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Retro-Verso : La mosquée Ben Youssef de Marrakech, un joyau du XIIème siècle
Publié dans L'opinion le 19 - 03 - 2025

De l'époque almoravide à nos jours, la mosquée Ben Youssef est le témoin d'un patrimoine en perpétuel remodelage. Retour sur l'histoire d'un lieu hors du commun, particulièrement significatif en cette période de jeûne et de piété.
La mosquée Ben Youssef, située au cœur de Marrakech, est l'un des édifices religieux les plus emblématiques du Maroc. Construite en 1121 sous le règne de l'émir almoravide Ali ben Youssef, cette mosquée est un témoignage du raffinement architectural et spirituel d'une dynastie qui a tant offert à la ville.

Au début du XIIe siècle, la dynastie almoravide, d'origine amazighe, régnait sur un empire s'étendant de l'actuel Maroc jusqu'à la péninsule ibérique. Marrakech, fondée en 1070, était alors la capitale florissante de cet empire. Ali ben Youssef, fervent promoteur des sciences et des arts, entreprit de doter la ville de monuments majestueux, dont la mosquée Ben Youssef.

D'ailleurs, le célèbre historien Ibn Khaldoun décrivait Marrakech comme «une ville à l'empreinte almoravide saillante où la science et la piété se mêlent harmonieusement, façonnant l'âme et l'esprit de ses habitants». La construction de la mosquée s'inscrit parfaitement dans cette vision d'une cité florissante sur le plan intellectuel et religieux.

Ce lieu de culte se distinguait par son architecture sobre et fonctionnelle, caractéristique du style almoravide connu pour ses constructions solides et dépouillées, mettant en avant la rigueur et la pureté architecturale.

Bien que la mosquée d'origine ait subi de nombreuses modifications au fil des siècles, les vestiges de l'époque de sa construction permettent d'imaginer sa splendeur passée. Son plan s'inspirait des grandes mosquées de Cordoue, avec une vaste salle de prière soutenue par des arcs en fer à cheval et un minaret sobre mais imposant.

Parmi les éléments remarquables de cette mosquée figurait son mihrab finement décoré ainsi que l'utilisation d'ornements en stuc et en bois sculpté, annonçant les influences qui marqueront plus tard l'architecture saadienne et almohade. La présence d'un grand bassin d'ablution, élément essentiel de l'architecture almoravide, témoigne de l'importance de la purification rituelle dans l'islam.

Le géographe et voyageur Al-Idrissi écrivait à propos des édifices almoravides qu'ils ont su «allier la robustesse des constructions du désert à l'élégance raffinée des cités andalouses». Cette description s'applique parfaitement à la mosquée Ben Youssef.

Du déclin à la transformation

Avec l'arrivée des Almohades au pouvoir au milieu du XIIe siècle, les édifices almoravides furent largement remaniés ou détruits, conformément aux idéaux puritains de cette nouvelle dynastie. La mosquée Ben Youssef ne fit pas exception et subit de profondes modifications, bien que certaines structures d'origine aient survécu.

Au fil des siècles, la mosquée fut restaurée à plusieurs reprises, notamment sous les Saadiens et les Alaouites. À proximité de la mosquée fut également édifiée la célèbre Medersa Ben Youssef au XVIe siècle, qui allait devenir un centre d'apprentissage islamique majeur du Maroc.

L'écrivain français Pierre Loti, lors de ses voyages au Maroc, décrivait Marrakech comme une ville «où chaque pierre semble chargée d'histoire et où les ombres des souverains d'antan planent sur ses minarets». Cette évocation illustre bien l'importance de la mosquée Ben Youssef dans le paysage historique de la ville.

Aujourd'hui, bien que la mosquée Ben Youssef ne conserve que peu d'éléments de son architecture initiale almoravide, elle demeure un site historique majeur de Marrakech. Sa proximité avec la Medersa en fait un pôle d'attraction pour les passionnés d'histoire et d'architecture.

