Il est des dates où l'on ne célèbre pas simplement le passage du temps, mais la densité du chemin parcouru. Il est des dates qui dépassent les calendriers, des fêtes qui ne se contentent pas de rythmer l'année mais qui, à elles seules, portent une mémoire, incarnent une fidélité, racontent une nation. Ainsi le 30 juillet n'est pas une fête comme les autres, c'est une respiration nationale. Le Maroc y célèbre, cette année, le 26e anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Vingt-six années d'un règne qui a hissé le pays au croisement du monde et de lui-même. Un quart de siècle de réformes audacieuses, de douleurs surmontées, d'ambitions embrassées. Un règne qui a changé le visage du Royaume sans en trahir l'âme. La Fête du Trône n'est ni un rite figé, ni une simple célébration. C'est un serment renouvelé, Un instant suspendu où le Maroc regarde son passé non par nostalgie, mais pour mesurer l'élan qu'il s'apprête à prendre. Un rituel silencieux traverse le pays, ce jour-là. le Royaume réaffirme un pacte et rappelle un lien indéfectible. Ainsi le 30 juillet, les drapeaux se dressent plus fièrement et vibrent haut, les rues se parent de rouge et vert, et les cœurs battent au rythme d'un cérémonial qui dépasse le rituel. Les discours résonnent comme des oracles de temps nouveaux. Mais au-delà des ors du protocole et de la ferveur populaire, la Fête du Trône, en apparence institutionnelle, dit autre chose : elle réaffirme ce lien organique, presque mystique, entre la monarchie et la Nation. C'est le moment où la monarchie se raconte, non pas comme une autorité distante, mais comme une mémoire partagée, vivante, mouvante. Derrière la solennité, au-delà des formalités, s'élève un souffle, celui d'un peuple rassemblé autour d'un destin commun, porté par la constance du Trône, animé par la mémoire et tendu vers l'avenir. La Fête du Trône, c'est l'Histoire qui prend forme dans le présent, c'est une déclaration. C'est le Maroc qui se regarde droit dans les yeux et se dit : nous sommes toujours là, ensemble, debout, et en marche. Un pacte au-delà du visible Institution millénaire, la monarchie marocaine n'a jamais été un simple levier de pouvoir. Elle est un repère dans le sable mouvant de l'Histoire, un fil d'or tissé dans la mémoire collective. Elle ne règne pas par la force, mais par la constance. Le Trône, dans l'imaginaire marocain, n'est ni un reliquat du passé ni un outil de domination mais un symbole vivant d'équilibre, de continuité et d'identité. Il veille quand tout chancelle, rassure quand tout vacille, éclaire sans toujours parler. Instituée en 1933 sous le Protectorat, la Fête du Trône fut d'abord un geste de résistance feutrée : une affirmation de loyauté au Sultan, sous l'œil pesant de la colonisation. Lire aussi : Discours du 26e anniversaire de la Fête du Trône : Le temps des certitudes et des sursauts Aujourd'hui encore, elle résonne, elle relie les générations, traverse les révolutions technologiques, accompagne les métamorphoses sociales. Elle est depuis restée le seul rituel monarchique inscrit dans le calendrier des citoyens, un paradoxe heureux où l'héritage et la modernité se croisent sans se heurter. Chaque 30 juillet, le Maroc ne célèbre pas un Roi, mais ce qu'il incarne. Un pacte moral et silencieux, reconduit d'année en année entre le Trône et la Nation. Une alliance intime, tissée de mémoire, de responsabilité et de confiance mutuelle. Ce n'est pas un anniversaire mais un serment renouvelé. Le rappel, dans un monde en mutation, que l'histoire du Maroc s'écrit à deux voix, celle de son peuple et celle de son Roi. Un symbole au-delà des discours Le Trône, au Maroc, n'est pas un simple symbole d'autorité. II est gardien, inspirateur, rassembleur. Il veille dans le silence, éclaire dans l'ombre, et demeure, toujours, présent. Le Roi n'est pas uniquement Chef d'Etat, il est Amir Al-Mouminine, garant de l'unité spirituelle, arbitre des tensions, acteur discret dans les drames nationaux et catalyseur des élans collectifs. La Fête du Trône, chaque année, ne donne pas seulement à entendre une parole Royale, elle permet de prendre le pouls profond de la Nation dont l'écho est toujours vif. Et parce que, plus qu'une commémoration, ce moment est une occasion de revisiter ce qui, au fond, nous relie. Les empreintes de ce règne sont visibles dans la pierre et dans les textes. Ports, autoroutes, lignes à grande vitesse, villes nouvelles, zones industrielles, plateformes logistiques : le Maroc s'est bâti une colonne vertébrale. À cela s'ajoutent les réformes majeures comme la Moudawana revisitée, la Constitution de 2011, les stratégies sectorielles, les plans verts, les horizons d'un Nouveau Modèle de Développement… Mais plus encore que les infrastructures ou les lois, le Royaume s'est façonné une posture. Un équilibre rare, enraciné dans sa tradition et tourné vers l'avenir, africain et atlantique, musulman et universel. Un pays qui défend sa stabilité tout en