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« Le bilan est sombre dix ans après l'invasion »
Publié dans Le Soir Echos le 25 - 03 - 2013

L'Irak est déchiré par des attentats et les divisions entre Chiites et Sunites se cristallisent de plus en plus. Quel bilan peut-on établir, aujourd'hui, dix ans après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis et leurs alliés?
Dix ans après l'invasion de l'Irak par la coalition, en dehors de toute légitimité internationale et pour des motifs mensongers, le bilan est très sombre. Non seulement l'Irak n'est pas devenu le modèle de démocratie annoncé par le président Georges W. Bush, mais il fait aujourd'hui effet de repoussoir pour les pays arabes engagés dans des transitions à la suite du printemps qui a bouleversé la scène politique arabe depuis 2011. Le pays a connu une descente aux enfers lors de la guerre confessionnelle qui a ensanglanté sa partie arabe : le bilan de ces affrontements a causé entre 200 000 et 1 million de morts et le nombre de personnes déplacées à l'intérieur comme hors des frontières du pays est estimé à 3,5 millions. Les Américains se sont engagés dans une reconstruction politique communautaire et non citoyenne. Ils se sont adressés aux exclus de l'ancien système dominés par des élites arabes sunnites. C'est avec les Chiites et les Kurdes, qui forment les 3⁄4 de la population, que les Etats-Unis ont tenté de refonder l'Etat qui s'est effondré en 2003. Résultat : le pays est divisé : le Kurdistan vogue vers une indépendance impossible et les lignes de contact entre Sunnites et Chiites sont devenues des zones livrées au terrorisme et à la violence. L'exclusion (jusqu'en 2010) des Arabes sunnites du processus de reconstruction a ouvert les portes de l'Irak à Al-Qaïda et à sa rhétorique haineuse envers les Chiites, assimilés à des apostats.
Où en est la reconstruction du pays ?
L'attelage branlant chiito-kurde qui fonde le système politique que les Américains ont mis en place en Irak depuis 2003, prend l'eau de toutes parts sans avoir réussi à aucun moment à stabiliser la situation durablement. D'autre part la guerre en Syrie a sonné l'heure du réveil et de la revanche pour les arabes sunnites d'Irak. Le tour de passe-passe imaginé par le général Petraeus, commandant des forces de la coalition américaine en Irak, qui avait donné l'illusion d'une intégration des Arabes sunnites au système en place, moyennant d'importantes sommes d'argent, semble avoir atteint ses limites.
Quid de la crise politique ?
La crise politique en Irak a éclaté au grand jour avec la fuite du vice-président sunnite Tarek al-Hachemi, dont les gardes du corps sont accusés par le premier-ministre chiite, Nouri al-Maliki, de plusieurs assassinats. À partir de décembre 2011, la justice a lancé des poursuites contre al-Hachemi et certains membres de sa garde rapprochée pour 150 chefs d'inculpation, notamment le meurtre de six juges et de plusieurs hauts responsables, dont le directeur général du ministère de la sécurité nationale. Le 9 septembre 2012, celui qui est l'un des principaux dirigeants sunnites du pays a été condamné à mort par contumace pour le meurtre d'une avocate et d'un général. Le secrétaire particulier du vice-président, qui est aussi son gendre, a également été condamné à mort. Réfugié d'abord au Kurdistan d'Irak, qui avait refusé de le livrer à Bagdad, en Arabie saoudite, puis au Qatar, Tarek al-Hachemi est désormais exilé en Turquie, qui refuse à son tour de l'extrader. Cette crise a abouti au boycott du Parlement par les élus du Bloc Iraqiyya, majoritairement sunnite. Deuxième groupe parlementaire avec 82 députés, derrière les Chiites de l'Alliance nationale (159 députés), Iraqiyya a annoncé un boycott du gouvernement, deux jours après avoir suspendu sa participation aux travaux du Parlement, en dénonçant la dictature de Nouri al-Maliki. La fin du boycott n'a pas mis fin à la crise, bien au contraire. Nouri al-Maliki avait menacé de remplacer les ministres appartenant au Bloc Iraqiyya si ce dernier continuait de boycotter le gouvernement d'union nationale. Ce qui fut fait, accentuant encore l'emprise du premier-ministre sur le gouvernement. Cette crise intervenait quelques jours après que les derniers soldats américains ont quitté le pays, laissant derrière eux un Irak « souverain, stable, auto-suffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple », selon les termes du président américain Barack Obama. Quelques mois plus tard, une nouvelle crise a éclaté autour du ministre des Finances (sunnite), lui aussi mis en cause par le Premier ministre. Les dirigeants sunnites ont lancé une campagne de manifestations hebdomadaires, par mimétisme avec les Printemps arabes: ils entendent dénoncer la partialité de la justice à leur encontre, leur exclusion des postes les plus importants (justifié par les décrets de « débaassification ») et le caractère autoritaire du régime de Nouri al-Maliki.