Symbole du rayonnement almoravide et témoin de l'évolution architecturale marocaine, la mosquée Ben Youssef incarne l'héritage d'une époque où Marrakech brillait comme un centre intellectuel et religieux de premier plan. Son histoire, jalonnée de transformations et de réinterprétations, reflète la richesse et la complexité du patrimoine marocain à travers les siècles.

Grandes personnalités : Ali ben Youssef, le grand bâtisseur de la Cité ocre
Ali ben Youssef (r. 1106-1143) fut l'un des plus grands souverains de la dynastie almoravide. Son règne, marqué par un profond attachement à l'islam et une politique d'expansion et de consolidation, permit à Marrakech de devenir un centre religieux et culturel majeur du monde musulman médiéval.

Fils du fondateur de l'empire almoravide, Youssef ben Tachfine, Ali ben Youssef hérita d'un vaste territoire s'étendant du Maghreb à Al-Andalous. Dès son accession au trône, il affermit l'influence de l'islam sunnite malékite en encourageant les érudits et en imposant une stricte orthodoxie religieuse.

Il fit venir de nombreux oulémas et renforça l'application de la charia dans son empire. Son alliance avec des théologiens influents permit de propager l'éducation islamique et de consolider la piété dans la société. C'est sous son règne que Marrakech devint un foyer intellectuel incontournable, attirant des érudits venus de tout le monde musulman.

Ben Youssef transforma Marrakech en une ville prospère et bien organisée. Il fit ériger plusieurs infrastructures essentielles, dont la célèbre mosquée Ben Youssef en 1121. Cette mosquée devint un centre de prière et d'enseignement, renforçant le statut religieux de la ville.

Il entreprit également des travaux d'urbanisme, notamment l'agrandissement des remparts de Marrakech pour protéger la ville des attaques. Ces fortifications, encore visibles aujourd'hui, témoignent de son ambition de faire de Marrakech une cité imprenable.

Malgré ses succès, il dut faire face à la montée des Almohades, un mouvement religieux et militaire contestant la légitimité almoravide. À la fin de son règne, Marrakech subit les assauts des Almohades, qui finirent par renverser les Almoravides en 1147. Néanmoins, l'héritage de ces derniers perdure à travers les monuments et l'organisation urbaine qu'ils laissèrent derrière eux.
Héritage : Les mosquées, entre patrimoine et spiritualité
Les mosquées du Maroc ont toujours incarné un lieu où se rencontrent harmonieusement l'architecture, l'Histoire et le patrimoine. Fruit d'influences multiples (arabes, amazighes, andalouses et méditerranéennes) elles reflètent une identité marocaine à la fois unique et plurielle, marquée par la diversité de ses racines culturelles.

Elevant leurs minarets dans un majestueux élan, les mosquées marocaines continuent d'éblouir par leur singularité, où l'harmonie des détails sculptés et la sérénité spirituelle se mêlent pour témoigner de siècles d'artisanat minutieux, forgé par les multiples influences qui ont façonné le Maroc et ses relations avec ses voisins.

À travers les échanges fructueux, certaines mosquées ne sont pas seulement des lieux de culte, mais des chefs-d'œuvre architecturaux inimitables, que seule la main de l'artisan marocain pourrait reproduire. C'est cette spécificité, profondément ancrée dans l'histoire du pays, qui se manifeste dans l'architecture de ces édifices. Leur beauté esthétique et leur dimension spirituelle forment un tout indissociable, que tout visiteur perspicace reconnaît instantanément.

Pour l'historien Ahmed Achaâbane, expert en architecture islamique, l'évolution des arts et de l'architecture est indissociable d'un enchevêtrement d'influences internes et externes. Ces interactions, aussi bien locales qu'étrangères, ont largement contribué à façonner l'identité marocaine, notamment à travers son architecture.

Ce dialogue constant des influences a laissé une empreinte durable sur l'architecture marocaine, donnant naissance à un style distinctif que l'on retrouve dans la variété des motifs et la richesse des décorations. Ces éléments révèlent le génie de l'artisan marocain, capable de transformer les formes et les matériaux en véritables œuvres d'art.