comprenant que l'immobilisme n'est plus une option. Dans cette alchimie subtile, le Trône tient lieu de boussole. Il veille, oriente, impulse, apaise. Un Maroc qui articule l'action à la vision En 2025, vingt-six années se seront écoulées depuis l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Vingt-six années durant lesquelles le Maroc a changé de visage, sans jamais trahir son âme. Le Royaume a grandi, résisté, trébuché parfois, mais toujours en gardant les yeux fixés sur l'horizon. Ce n'est pas une simple longévité au pouvoir que l'on célèbre mais la construction patiente d'une Vision, l'architecture d'un projet national fondé sur la réforme, l'audace et la fidélité aux fondamentaux. Le Maroc, il faut bien le dire, n'a jamais cessé de croire en sa propre histoire, une histoire qui s'écrit, faut-il le rappeler, sous la conduite d'un Souverain qui a su mêler la continuité institutionnelle à la volonté assumée de réforme, de modernisation, de rupture avec certaines inerties. Et ce que ce règne a imprimé dans le marbre de l'Histoire marocaine n'est pas seulement fait de discours ou de symboles, mais d'ouvrages visibles, de réformes tangibles, d'axes stratégiques audacieux. Ce règne n'est pas celui d'une simple gestion du pouvoir. Il est celui d'une vision et parfois même d'une tension entre ambition et réalité. Il a fallu pacifier sans figer, réformer sans diviser, construire sans dénaturer. Sous nos yeux, un pays a surpris. Nous avons vu émerger une monarchie à visage plus direct, proche du peuple, attentive à ses fractures, parfois silencieuse, mais toujours en éveil. Le Maroc s'est construit, physiquement et symboliquement. Plus sûr de lui, plus affirmé, plus connecté. Il s'est positionné comme leader régional, ancrant sa stabilité dans une architecture sécuritaire unique, alliant renseignement, prévention, et encadrement religieux modéré. Depuis les attentats de Casablanca en 2003, la sécurité intérieure et régionale est devenue doctrine et diplomatie. Dans un environnement régional instable, le Maroc est devenu exportateur de confiance. Une « diplomatie sécuritaire » s'est imposée, intégrant cybermenaces, migrations, climat, et géopolitique de la paix. D'autant plus que le Royaume a très tôt compris que l'avenir se jouait sur les territoires du soleil et du vent. Avec Noor à Ouarzazate, il n'a pas seulement construit une centrale solaire, il a lancé un message au monde. Aujourd'hui, la transition énergétique se poursuit à travers le solaire, l'éolien, et bientôt ce sera l'hydrogène vert. D'ailleurs, le Royaume ambitionne d'assurer 52 % d'énergies renouvelables d'ici 2030. Toutefois, l'enjeu des années à venir sera le stockage, la coopération Sud-Sud, et la diplomatie énergétique. De facto, le Maroc se rêve en puissance verte et logistique. En parallèle, l'agriculture s'est réinventée avec le Plan Maroc Vert puis Génération Green. L'industrie, elle, se voit désormais en « Made in Morocco » compétitif et souverain. Mais la grandeur d'un règne ne se mesure pas qu'en infrastructures. Elle se prouve dans l'humain. Avec l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), le RAMED, la généralisation de la couverture sociale, la monarchie a lancé un message simple : le progrès n'est plus un privilège, il devient un droit. Santé, retraite, allocations, couverture médicale... les piliers d'un véritable Etat social ont été posés. Cependant, l'équation reste inachevée : services publics défaillants, inégalités territoriales, lenteurs administratives. La décennie qui s'ouvre doit être celle de l'exécution, de la proximité, de l'équité territoriale. Les réformes sociales ne doivent plus être des annonces mais des réalités vécues et cela ce sont les responsables qui doivent en assurer la réalisation. Vint alors l'une des synthèses intellectuelles du règne. Lancé en 2021, le Nouveau Modèle de Développement (NMD) incarne l'ADN du règne. Lucidité dans le diagnostic, ambition dans la vision, ouverture dans la méthode, le NMD acte le passage d'un modèle centralisé et rentier à un Maroc inclusif, régionalisé, compétitif. Sa réussite repose sur un triptyque clair : exécution, simplification, responsabilisation. Il faudra pour cela un leadership local, une simplification administrative et une jeunesse formée et écoutée. Des projets devenus symboles Certains projets sont devenus des sigles familiers, mais ils forment une narration cohérente : Noor, RAMED, INDH, LGV, Génération Green, NMD. Jamais, depuis l'indépendance, le pays n'avait connu une telle révolution des infrastructures. Tanger Med et Dakhla atlantique, aujourd'hui parmi les ports les plus performants du monde, incarnent le basculement du Maroc d'une économie tournée vers l'intérieur à une puissance logistique globale. Et ce n'est pas un hasard si, en 2023, le Souverain lançait l'initiative de développement de la façade atlantique. De Tanger à Dakhla, il ne s'agit pas simplement d'aménager un littoral, mais de redéfinir