car l'Arabie Saoudite domine largement, avec plus de 560 TWh estimés cette année. L'écart montre le poids des capacités thermiques saoudiennes et la demande interne beaucoup plus élevée. L'Egypte suit avec 259 TWh, portée par une stratégie massive de diversification. Le Maroc, lui, mise sur une montée progressive. Le pays progresse, mais conserve une base plus modeste. Accélérer la capacité renouvelable pourrait réduire cet écart Par ailleurs, le Royaume occupe la troisième place arabe pour le commerce extérieur de l'électricité et des équipements énergétiques. Les Emirats et l'Arabie Saoudite dominent, grâce à des plateformes logistiques solides et à des entreprises exportatrices bien ancrées. Le Maroc atteint plus de 3,2 milliards de dollars de transactions, un niveau stable malgré les variations du marché international. Cette place montre une intégration croissante dans les chaînes régionales d'équipements. Pourquoi ce progrès ? Le rapport évoque la demande locale et les investissements dans les réseaux. Le Royaume gagne ainsi en visibilité sur un marché très disputé. Importations : le Royaume dépend encore du matériel étranger Le Maroc représente 8,2% des importations arabes d'équipements énergétiques. Cette dépendance traduit une réalité : le pays ne fabrique pas encore l'essentiel de ses composants stratégiques. Les Emirats et l'Arabie Saoudite importent davantage en valeur, mais disposent aussi d'industries plus développées. L'Irak, lui, reste un grand importateur en raison de son infrastructure fragile. Le Maroc se situe donc dans une zone médiane. Peut-il réduire cette facture à moyen terme ? Le rapport suggère que des partenariats industriels pourraient jouer un rôle clé dans la prochaine phase. En outre, le Maroc se classe quatrième exportateur arabe avec 360 millions de dollars en 2024. Les Emirats dominent largement, avec près de 4,5 milliards. L'écart est immense, mais logique : Abou Dhabi et Dubaï abritent des industriels spécialisés et un écosystème exportateur mature. L'Arabie Saoudite occupe la seconde place, suivie de la Tunisie. Le Royaume, lui, consolide son rôle d'acteur moyen mais fiable. Cette progression confirme l'effet positif des projets solaires et éoliens. Elle illustre aussi une montée en expertise technique que plusieurs partenaires européens reconnaissent d'ores et déjà. IDE : le Maroc dans le cercle des destinations majeures En matière d'investissements directs étrangers, le Maroc apparaît dans le Top 5 arabe. L'Egypte domine ce classement, avec près de la moitié des projets et des montants. Les Emirats suivent. La Mauritanie et la Jordanie complètent le groupe. Le Maroc capte 10,8% des investissements sur vingt ans. Ce résultat reflète la confiance accordée aux projets du Royaume, notamment dans l'éolien et le solaire. La stabilité réglementaire joue aussi un rôle. Que manque-t-il pour atteindre le niveau égyptien ? Le rapport pointe la taille du marché, encore limitée. Par ailleurs, le Royaume fait partie des trois pays qui concentrent l'essentiel de la production éolienne arabe. L'Egypte reste en tête, soutenue par le parc de Zafarana et ses extensions. La Jordanie complète le trio, grâce à une politique d'appel d'offres régulière. Le Maroc occupe une place solide, portée par les sites de Tarfaya et Tanger. Ces projets servent de vitrine à la stratégie nationale. Pour renforcer sa position, l'extension des réseaux et la mise en service accélérée des futurs parcs est de mise. Le Maroc avance avec méthode pour devenir un géant énergétique, en combinant vision, stabilité et investissements ciblés. Le défi n'est plus de suivre les leaders, mais d'affirmer un modèle propre, adapté aux réalités locales. Le Royaume en a les moyens. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO