L'un des éléments essentiels de la stratégie royale est cette volonté inébranlable d'éviter que des îlots de prospérité émergent à côté de régions pauvres. Le développement doit profiter à l'ensemble des citoyens et donc concerner l'ensemble du territoire. C'est cette démarche qui explique l'action royale. Par des visites régulières le roi, a initié, dans chaque région, un vrai projet de développement volontariste, s'appuyant sur le potentiel local et mettant l'investissement public au service de l'initiative privée, dans le cadre d'un projet cohérent. L'Oriental et le Nord, mais aussi la région du Tadla, les provinces du Sud et bien d'autres disposent aujourd'hui d'un projet de développement finalisé. On sait parfaitement quel sera leur visage en 2020, quelles seront les activités motrices et les potentialités. C'est un énorme travail qui assure la cohérence du projet de développement, mais surtout le contrôle d'autres aspects tels que l'environnement et l'impact sur l'activité de l'arrière pays qu'il ne s'agit pas de désertifier. L'environnement est un souci permanent dans la vision royale de l'émergence. Le Maroc se place dans le peloton de tête, à l'échelle mondiale, pour les énergies renouvelables. C'est une décision qui ne vise pas seulement à diversifier les sources d'énergie, à diminuer la dépendance vis-à-vis du pétrole et de sa facture. C'est un choix de société, puisque tous les grands projets reçoivent une contrainte, celle du respect de l'environnement. La vision royale c'est aussi de mettre l'homme au centre du développement. Tous les projets sont fortement utilisateurs de main-d'œuvre. Mais les emplois qualifiés connaissent un développement exponentiel. C'est un pari sur l'avenir et sur l'amélioration de la qualité des ressources humaines. Aujourd'hui, même dans un environnement économique très incertain, le Maroc maintient la cadence de ses réalisations. Aucun projet d'émergence n'est retardé, ni même abandonné. Les établissements publics, en particulier la CDG, jouent un rôle très important. Les investissements étrangers directs maintiennent leur confiance, l'attractivité du Maroc est même jugée en hausse par les agences internationales. La batterie de réformes en cours, tant celle de la justice, de l'éducation, du droit du travail, de la lutte contre la corruption, tendent à renforcer ce projet de développement qui est déjà à un stade avancé. La décennie 2010-2020 sera à n'en pas douter celle de l'émergence qui permettra de réduire les déficits sociaux et de placer le Maroc dans le concert des nations développées. L'exigence de la gouvernance A. C. Reformer l'Administration, en faire un outil efficient au service du développement, à l'écoute des citoyens est un enjeu important dans l'action royale. Les derniers développements concernant Al Hoceima ne sont qu'une péripétie parmi d'autres. Le roi est intransigeant avec les responsables et ce depuis qu'il a lui-même défini le concept de nouvelle autorité. Le projet national, le triptyque modernité, développement, démocratie, ne peut se satisfaire d'une administration archaïque, lente à la détente et corrompue. Le rythme voulu et imposé souffre des résidus d'une certaine conception de la responsabilité. L'exigence de la bonne gouvernance n'est pas uniquement un choix éthique. C'est surtout une condition nécessaire à la concrétisation de la vision royale. Les grands projets sont directement suivis par le roi lui-même. Ce ne sont donc pas ces projets là qui posent problème. Mais ces grands projets ne sont censés être que la tête de pont qui tire le reste. La bonne gouvernance doit permettre au privé et aux citoyens de suivre le mouvement. Et c'est justement à ce niveau que des écarts ont été constatés et immédiatement sanctionnés par le remplacement des responsables. Si certains cas persistent, c'est parce que le problème est culturel. Certains continuent à percevoir la nomination à des postes de responsabilité comme un accès «au pouvoir» et à se comporter comme les caïds de l'avant-protectorat, en potentats locaux. Pourtant, l'Administration territoriale a changé de peau. L'intégration de profils pointus a permis une émulation au sein du corps des walis et gouverneurs. En majorité, ils ont compris qu'ils sont d'abord des catalyseurs pour les projets de