Le Maroc est le pays le plus avancé du Maghreb dans le domaine des énergies renouvelables. Tel est le constat de la BAD (Banque Africaine de Développement) dressé dans son nouveau rapport : « Le secteur des énergies renouvelables et l'emploi des jeunes en Algérie, Libye, Maroc et Tunisie », publié à quelques jours de la tenue du 7 au 18 novembre prochain à Marrakech de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP22). « Outre son fort potentiel d'énergie solaire, il possède un énorme potentiel (économique) d'énergie éolienne (estimé à jusqu'à 25 GW), en raison de sa situation au cœur d'un pôle énergétique et de sa connexion avec le réseau électrique espagnol », souligne la BAD. C'est ainsi que le Maroc produit environ 6135 MW d'énergie par an. Une production qui se répartit comme suit : 4166 MW par des centrales électriques classiques, 1748 MW d'énergie hydraulique (28%) et 222 MW d'énergie éolienne (3,6 %). Pour la BAD, ce développement que connait le Maroc en matière des énergies renouvelables au Maghreb est du plusieurs facteurs. D'abord, la stratégie nationale de développement des énergies renouvelables (2011-2030), adoptée en 2011, dont l'objectif est de réduire la dépendance à l'égard de l'électricité importée de l'étranger, de protéger l'environnement, de diminuer les émissions de CO2 et de lutter contre le changement climatique. Plus particulièrement, la stratégie nationale se concentre sur l'aménagement de parcs éoliens et de centrales solaires à concentration (CSC), visant une capacité installée de 6000 MW (2000 MW d'énergie éolienne, 2000 MW d'énergie solaire et 2000 MW d'énergie hydroélectrique), soit 42 % de la capacité totale d'ici 2020. Le second facteur est que le Maroc présente une densité démographique très faible et de vastes territoires pouvant être utilisés pour la production d'énergie éolienne. Le troisième est relatif à la nouvelle constitution adoptée par le Maroc en 2011 qui évoque, pour la première fois, le droit à un environnement sain. Ce droit englobe le droit au développement durable et aux services essentiels (assainissement, accès à une eau potable, gestion de déchets). Il s'agit aussi de la loi-cadre, adoptée en janvier 2013, sur l'environnement et le développement durable énonce les droits et obligations de l'État et des citoyens en matière deprotection et de préservation de l'environnement et en matière de développement durable. Elle établit une « Police de l'environnement» afin de renforcer les inspections etles contrôles environnementaux, crée une« fiscalité verte » et préconise la réduction, la réutilisation et le recyclage des déchets, pour une utilisation plus productive et résiliente des ressources environnementales. Mieux encore, une stratégie nationale pour la gestion durable des ressources naturelles est en cours d'élaboration. Néanmoins, pour la BAD, le pourcentage réel d'énergie renouvelable produite sera d'environ 15 % (au lieu des 42 % annoncés), à cause de l'instabilité des précipitations et des fluctuations des autres secteurs d'énergie renouvelable (solaire, hydraulique, etc.). Jusqu'à présent, le secteur des énergies renouvelables au Maroc a privilégié de vastes parcs éoliens et des centrales solaires à concentration (CSC) qui coûtent cher. À l'avenir, la construction à grande échelle de plus de microcentrales solaires pourrait s'avérer porteuse. Pour le moment, elle est entravée parce que l'intégration générale de microcentrales dans le réseau de basse tension n'est pas encore possible. Toutefois, l'approvisionnement de zones rurales éloignées par des microcentrales (éoliennes, photovoltaïques ou hydro-électriques) constitue aussi une option intéressante. Le principal défi dans le domaine des énergies renouvelables est l'extrême dépendance du Maroc à l'égard des importations d'énergie et la fluctuation des cours du pétrole et du gaz, avec pour corollaire des dépenses énergétiques élevées. Celles-ci réduisent les moyens financiers que le pays pourrait consacrer à d'importants investissements nécessaires pour transformer le bouquet énergétique en faveur des énergies renouvelables. La demande croissante, qui devrait doubler au cours des 10 prochaines années, accroîtra également le déficit de la balance énergétique. Par conséquent, toujours selon la BAD, les énergies renouvelables constituent une solution valable pour résorber ce déficit dans un avenir proche et répondre aux besoins du marché énergétique local. Dans l'ensemble, la BAD estime que malgré les défis existants, les pays du Maghreb sont des marchés très dynamiques et émergents. « Les perspectives du secteur des énergies renouvelables dépendront également de l'évolution à l'échelle mondiale, mais surtout de la mise en œuvre réussie et efficace des ambitieux programmes d'énergies renouvelables mis en place par les différents pays, qui peuvent certainement ouvrir de nouvelles opportunités pour la création d'emplois hautement qualifiés dans la production, l'exploitation et la maintenance des énergies renouvelables et stimuler une croissance durable et verte »,souligne la BAD.