Loin de se limiter à des constructions fonctionnelles, les mosquées marocaines ont aussi évolué sur le plan décoratif. Pour Achaâbane, les évolutions architecturales ne peuvent être dissociées des progrès réalisés dans des domaines tels que la décoration, la sculpture sur bois et le travail du zellige. Ces avancées sont le reflet de l'essor culturel et économique qui a marqué l'histoire du Maroc.

Avant la dynastie des Almoravides, les principautés marocaines se sont davantage concentrées sur la construction que sur la décoration. Cependant, avec l'arrivée des Almohades, les artisans marocains ont laissé libre cours à leur créativité, donnant naissance à des décorations en plâtre et des sculptures en pierre qui se retrouvent dans des monuments comme les mosquées de Tinmel et de la Koutoubia.
Echos de presse : La mosquée, selon les médias panarabes
Fleuron et porte-drapeau de l'architecture almoravide, la mosquée continue d'émerveiller les intellectuels et historiens du monde arabe. Des journaux prestigieux, tels qu'Al-Ahram en Egypte et Asharq Al-Awsat en Arabie saoudite, lui ont consacré de nombreux articles, louant son rôle historique et sa splendeur architecturale.

Dans un article publié en 1981 par Al-Ahram, l'un des plus anciens quotidiens du monde arabe, la mosquée est décrite comme "un témoignage vivant de la grandeur almoravide et du raffinement architectural marocain". Le journal mettait en avant "son importance dans la diffusion du savoir religieux et l'ancrage du rite malékite en Afrique du Nord".

De son côté, le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat salue, dans un numéro datant de 1997, la restauration et la préservation du monument, affirmant que "la mosquée Ben Youssef, avec sa proximité de la célèbre medersa du même nom, incarne la symbiose parfaite entre spiritualité et érudition".

Mais Al-Ahram est allée encore plus loin, qualifiant la mosquée de «phare spirituel de Marrakech, qui a vu défiler générations de savants et de fidèles».

Ainsi, selon la presse panarabe, la Mosquée Ben Youssef ne se limite pas à un simple lieu de culte : elle est un témoin de l'Histoire et une source d'inspiration pour les architectes et les historiens. À travers les âges, elle demeure une "véritable bibliothèque de pierre, dont les murs racontent l'histoire du Maroc et de l'islam", comme l'écrit Asharq Al-Awsat.

Marrakech continue, ainsi, d'attirer les regards du monde arabe, et la mosquée Ben Youssef reste, aujourd'hui encore, un emblème de son prestige spirituel et culturel.
Jalons : L'entrée de l'Islam, un tournant historique
Marrakech, aujourd'hui l'une des villes les plus emblématiques du Royaume, doit son enracinement dans l'Islam à un épisode décisif du XIe siècle. C'est en 1062 que cette cité, fondée par les Almoravides sous la direction de Youssef Ibn Tachfine, devint un bastion de l'islam sunnite malékite et un centre religieux majeur en Afrique du Nord.

Les Almoravides, dynastie amazighe rigoriste, émergent du Sahara avec une volonté de restaurer un islam orthodoxe, fidèle aux préceptes de la Sunna. Inspirés par les enseignements du juriste Abdallah Benyassine, ils prônent un retour aux pratiques islamiques strictes et étendent leur influence à travers le Maghreb et l'Andalousie.

Lorsque Marrakech est fondée en 1062, elle devient rapidement un centre de diffusion de l'islam. Youssef ben Tachfine fait bâtir des mosquées et des écoles coraniques (madrasas) pour asseoir l'autorité religieuse de l'islam malékite. La ville attire savants et jurisconsultes, consolidant son rôle spirituel. L'érection de la mosquée Ben Youssef au début du XIIe siècle en est un témoignage frappant.

Dès son origine, Marrakech joue un rôle clé dans la propagation de l'islam. Sa situation stratégique en fait un point de rencontre entre les populations du Nord et celles du Sahara. Sous les Almoravides, puis les Almohades qui prennent la ville en 1147, l'influence islamique s'amplifie, donnant naissance à une ville imprégnée d'une forte identité religieuse. Ainsi, l'entrée de l'islam à Marrakech marque non seulement une transition politique, mais aussi le début d'un rayonnement culturel et spirituel qui perdure encore aujourd'hui.


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