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AINSI VA LE MONDE
Publié dans L'observateur du Maroc le 27 - 05 - 2008

Mardi, Paris : Le coup d'éclat permanent
Nicolas Sarkozy depuis un an au pouvoir. Quelques dizaines d'ambassadeurs en poste à Paris prennent le petit déjeuner et tentent d'ébaucher un bilan. Si on juge une politique à ses résultats, c'est vite fait. Les réussites manifestes ont rythmé les premiers mois du nouveau règne : le traité simplifié qui rénove les institutions européennes et la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien injustement condamnés en Libye. Mais si on cherche à dégager les lignes de force de la politique menée depuis douze mois, les excellences avouent leur embarras.
L'alignement sur les ?tats-Unis que certains d'entre eux prédisaient ? Malgré le retour annoncé dans le commandement intégré de l'Otan et le renforcement des effectifs en Afghanistan, parler de dérive atlantiste relève du procès d'intention.
Pas de rupture non plus au Proche-Orient : la révélation ce matin des contacts entretenus par un diplomate français avec les responsables du Hamas palestinien rappelle les efforts accomplis en vain par Paris il y a quelques années pour empêcher l'Europe d'inscrire le mouvement islamiste sur la liste des organisations terroristes...
Il était prématuré de claironner la fin de la France-Afrique, un ministre y a perdu son crédit et son poste. Idem de la priorité proclamée avant l'élection pour les droits de l'homme dont la défense ne devait plus jamais être entravée par la realpolitik. Il a suffit de nommer une secrétaire d'?tat pour être quitte avec le principe et l'?tat n'a rien changé à ses pratiques.
Peut-être que l'essentiel est l'accessoire : le style ! Un président et son ministre des affaires étrangères amateurs de coups d'éclats : Liban, Darfour, infirmières bulgares, Union pour la Méditerranée, Colombie, etc. La réussite de ces initiatives tapageuses importent en définitive assez peu. L'essentiel, c'est d'oser. Tempêter ou convaincre. Il faut être de tous les combats. Surtout de ceux qui se passent sous les sunlights. Comme au J.O, l'important, c'est de participer. C'est la diplomatie du coup d'éclat permanent.
Autre constante de cette politique étrangère, la volonté de trancher avec le passé. Nicolas Sarkozy ne se contente pas de dénoncer l'incurie de son prédécesseur devant les élus de sa majorité. Il tient à s'affranchir de tout héritage. Les pestiférés d'hier sont des hôtes bienvenus, à courtiser sans attendre. N. Sarkozy apprécie d'autant plus George Bush que Jacques Chirac le vomissait. De même a t il téléphoné à Bachar El Assad justement parce que son prédécesseur avait appris à s'en méfier et le tenait depuis l'assassinat d'Hariri en quarantaine. L'?lysée version 2008 est prêt à consentir beaucoup d'efforts pour renouer avec le Rwanda ou la Côte d'Ivoire qui décourageaient l'?lysée encore l'an dernier. La normalisation est en cours. La visite en fin de semaine en Angola va déjà permettre au président français de rencontrer Edouardo Dos Santos qui refusait depuis des années d'adresser la parole à Jacques Chirac. A coup sûr, ces deux là vont bien s'entendre, tant il est vrai qu'un ennemi commun rapproche beaucoup plus qu'un ami commun.
Dimanche, Bogota : Mort inattendue
La mort de Marulanda confirmée par le porte parole des Farc. Il parle du départ du « grand leader », comme en Corée du nord. C'est plus digne que ses surnoms habituels : le vieux ou Tirofijo (en plein dans le mille!). La guérilla s'est toujours revendiquée du « ¨Parti Communiste, ligne soviétique ». Lorsque le modèle d'origine a disparu, au début des années 80, les Farc ont d'ailleurs été désorientées. La guérilla a même participé au dialogue que proposait Bogota pour déposer les armes. Et puis Marulanda a choisi la fuite en avant. Il avait compris que le narcotrafic et les prises d'otages pouvaient remplacer avantageusement le financement cubain.
Marulanda passe l'arme à gauche. Comme celle de Pol Pot, la rumeur de sa mort a couru si souvent que ceux qui gardaient une bouteille de champagne au frais en attendant la disparition de Fidel Castro hésitent à l'ouvrir. Cela fait six ans qu'il n'avait pas été vu par quiconque. Un quart de siècle qu'il n'avait pas participé à une réunion publique. En langage journalistique, la mort de Marulanda fait partie des « marronniers », ces sujets bateau qui reviennent à la une quand l'actualité se traine. En 1972 déjà, un livre avait paru avec pour titre « les morts de Tirofijo ». Ces dernières années, la presse colombienne lui a diagnostiqué une hémorragie méningée, une fièvre typhoïde, un cancer de la prostate, etc.. En définitive, il aurait succombé à une crise cardiaque, dans les bras de sa bienaimée. C'est la mort la plus inattendue. Un Colombien au téléphone explique que Marulanda n'avait pas de cœur. Il était cruel et brutal, un vrai fauve.
Son successeur est son numéro 2, le délégué à l'idéologie, Alvaro Cuna. Il épousait la ligne de son maitre quand il négociait avec Bogota. Un discours modéré. Une pose moins féroce que les commandants subalternes. Un parfait homme d'appareil, au point d'équilibre des différents courants, d'où une réputation de courtisan. Le secrétariat général compte sept membres comme les sept nains dans la forêt de Blanche-Neige. Après la disparition de Tirofijo, trois sont à remplacer. Conséquence : personne ne peut jurer que Alvaro Cuna saura maintenir l'unité entre les différentes tendances du secrétariat général et la coordination entre les différents fronts militaires. Les experts prétendent que certains commandants sont tentés d'en finir avec la lutte armée et de jouir de l'impunité comme de la prime offerte par Alvaro Urribé. Alors que d'autres, moins nombreux, voudraient continuer à régner sur les fiefs qu'ils se sont taillés, où l'armée n'ira jamais les chercher. Mais quel crédit accorder à des experts qui dissertent sur les conséquences de la mort de Marulanda alors qu'ils ignoraient depuis deux mois qu'il avait disparu ?