la géographie stratégique du Royaume : tourné vers l'Afrique de l'Ouest, projeté vers l'Amérique latine, ancré dans les routes du commerce mondial. L'Atlantique devient l'épine dorsale d'un Maroc maritime, logistique, africain et visionnaire. Par ailleurs, le dossier du Sahara marocain, qui fut longtemps figé, est devenu le cœur battant de l'affirmation souveraine du pays et le levier de développement régional le plus stratégique du Royaume. De la reconnaissance américaine à celle de l'Espagne ou de la France, en passant par les investissements massifs au Sud et les corridors commerciaux africains, la stratégie n'est plus défensive, elle est affirmative et incarnée dans le actes. La souveraineté s'exprime désormais par le développement, et le Sahara se profile comme une locomotive économique régionale, au croisement de l'axe Rabat–Dakar–Lagos. Et bien sûr une diplomatie d'influence à 360°, portée par la figure Royale. De fait à fait, l'ancrage continental du Maroc est, de plus en plus, avéré. De la CEDEAO aux accords avec l'UA, du Sahel à l'Afrique de l'Ouest, du retour à l'Union Africaine, à la reconnaissance évolutive, en passant par la candidature aux Jeux Mondiaux 2030, la diplomatie marocaine s'est émancipée, décomplexée, ramifiée. Le Royaume parle désormais plusieurs langues : religieuse, culturelle, économique, sportive, climatique. Il dialogue avec l'Europe, ouvre des ponts vers l'Afrique, discute avec les BRICS, coopère avec l'Occident. C'est un Maroc pivot, porté par une monarchie qui conjugue autorité et influence. Vision Royale, responsabilité nationale Le Maroc a appris à rêver grand. Il lui reste à bâtir avec méthode. Car les visions, aussi lumineuses soient-elles, n'ont de sens que si elles rencontrent une exécution à la hauteur. Aucun plan, aussi ambitieux, ne réussit sans des institutions agiles, des femmes et des hommes engagés, une gouvernance libérée de ses pesanteurs qui œuvre avec rigueur. C'est là, précisément, que réside la force silencieuse du pacte monarchique version Mohammed VI. Le Roi n'ordonne pas et n'impose pas non plus. Il oriente, inspire, fédère, exhorte, appelle chacun à prendre part : institutions, élus, fonctionnaires, entrepreneurs, enseignants, ou simples citoyens. Car la Monarchie ne peut tout compenser. La responsabilité devient partagée, le destin collectif. Il appartient à chacun de devenir, à son échelle, l'artisan du Maroc de demain. C'est dire que la monarchie, fidèle à sa vocation profonde, n'est pas une fin en soi. Elle est le point d'équilibre, le souffle qui rassemble, le repère qui rassure. Elle ne prétend pas tout faire, mais elle a su, inlassablement, rappeler l'essentiel : le Maroc ne se construira que si chacun s'y reconnaît, s'y engage, s'y projette. Ce règne a ouvert des portes, tracé des axes, semé des graines de souveraineté, de justice, de dignité, de grandeur. Ce règne continue à nous guider, à réfléchir pour nous, à avoir de grandes ambitions audacieuses pour un Maroc nouveau, fort et fier. Il nous revient, à nous tous, d'en faire un pays vivant, fertile, cohérent. Un Maroc qui ne choisit pas entre racines et horizons, mais qui puise sa force dans les deux. Et au cœur de ces dynamiques, un style Royal s'est affirmé : humain, direct, souvent silencieux, parfois inattendu, toujours investi et présent. Le Roi Mohammed VI n'est pas seulement chef d'Etat. Il est aussi un symbole de constance dans un monde fracturé, un garant d'unité dans un Royaume pluriel, un acteur de terrain dans un pouvoir souvent jugé lointain. Or il serait hypocrite de se contenter d'une lecture flatteuse. Car ces vingt-six années n'ont pas été exemptes de crispations, de lenteurs administratives, d'injustices persistantes, de fractures sociales profondes. Le sentiment d'inégalité territoriale, l'exclusion de certaines jeunesses, les lenteurs bureaucratiques face aux volontés Royales : tout cela existe. Il faut le dire pour mieux s'en affranchir. Mais malgré cela, le Maroc reste debout. Le Maroc avance. Et surtout, le Maroc espère. Et tant que ce pacte, celui du Trône et de la Nation, restera vivant, nous aurons une chance unique, celle de continuer à construire ensemble un pays qui ne choisit pas entre la mémoire et l'avenir, mais qui fait des deux sa force. Aujourd'hui et grâce à un grand Roi, es chantiers ouverts sont vastes et immenses parfois vertigineux. Leur horizon est exigeant. Ils dessinent un Maroc en transition constante, entre continuité et rupture, urgence et profondeur. Pour les prolonger, il faudra des relais politiques crédibles, des élites renouvelées, des citoyens conscients et une société civile responsabilisée. Car la prochaine étape du pacte monarchique ne sera pas seulement portée par la Vision. Elle dépendra de notre capacité collective à transformer cette Vision en réalité. Et c'est cela, la grandeur du moment : comprendre que l'Histoire ne nous demande pas d'admirer, mais d'agir. À hauteur d'Homme. À hauteur de nation.