Alors que la diaspora nationale représente un levier stratégique pour le développement du pays, les femmes et les jeunes Marocains du Monde restent encore sous-représentés dans les dispositifs institutionnels, et mal connus dans leurs formes d'engagement. Le projet européen Passerelles, porté par un consortium associatif, lance une étude inédite pour pallier ce manque et mettre en lumière leur potentiel transformateur. Pour rappel, près de 15% de la population marocaine réside à l'étranger. Cette diaspora, historiquement active par ses transferts de fonds (plus de 7% du PIB national), voit émerger une nouvelle génération de femmes et de jeunes, diplômés, porteurs d'initiatives sociales, solidaires, entrepreneuriales ou culturelles, en lien avec les territoires marocains. Mais malgré leur engagement, ces publics demeurent marginalisés dans les politiques de mobilisation des MRE. C'est à ce déficit de connaissance et de reconnaissance que s'attaque le projet Passerelles. Cofinancé par l'Union européenne et mis en œuvre par Progettomondo, Migrations & Développement et CEFA, ce projet ambitionne de structurer les dynamiques d'engagements de la diaspora dans le développement local du pays. Il s'inscrit en droite ligne avec les Hautes orientations royales, qui ont rappelé, en août 2022, la nécessité de valoriser le rôle des MRE à travers des mécanismes concrets. Une étude exploratoire stratégique Au cœur du projet : une étude inédite, conçue comme un socle stratégique pour éclairer les politiques publiques. Prévue jusqu'en avril 2026, cette étude vise à identifier, analyser et documenter les pratiques, les freins et les attentes des femmes et des jeunes Marocains du monde désireux de contribuer au développement de leur pays d'origine. Une base de données sera constituée à partir d'un échantillon d'au moins 200 personnes (dont 50% de femmes), représentatif par âge, pays de résidence et lien avec les territoires marocains. L'approche croise des données quantitatives (questionnaires) et qualitatives (entretiens, focus groups, expertises institutionnelles), afin de capter à la fois les parcours individuels et les dynamiques collectives. Des ateliers de restitution sont prévus pour co-construire les recommandations avec les acteurs concernés, à l'échelle locale comme nationale. Le projet part du constat que les femmes et les jeunes de la diaspora rencontrent des obstacles spécifiques : invisibilisation dans les représentations collectives, manque de reconnaissance institutionnelle, faiblesse des passerelles entre initiatives individuelles et politiques locales. Pourtant, ils représentent un réservoir d'innovation. Les femmes, en particulier, jouent un rôle central dans les dynamiques associatives et de solidarité. Les jeunes, eux, investissent des formes d'engagement plus numériques, hybrides et transnationaux. Le projet Passerelles entend ainsi valoriser ces trajectoires, en créant un lien renforcé entre diaspora et territoires marocains, et en contribuant à la territorialisation de la Stratégie nationale pour les Marocains résidant à l'étranger (SNMRE). En plus de la recherche, le projet développe des actions de plaidoyer, de renforcement des capacités des collectivités territoriales et de structuration de plateformes de dialogue entre institutions marocaines et Marocains du monde. Il s'inscrit dans une dynamique de co-construction, où la diaspora n'est pas seulement une opératrice économique, mais aussi un vecteur de transformation sociale et de coopération décentralisée.