Malgré un contexte géopolitique et économique mondial sous tension, le Royaume conserve une notation stable, illustrant sa résilience relative sur le continent africain. Le Maroc maintient ainsi sa position de bon élève nord-africain dans la cartographie des risques pays de Coface. Secoué par la résurgence des guerres commerciales, les tensions croissantes au Moyen-Orient et le ralentissement généralisé des perspectives économiques, le contexte mondial met à l'épreuve la résilience des économies émergentes. Le Maroc, quant à lui, parvient à préserver une stabilité relative. Dans sa dernière évaluation semestrielle publiée en juin 2025, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) maintient la note de risque pays du Royaume à « B ». Une notation intermédiaire qui reflète, malgré certaines vulnérabilités structurelles, la capacité de l'économie marocaine à absorber les chocs extérieurs. Cette stabilité prend un relief particulier alors que Coface a revu à la baisse les notations de 23 secteurs et de quatre pays, reflet d'un climat d'affaires globalement assombri. Dans ce panorama marqué par l'incertitude, le Maroc se distingue comme la meilleure signature en Afrique du Nord, devant l'Algérie, l'Egypte et la Tunisie, dont les vulnérabilités économiques et politiques pèsent plus lourdement sur leur attractivité. Lire aussi : Plusieurs pays, dont le Maroc, alertent sur la situation alimentaire alarmante et le risque de famine au Soudan Le maintien de la note « B », cinquième niveau sur l'échelle à huit paliers de Coface (allant de A1 à E), traduit un risque d'impayé jugé « assez élevé », tout en demeurant éloigné des zones à très haut risque. Cette classification ne constitue donc pas une alerte, mais signale une prudence structurelle liée aux caractéristiques du tissu économique marocain. Composé à près de 90 % de très petites entreprises (TPE), dont une large proportion opère en marge du secteur formel, le système productif national peine à se formaliser et à gagner en robustesse financière. Cette dualité – stabilité macroéconomique d'un côté, fragilité microéconomique de l'autre – est au cœur du diagnostic de Coface. L'Etat marocain a su maintenir des équilibres fondamentaux, en dépit de pressions multiples sur les finances publiques, des déficits extérieurs persistants et d'une dépendance notable aux aléas climatiques, notamment pour son secteur agricole. Mais les capacités d'endurance des entreprises, elles, demeurent inégalement réparties. Contexte mondial dégradé La notation du Maroc intervient dans un contexte mondial particulièrement délétère. La politique commerciale offensive des Etats-Unis, marquée par l'imposition de nouveaux droits de douane, et l'escalade des tensions au Moyen-Orient – en particulier autour du détroit d'Ormuz et du conflit israélo-iranien – ont contribué à accroître la volatilité des marchés. Cette instabilité systémique fragilise les chaînes d'approvisionnement, augmente les coûts de financement et freine les investissements dans les pays émergents. Dans ce cadre, Coface observe une multiplication des chocs externes aux effets cumulatifs : durcissement des politiques monétaires dans les pays développés, ralentissement du commerce international, vulnérabilités financières croissantes dans plusieurs économies. Les pays du Sud global sont les premiers exposés à ces pressions croisées. Pourtant, le Maroc parvient à se maintenir hors du cercle des dégradations, un signal lu comme un gage de relative prévisibilité pour les investisseurs internationaux. Pour autant, le statu quo n'est pas synonyme d'avancée. La note « B » confirme un potentiel résilient, mais aussi un plafond difficile à franchir sans transformation structurelle. Le maintien de cette notation traduit une reconnaissance implicite des efforts engagés – en matière de réformes fiscales, de modernisation logistique, ou encore de transition énergétique – mais souligne aussi les lenteurs persistantes dans la réforme du secteur informel, la bancarisation des TPE, ou encore la sécurisation des délais de paiement. L'enjeu pour les autorités marocaines reste donc double : consolider les équilibres macroéconomiques dans un environnement mondial incertain, tout en renforçant les fondations internes de la compétitivité. La réforme de l'administration, la lutte contre la corruption, la promotion de l'investissement productif et l'essor de l'industrialisation sont autant de leviers que Coface considère comme décisifs pour rehausser, à moyen terme, la notation du pays. Dans une Afrique du Nord à la recherche de repères économiques stables, la position du Maroc demeure un facteur de différenciation. À l'heure où les grandes agences de notation réévaluent leurs critères d'analyse, la lecture de Coface vient conforter l'image d'un pays qui, bien que soumis à des contraintes internes non négligeables, parvient à rester maître de sa trajectoire. Dans un monde traversé par les incertitudes géopolitiques, cette constance vaut désormais son poids d'or.