Au premier trimestre 2025, les exportations du secteur automobile marocain ont reculé de 7,8 %, une première depuis 2020. En cause : la baisse de la demande européenne pour les véhicules thermiques, le ralentissement de la production locale et les mutations du marché mondial. Le Maroc mise désormais sur l'électrique pour relancer une industrie stratégique en pleine transition. Le secteur automobile marocain, fleuron de l'économie nationale et principal moteur des exportations industrielles, connaît un début d'année 2025 en demi-teinte. Selon les données de l'Office des changes, les exportations du secteur ont chuté de 7,8 % au premier trimestre, s'établissant à 37,3 milliards de dirhams, contre 40,5 milliards à la même période en 2024. Ce repli représente un manque à gagner de 3,1 milliards de dirhams et constitue la première baisse trimestrielle significative depuis la crise sanitaire de 2020. La baisse globale s'explique en grande partie par un fort recul de deux segments stratégiques : les véhicules assemblés localement et les composants exportés. Les exportations de véhicules fabriqués au Maroc ont chuté de 23,7 %, atteignant seulement 13,7 milliards de dirhams. Le segment des composants, quant à lui, a reculé de 14 %, ne totalisant que 877 millions de dirhams. Dès janvier (baisse de 10,9 %) et février (recul de 8,2 %), les signes avant-coureurs d'un ralentissement étaient déjà perceptibles. Fin mars, l'essentiel de la chaîne de valeur semblait affecté. Un seul segment échappe à cette dynamique : celui du câblage automobile. Ses exportations ont progressé de 2,4 %, atteignant 14,4 milliards de dirhams, un signe que certaines niches de la filière continuent de résister. Lire aussi : Voitures électriques : le Maroc vise une production annuelle de 107 000 unités d'ici fin 2025 Cette contre-performance tranche avec la dynamique observée au cours des dernières années. Depuis le plongeon de 2020, où les exportations avaient chuté de 25,3 %, le secteur avait enchaîné les performances positives avec une hausse de 38 % au premier trimestre 2021, 6,9 % en 2022, 44,8 % en 2023 et encore 13,1 % en 2024. Ce premier trimestre 2025 marque donc un coup d'arrêt inattendu. Et la tendance semble se confirmer. En avril 2025, les exportations du secteur automobile ont encore reculé de 7 % par rapport à avril 2024, pour atteindre 49 milliards de dirhams. Les véhicules assemblés localement sont une fois encore les plus touchés, avec une baisse de 22 % (17,8 milliards de dirhams). Plusieurs facteurs expliquent cette inflexion. D'une part, les constructeurs présents au Maroc, notamment Renault Maroc et Stellantis, enregistrent une baisse de leur production. Renault a signalé une diminution de 3,6 % de sa production sur ses sites de Tanger et Casablanca entre janvier et avril 2025. Stellantis, de son côté, est affecté par un recul de ses ventes en Europe, notamment après des rappels liés à des airbags défectueux. D'autre part, le marché européen, principal débouché des exportations marocaines, est en pleine mutation. La demande pour les véhicules thermiques traditionnels, cœur de l'offre marocaine, s'effondre. Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles, leur part de marché est passée de 48,3 % en mars 2024 à seulement 38,2 % au premier trimestre 2025. Cette baisse s'inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs années. En parallèle, les véhicules hybrides représentent désormais 35,5 % des ventes, tandis que les électriques atteignent 15,2 %. Renault Maroc souligne d'ailleurs que la baisse actuelle doit être relativisée. Le constructeur évoque une réallocation partielle de la production vers le marché national, en forte croissance, ainsi qu'un possible rééquilibrage dès le deuxième trimestre. La performance industrielle, rappelle-t-il, doit être évaluée sur le long terme, en tenant compte de multiples paramètres commerciaux et logistiques. Conscient de ces mutations structurelles, le Maroc mise sur l'électrification du secteur pour rebondir. Des projets d'envergure, comme la gigafactory de Gotion High-Tech à Kénitra, visent à créer un écosystème local de production de batteries, élément stratégique représentant jusqu'à 35 % du coût d'un véhicule électrique. Si le secteur automobile marocain traverse une période difficile, les perspectives restent ouvertes à condition de réussir le virage de la transition énergétique.