Dans la région de Marrakech-Safi, encore marquée par les conséquences du séisme de 2023, l'heure est à la reconstruction, mais aussi à la réinvention. À travers une étude approfondie sur les écarts de compétences, le projet TILILA veut répondre à un défi fondamental : mieux former pour mieux insérer. La région Marrakech-Safi se trouve à un tournant. Déjà fragilisée par des déséquilibres socio-économiques persistants, elle a vu ses vulnérabilités amplifiées par le séisme de septembre 2023. Dans les provinces d'Al Haouz et de Chichaoua, les plus touchées, le taux de chômage dépasse largement la moyenne nationale, atteignant près de 48% en milieu rural, selon les dernières données. C'est dans ce contexte que le projet TILILA, porté par Oxfam et soutenu par des partenaires tels que Enactus, Jengalab et le FLDF, lance une étude inédite visant à faire émerger des solutions concrètes en matière de compétences et d'accès à l'emploi. L'ambition est d'identifier les écarts entre les compétences détenues par les jeunes, les femmes, les personnes en situation de handicap – et les besoins réels du tissu économique local. Au cœur de cette initiative, figure le fait que la relance économique ne peut se faire sans une main-d'œuvre mieux formée, mieux accompagnée, et plus en phase avec les exigences d'un marché en mutation. L'étude, résolument territorialisée, s'attellera à analyser de manière fine l'adéquation entre les formations existantes et les profils professionnels les plus recherchés. Huit programmes de formation en cours dans la région seront ainsi passés au crible, afin d'évaluer leur efficacité, leur pertinence et leur capacité à générer une insertion durable. Les secteurs ciblés traduisent les priorités locales, notamment en agriculture durable, tourisme solidaire, artisanat, mais aussi en métiers émergents liés à l'économie verte et aux services numériques. Dans chacun de ces domaines, les équipes s'attacheront à croiser les besoins exprimés par les entreprises et institutions avec les compétences effectivement mobilisables sur le terrain. Au-delà des écarts techniques ou opérationnels, l'étude veut aussi révéler les obstacles sociaux, culturels ou logistiques qui freinent l'accès à l'emploi pour certaines catégories de la population. Un autre volet stratégique concerne les compétences numériques, devenues incontournables dans tous les secteurs. C'est là qu'intervient le partenaire Jengalab, spécialiste de la transformation digitale. Sa mission consistera à cartographier les besoins en digital skills des entreprises locales (outils collaboratifs, gestion de plateformes, e-commerce, automatisation, cybersécurité...). En somme, des domaines où les lacunes sont nombreuses, mais où des marges de progrès existent. Cette analyse débouchera sur des recommandations pour introduire ou renforcer des modules de formation numérique, en misant sur des formats courts, accessibles et adaptés au contexte rural ou semi-urbain. L'approche méthodologique de l'étude se veut participative, qualitative et ancrée dans le réel. Des entretiens seront menés avec les acteurs économiques, des focus groupes organisés avec les jeunes et les femmes, et une analyse documentaire approfondie permettra de situer les enjeux dans le cadre des politiques publiques existantes. L'objectif est de produire un diagnostic robuste, mais aussi de formuler des propositions concrètes, à la fois à destination des centres de formation, des collectivités territoriales et des opérateurs du marché. À terme, cette étude vise à établir une base de données régionale des compétences clés et à proposer un plan d'action opérationnel visant à combler les écarts les plus criants.