développement de la région dont ils ont la charge. Un véritable corps d'élite est en train de se former sous nos yeux. La bonne gouvernance ne concerne pas que l'Administration. On peut même avancer que le vrai handicap aujourd'hui est constitué par les collectivités locales souvent très en retard. La Maroc, au stade de l'émergence, se doit de mettre à niveau toutes les structures pour pouvoir franchir ce cap. Le nettoyage d'Al Hoceima est un signal fort de la volonté de presser le pas, au niveau de ce chantier aussi. C'est une excellente nouvelle pour les années à venir. La modernité Un travail de fond A.c Le Roi du Maroc a fait de la modernisation sociale, dans le respect de l'authenticité, un enjeu majeur de sa politique. On cite souvent le nouveau code de la famille, adopté alors que l'Etat affrontait les groupuscules fascisants de la Salafiya. Ce code est effectivement un acte majeur, puisqu'il établit l'égalité entre les deux époux, renforce les droits de la femme, la liberté dans ses choix. Mais le Roi a fait beaucoup plus. En effet, depuis son intronisation, une action continue en faveur de la promotion de la femme est en cours. La nomination aux postes les plus importantes (ministres, ambassadrices, gouverneurs et même conseillères) n'est que la partie visible de l'iceberg. La loi électorale réserve des quotas aux femmes. Ce qui assure une présence féminine, non seulement dans les instances élues mais aussi dans les structures partisanes et au plus haut niveau. Toutes les politiques publiques ont un aspect «féministe». L'INDH, par exemple, a permis l'accès à une activité rémunéré de dizaines de milliers de femmes, cantonnées auparavant aux travaux ménagers dans la précarité absolue. L'éducation nationale, la santé, la jeunesse et les sports ont largement amélioré leur offre vers le sexe féminin. L'enfance et sa protection sont un autre aspect de la politique royale. Le Maroc, de la même manière qu'il a ratifié, sans réserve, toutes les conventions internationales sur la condition féminine, a ratifié celles concernant l'enfance. La protection de l'enfance a fait l'objet d'un véritable arsenal législatif concernant le droit à l'éducation, opposable aux parents, le travail et en général les devoirs de la collectivité vis-à-vis de l'enfance. Enfin, le Maroc a fait d'énormes progrès en direction des personnes handicapées. L'accessibilité est presque généralisée et est légalement une nécessité pour toutes les administrations. L'éducation nationale réserve des places dans toutes les écoles. Les programmes d'intégration sont légion et la loi impose un quota pour les recrutements. Il ne s'agit pas de déclarations d'intentions généreuses, mais d'une véritable action qui change le visage de la société au quotidien. C'est bien le style de Mohammed VI. Une diplomatie basée sur le concret A.c Rabat est omniprésente. Ce n'est plus dans les grand-messes que la diplomatie nationale s'illustre, mais dans le concret, dans les véritables partenariats. Ainsi sur le conflit israélo-palestinien, Rabat apparaît plus en retrait que par le passé. C'est un choix parce que le processus de paix est totalement en panne et que le Maroc ne se veut que comme facilitateur d'une solution juste qui préserve les droits du peuple palestinien. Ce retrait apparent contraste avec l'engagement du Maroc, réel, concret, pour la satisfaction des besoins des palestiniens. Construction de routes, d'écoles, d'hôpitaux, le Maroc est présent par le biais de Beït Mal Al Qods mais aussi directement et ce au-delà de ce que font les pétromonarchies et sans intervenir dans la politique palestinienne. En Afrique, tout en continuant à boycotter l'Union africaine, le Maroc est omniprésent. La coopération Sud-Sud n'est pas un slogan creux. Sénégal, Gabon, Guinée, Guinée équatoriale et même le Cameroun ont une véritable coopération avec le Maroc. Les FAR sont présentes dans plusieurs missions de paix de l'ONU à travers le monde. Rabat est souvent sollicitée parce que le Maroc est perçu pour ce qu'il est, un Etat qui n'intervient pas dans les affaires des autres, sauf pour les aider à retrouver la stabilité. Les grandes puissances ont compris cet atout et c'est le Maroc qui est intervenu pour résoudre deux crises majeures - celles de la Mauritanie et de la Guinée. Dans les