Sous les coups de butoir de l'armée colombienne, les Farcs risquent évidemment de se disloquer. A terme, de sombrer dans la criminalité de droit commun. C'est le pire scénario pour les otages, car le gouvernement n'aurait plus rien à négocier avec des desperados.
A Paris,où la libération d'Ingrid Betancourt a pu être présentée comme la priorité des priorités de la diplomatie de Nicolas Sarkozy au point de faire douter qu'il y ait autre chose qu'une politique consulaire en guise de politique étrangère, on s'est retenu de fêter l'annonce du décès du tyrannosaure. La Secrétaire d'?tat aux droits de l'Homme a quand même parlé de sa « joie »... Expression malheureuse mais révélatrice. Le dossier Betancourt était dans l'impasse, malgré les efforts déployés. Tous les espoirs sont de nouveau permis.
Personne ne semble remarquer qu'en envoyant le mois denier un avion sanitaire dans la jungle et en lançant un appel télévisé à Monsieur Marulanda pour qu'il laisse évacuer Ingrid Betancourt que l'on disait au plus mal, Nicolas Sarkozy s'adressait à un homme, mort et enterré. En enfer, selon le ministre colombien de la défense.
Lundi, Beyrouth : la guerre à l'été ?
Il faut croire que les députés Libanais ont perdu toute confiance en eux-mêmes : c'est la troisième fois qu'ils désignent le chef d'état major des armées comme chef de l'?tat Les deux précédents ont laissé un désastre en héritage. Michel Aoun a mis le pays chrétien à feu et à sang, avant de ramener les Syriens à Beyrouth. Emile Lahoud a couvert la corruption qui a fini de ruiner les classes moyennes, aidé le Hezbollah à s'imposer comme un ?tat dans l'?tat et provoqué l'implosion d'un système politique fondé sur le compromis permanent. Il faut beaucoup de témérité pour attendre mieux de Michel Sleimane.
Au soir de son élection, l'officier a été béni par une classe politique qui affiche une unanimité de façade. Tous les camps se félicitent de l'opération, chacun étant bien décidé à tirer profit de sa faiblesse le moment venu. Les pays voisins ne sont pas en reste. L'Iran et la Syrie prennent acte, leurs intérêts sont intégralement sauvegardés. Le Golfe lui souhaite bonne chance, l'émir du Qatar a payé comptant ce succès qui fait des envieux à Ryad.
L'Amérique approuve, elle n'a pas le choix. La France envoie son ministre, qui tient tellement à être sur le photo aux côtés du nouvel élu. Les journaux du monde entier ronronnent en affirmant que le vide a été comblé à la tête de l'?tat et que le Liban échappe à la guerre civile.
Il serait mal élevé de rappeler qu'au Liban où se sont expérimentées toutes les formes de la guerre moderne, l'armée nationale est la seule à n'avoir jamais gagné une bataille. Elle n'a même jamais tenté d'empêcher une guerre. Ni les invasions régulières des Israéliens, ni la domination syrienne, ni l'occupation de larges territoires par les milices palestiniennes hier, chiites aujourd'hui. Son seul fait d'armes en trente ans : avoir bombardé pendant tout un été un faubourg de Tripoli tenu par des miliciens se réclamant d'Al Qaida et avoir perdu dans ces combats obscurs plus de deux cents hommes. Au bout du compte, un arrangement a permis aux chefs islamistes de s'enfuir et à l'armée d'enlever le bidonville en ruines et de proclamer une victoire de façade.
Le général Sleimane a t il manifesté une indépendance ou un courage particulier à la tête de l'institution ? Personne ne peut citer d'exemple. Sa carrière témoignerait plutôt du contraire. L'officier a été mis en place au temps où les Syriens contrôlaient même la circulation aux carrefours de Beyrouth. Il ne les a pas gênés. Ses hommes sont aussi restés l'arme au pied quand les grands défilés du printemps libanais bousculaient l'occupant. Les manifestants qui redoutaient le bain de sang ont vu de l'héroïsme dans cette forme de passivité. Dans les mois qui ont suivi, alors que le Hezbollah défiait l'autorité du nouveau gouvernement et se réarmait à outrance, le chef d'état-major s'est gardé d'entraver cette montée en puissance. De même, il a laissé la « Résistance » seule face à l'assaut israélien. Après la guerre de l'été 2006, les forces de l'Onu ont exercé une pression maximum pour que l'armée libanaise consente enfin à se déployer au Sud mais jamais le général Sleimane n'en aurait donné l'ordre s'il n'avait reçu auparavant l'accord du cheikh Nasrallah.
Un ancien ministre libanais qui passe sa fin de vie en exil regardait depuis sa suite dans un palace de la côte d'Azur l'élection du nouveau président : «Il faut se faire à l'idée que l'Iran soit sur la Méditerranée. Et ce n'est pas cette baderne qui pourra empêcher le retour du chaos que souhaitent les Syriens comme les Iraniens ».
Le pire n'est jamais certain, même au Liban. Mais ceux qui parient sur la reprise de la guerre à l'été ont des raisonnements plus convaincants que les médias qui annoncent la restauration de l'Etat libanais.


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