Le Maroc fait face à des vagues de chaleur de plus en plus intenses, conséquence directe du changement climatique. Cette situation impose une transformation urgente de la gestion urbaine, notamment à travers une politique de reboisement adaptée. L'objectif est de remplacer la « palmisation » inefficace par des plantations d'arbres locaux capables d'apporter ombre, fraîcheur et réduire la concentration en dioxyde de carbone, pour mieux protéger les habitants et les villes des effets du réchauffement. Alors que la saison estivale approche et que les températures au Maroc s'apprêtent à franchir des seuils records, un constat scientifique alarmant vient renforcer l'urgence d'agir. Dans sa dernière évaluation mondiale sur les extrêmes thermiques, un consortium international d'experts a révélé que le changement climatique d'origine humaine a amplifié de façon dramatique la fréquence, l'intensité et la durée des vagues de chaleur sur la planète. L'année écoulée, de mai 2024 à mai 2025, a été la plus chaude jamais enregistrée. Le Maroc n'a pas échappé à cette réalité, avec une augmentation notable du nombre de journées caniculaires et des écarts thermiques supérieurs aux normales saisonnières. Selon cette étude, le Royaume a connu 43 jours de chaleur extrême, dont plus de la moitié directement liés au réchauffement global. Deux vagues de chaleur majeures ont particulièrement marqué la période : une en juillet 2024, affectant tout le bassin méditerranéen avec un excédent thermique de +2,3 °C, et une autre, précoce et inhabituelle, en avril 2025, qui a frappé le Maroc et l'Afrique du Nord-Ouest avec une anomalie de +1,2 °C. Dans ce contexte, le Maroc, malgré un écart thermique annuel moyen (+0,7 °C) plus modéré que celui de certains de ses voisins comme l'Algérie ou la Tunisie, doit faire face à un défi majeur : adapter ses villes pour préserver la santé et le bien-être de ses citoyens. L'intensification des températures extrêmes ravive une problématique longtemps dénoncée par les experts en climat et en développement durable : l'insuffisance d'une politique cohérente de végétalisation urbaine, et l'erreur persistante qu'est la « palmisation » des espaces publics. Lire aussi : L'anticyclone des Açores provoque une chaleur extrême au Maroc Malgré les alertes répétées, les autorités locales continuent de privilégier la plantation de palmiers dans les villes marocaines. Or, cette pratique, largement critiquée par les militants écologistes, est peu adaptée aux besoins des agglomérations soumises à des pics de chaleur. Le palmier, mieux adapté aux zones désertiques, ne fournit pas une ombre suffisante ni un effet rafraîchissant notable. En plus de ne pas répondre aux exigences climatiques, cette « palmisation » prive les villes d'une végétation capable d'absorber efficacement le dioxyde de carbone, un élément crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les militants de Maroc Environnement 2050, à l'origine de la campagne « Arrêtez les palmiers... plantez des arbres », dénoncent aussi la destruction parfois brutale du peu de végétation existante, comme ce fut récemment le cas à Casablanca, où un élagage sévère a été qualifié de « torture » par les défenseurs de l'environnement. Des villes comme Kénitra ou Fès souffrent d'un réel déficit en espaces verts, privant leurs habitants de lieux de détente et de fraîcheur, ce qui contraint les populations à réduire leurs déplacements en journée pendant les pics de chaleur. Le manque d'arbres aggrave les effets de la chaleur urbaine, rendant d'autant plus urgente l'adoption d'une stratégie nationale de végétalisation. Selon les écologistes, le rôle des arbres dans la modération des températures est désormais prouvé. Ils permettent non seulement d'offrir de l'ombre, mais aussi de rafraîchir l'air ambiant par évapotranspiration, tout en capturant une partie du CO2 atmosphérique. À cet égard, l'exemple d'Abu Dhabi est instructif : en plantant plus d'un million d'arbres et palmiers adaptés, la ville a réussi à faire baisser ses températures d'environ un degré, un exploit d'autant plus remarquable dans une région aux chaleurs extrêmes.