deux cas, l'Union européenne a pu apprécier une intervention aussi discrète qu'efficace pour rétablir la stabilité et la démocratie dans ces deux pays. Ces nouvelles options, pragmatiques et attachées à des valeurs essentielles, font du Maroc un acteur important sur la scène international. Sur le terrain des faits, pas celui des déclarations fracassantes et des faits divers. Maroc, vers un Sud-Sud fructueux Afrique mon amour Mouna Izddine Le Maroc se tourne vers l'Afrique», titrent les journaux nationaux et continentaux, enthousiastes et vendeurs. Mais quand le Maroc s'en est-il jamais détourné ? : «Le Maroc est le seul pays du Maghreb à avoir entretenu des relations multiséculaires avec l'Afrique noire en raison des routes caravanières qui partaient du pays pour rejoindre le reste du continent. Ce contact avec les contrées du «Soudan» et de «la Guinée», nom générique donné par les Berbères de l'époque aux pays d'Afrique noire, s'est poursuivi jusqu'à l'époque contemporaine. Ces liens ont été non seulement économiques (or du Bambouk, du Mali, du Bouré, entre autres), mais aussi intellectuels et artistiques. En effet, c'est par ces routes caravanières de l'ouest africain que l'Islam a pénétré dans les régions sahéliennes d'Afrique noire, notamment à travers les Zaouias marocaines (influence tidjane dont l'origine remonte à Si Ahmed Tidjani, fondateur d'un ordre à Fès en 1765)… Le Maroc a donc de tous temps été tourné vers l'Afrique noire, et le Sahara, loin de séparer les hommes, les rapproche», analyse ainsi avec pertinence le site www.reynier.com. Si les solides et ancestrales attaches du Royaume avec le Continent-mère n'ont jamais été rompues, peut-être juste moins denses à certaines périodes de l'Histoire récente, par rapport aux nécessaires échanges commerciaux, culturels et diplomatiques avec le voisin européen, une chose est certaine. La volonté actuelle affichée de resserrer ces liens, mais aussi de les appréhender sous un jour nouveau, émane d'une évidente volonté royale. Représenté par son frère, le Prince Moulay Rachid, au 25ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique et de France, tenu du 31 mai au 1er juin 2010 à Nice, le Souverain a ainsi transmis un message limpide et disert aux participants à cette rencontre de haut-niveau. Un message insistant sur la place prépondérante qu'occupe son continent d'appartenance dans l'action extérieure du Royaume chérifien: «Le Maroc qui s'enorgueillit d'avoir été, dès sa propre indépendance recouvrée, aux côtés de tous les mouvements de libération et d'émancipation authentiques, a, aujourd'hui, pour objectif la consolidation des fondements d'un partenariat africain solidaire et agissant, voué à la promotion du développement durable. (…) Véritable modèle de coopération Sud-Sud, cette relation, si précieuse pour le peuple marocain, s'est approfondie ces dernières années dans les domaines traditionnels de la formation et de la coopération technique. Nous avons aussi tenu à la développer, avec un nombre important de pays africains frères, dans les secteurs sociaux de base. Parallèlement, nous avons veillé à l'élargir aux secteurs de l'investissement productif, aux transports aériens et maritimes et aux services financiers et bancaires, où s'impliquent davantage les entreprises publiques et privées. Je souhaite, ici, dire combien le Maroc est attaché aux opportunités supplémentaires qu'offrirait un approfondissement de notre coopération triangulaire, où l'apport de l'un se conjugue utilement au savoir-faire de l'autre pour la réalisation de projets concrets au bénéfice de populations africaines tierces» a ainsi déclaré en substance le Souverain. Ce sommet, axé sur l'économie, et auquel le Prince Moulay Rachid était accompagné par le ministre de l'Economie et des finances Salaheddine Mezouar et le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami, n'en a pas moins gardé toute sa symbolique humaine et politique. En effet l'année en cours a vu la célébration par nombre d'Etats africains des 50 ans de leur indépendance. L'année 2010 est annonciatrice d'une ère nouvelle pour l'Afrique moderne. Une Afrique pacifiée politiquement mais socialement et culturellement bouillonnante, qui pourra enfin faire bénéficier équitablement et «écologiquement» tous ses enfants de