Les deux chambres parlementaires viennent de clore leur session d'automne, renvoyant à ultérieurement le débat et éventuellement l'adoption d'un projet de loi régissant le travail domestique. Et pourtant, un tel texte est vital pour la réglementation d'une « activité » qui touche principalement des jeunes filles mineures issues de milieux ruraux défavorisés, dont la plupart sont jetées en pâture à une exploitation outrancière. Le projet de loi en question est l'aboutissement de plusieurs années de travail et de gestation, même s'il ne répond pas aux aspirations de tous les acteurs qui militent contre le fléau de l'exploitation des petites filles dans le travail domestique. Car si le projet du texte aspire à réglementer le travail domestique, il ne fait pas néanmoins de distinguo entre le travail domestique des mineurs et de personnes adultes. Certes, il prévoit d'instaurer, contrat de travail, salaire minimum, repos hebdomadaire et congés annuels entre autres. Le projet de loi va jusqu'à prévoir des sanctions aux éventuels contrevenants à ces dispositions. Mais s'il prévoit un salaire minimum, il ne l'ajuste pas au SMIG, obligeant seulement l'employeur à ne pas « descendre » en deçà de 50% du SMIG. Présenté de cette manière, on peut dire que le texte à été bouclé, pour ne pas dire bâclé, juste par souci de combler le vide législatif en la matière. Qu'à cela ne tienne! C'est déjà ça, serait-on tenté de dire, en espérant que le Parlement y va aussi de sa contribution pour son amélioration d'abord, mais surtout pour qu'il voit le jour et soit mis en vigueur pour que cesse le plus vite possible une exploitation d'une frange de l'enfance marocaine qui doit trouver place sur les bancs des classes et non arcboutée sur les serpillières. Et plus vite ce texte verra le jour, plus vite le Maroc réparerait une injustice qui frappe une des catégories les plus lésées de travailleurs. Mais pour que le texte soit vraiment probe, il faudrait d'abord qu'il combatte réellement l'exploitation des mineurs dans le travail domestique. Une exploitation qui aboutit parfois ou souvent à des drames, comme ce fut le cas de la petite bonne d'Agadir, Fatim, décédée dans son 14ème printemps des suites de brûlures infligées par son employeuse qui a été condamnée à 20 ans de prisons pour son forfait. Pour le moment, les procès pour ce genre de forfaits sont la seule occasion d'intervention de l'Etat en l'absence de règlementation de ce genre de travail. Reste, que le plus souvent, pour ne pas dire toujours, ce sont les parents de ces enfants, pauvreté et misère obligent, qui les « placent » dans les foyers en tant que petites « bonnes ». A l'issue du procès de l'employeuse da la petite Fatim, plusieurs voix se sont élevées pour exhorter les mères et les parents à ne pas envoyer leurs enfants travailler dans les maisons. Mais comment obliger des parents nécessiteux à dédaigner une source de revenu, même dérisoire, pour ne pas transgresser la loi? Cela est une autre paire de manches.