Le conflit syrien, qui tend à se propager en Irak ces derniers mois, aura-t-il un impact sur la reconstruction du pays ?
De tous les pays voisins de la Syrie, l'Irak est certainement celui où la guerre sans merci entre Syriens a les conséquences les plus graves. Devenue l'épicentre des affrontements communautaires dans la région, la Syrie renvoie l'Irak à ses vieux démons: les divisions confessionnelles et ethniques. Peu d'Irakiens semblent désireux d'en découdre à nouveau, tant les années apocalyptiques 2005-2008, avec leurs centaines de milliers de morts et leurs millions de déplacés, sont dans toutes les mémoires. Mais la gangrène communautaire qui a supplicié la société irakienne semble désormais s'étendre à toute la région avec de puissants parrains (les pétromonarchies sunnites du Golfe, la Turquie, l'Iran) pour chaque protagoniste. L'aggravation de la crise syrienne a eu pour effet d'exacerber les tensions confessionnelles en Irak. Tandis que les partis chiites irakiens affichent un soutien non dissimulé au régime de Bashar al-Assad, le Bloc Iraqiyya se montre solidaire de l'opposition syrienne. Le premier-ministre irakien Nouri al-Maliki a beau réaffirmer sa position en faveur d'une « solution politique à la crise en Syrie », qui l'a hébergé pendant ses années d'exil, il se retrouve d'accord avec ses concurrents chiites sadristes pour refuser toute intervention extérieure dans le pays voisin. Le Premier ministre irakien a rejeté le plan de la Ligue arabe réclamant le départ de Bachar al-Assad et réitéré son refus de toute ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie. Toutefois, il est obligé de s'incliner devant les interdictions américaines de voir l'Iran utiliser l'Irak comme tête de pont pour l'aide qu'il apporte au régime syrien. Dans le camp chiite irakien, les partisans de Moqtadar al-Sadr et Ahmad Chalabi sont les plus engagés dans leur soutien à Damas et dans leur hostilité à l'opposition syrienne, dominée par les Frères musulmans. À l'instar du Hezbollah libanais, la mouvance sadriste est accusée d'intervenir en Syrie par l'envoi de miliciens de l'Armée du Mahdi, venus prêter main forte à l'armée syrienne.
Quelles perspectives d'avenir pour l'Irak dans cette conjoncture régionale ?
Le plus spectaculaire est sans doute la reprise des attentats à grande échelle revendiqués par l'Etat islamique en Irak, la branche irakienne d'Al-Qaïda. Pèlerins chiites en route vers les villes saintes, soldats, policiers, autant de cibles qui sont de nouveau régulièrement visées. Le dixième anniversaire de l'invasion américaine a été commémoré dans le sang avec une soixantaine de morts, chiites pour la plupart. La mise en ligne d'un message audio de Abu Bakr al-Bagdadi, connu comme le chef de la nébuleuse d'Al-Qaïda en Irak, qui figure parmi les personnes les plus recherchées du pays, est sans ambiguïté: « Nous entamons une nouvelle étape dans notre lutte, avec le lancement d'un plan nommé Briser les murs », précise-t-il. Ce nouveau plan vise principalement à obtenir la libération des membres d'Al-Qaïda emprisonnés en Irak. Al-Bagdadi annonce ainsi une chasse aux juges, procureurs et gardiens des centres d'incarcération afin de permettre l'évasion des insurgés. Il invite également les chefs tribaux sunnites à accorder leur soutien au mouvement jihadiste, un appui qu'ils lui avaient été retiré en 2005 en se rangeant du côté de l'armée américaine et en formant les Conseils de Réveil. Cette volte-face n'a jamais été pardonnée par les mouvements insurgés sunnites, qui font de cette milice une cible privilégiée. Du côté des autorités, on admet un certain renforcement des moyens dont dispose Al-Qaïda en Irak.


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