ses immenses richesses naturelles. Et faire jaillir enfin ses véritables diamants, multiples, inépuisables et éternels : ses Hommes. En somme, un continent en mutation politique et en progrès social, une aura croissante sur la scène diplomatique internationale, un essor économique record (plus de 5% par an), un marché incommensurable et …Un Maroc qui gagnerait à s'y investir encore et encore. Gouvernance Les nouvelles règles Hakim ARIF Nous sommes communément convaincus que le Maroc a franchi, en matière de construction démocratique et de développement, des étapes majeures qui marquent un tournant important dans l'histoire du Royaume. Je considère qu'il est de Ma responsabilité de te dire sans ambages qu'il est impératif d'engager des actions hardies et déterminées pour éliminer les écueils et corriger les dysfonctionnements ayant affecté ce parcours. Notre but est de parachever la construction du Maroc de l'unité, de la démocratie et du développement. Il s'agit, en effet, d'assurer la mise à niveau de notre pays et de le mettre en situation de relever les défis qui se posent dans un contexte mondial aux prises avec de multiples contraintes et de profondes mutations.” (Discours du trône 2009. 30/07/09, Tanger) L'année qui suivra ce discours sera chargée d'événements majeurs. Les grandes actions fondatrices qui ont été menées partout au Maroc ont complètement incrusté l'idée que le changement dont on parle se fera quels que soient les obstacles. Le roi s'est beaucoup déplacé entre juillet 2009 et juillet 2010. Chacun de ses voyages a apporté son lot d'actualité parfois très brûlante. En plus des projets que le Souverain lance dans les régions qu'il visite, il rencontre directement les acteurs locaux et les citoyens qui lui racontent leur quotidien et les problèmes qui les empêchent d'avancer. Le roi écoute tout le monde et répond. C'est cette implication quotidienne dans la gouvernance locale qui a débouché sur tous ces changements dans toutes les administrations territoriales et les services extérieurs des ministères. Les régions vivaient un peu cachées et profitaient de leur éloignement, avec évidemment une sorte de complicité centrale qui facilitait les choses en les couvrant. Avec les séjours prolongés du roi dans les régions, les responsables locaux se sont aperçus que le centre n'était pas aussi loin qu'ils croyaient. Le centre a éclaté. Désormais tout se sait. Sans le changement démocratique qu'a connu le Maroc, cette possibilité pour les citoyens de communiquer directement avec le «Centre» n'aurait jamais été possible. Auparavant, les autorités locales verrouillaient le système, aucune fuite de l'information n'était possible vers Rabat. D'où l'existence de ces petits potentats locaux qui ont fait de l'espace qui leur a été confié une réserve privée où ils pouvaient agir comme bon leur semblait. Des pratiques illicites ont ainsi prospéré allant de la contrebande de produits plus ou moins dangereux pour la stabilité du pays, à la drogue dure. Des générations de trafiquants se sont succédé sous le parapluie intéressé des responsables locaux. Ainsi, une sorte de vigilance à la gouvernance s'est installée et a commencé à nettoyer. Il fallait agir vite puisque les agissements des responsables locaux étaient l'antithèse de la conception royale de l'autorité. Alors que le roi veut entendre, les dirigeants locaux fermaient la porte à toute discussion. Quand le roi agit dans la direction d'un rapprochement avec les citoyens, les responsables locaux s'enferment dans leurs tours, ne connaissant rien de ce qui se passe dans leurs juridictions. Ils sont alors les otages des renseignements généraux qui peuvent les manipuler. Quand le roi veut aller voir de plus près la réalité d'un village dans ce Maroc profond, il y va quel que soit le temps et quel que soit l'état de la route. Les responsables locaux n'ont jamais mis les pieds dans des parties du territoire qui leur a été confié. Le roi dit ainsi qu'il n'y a pas de région plus favorisée que d'autres. Les responsables locaux donnent à croire aux citoyens de certaines zones qu'ils sont les pestiférés du pays. En exploitant les leviers de la gouvernance locale à leur seul bénéfice, les agents de l'Etat donnent une image fausse de la monarchie. C'est la plus haute des trahisons.