L'ancien Premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie à Paris est accusé d'avoir participé à l'enlèvement d'un youtubeur réfugié politique en avril 2024. L'affaire, désormais suivie par le parquet national antiterroriste, accentue les tensions judiciaires et diplomatiques entre Paris et Alger. L'affaire illustre une nouvelle fois l'imbrication délicate entre enjeux judiciaires et relations diplomatiques franco-algériennes. La justice française a émis un mandat d'arrêt international visant Salaheddine Selloum, ancien Premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie à Paris entre 2021 et 2024. Selon une source diplomatique confirmant les informations recueillies par Le Monde, ce haut fonctionnaire est soupçonné de participation à « une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de l'un ou plusieurs crimes ». Lire aussi : La Belgique convoque de l'ambassadrice d'Israël sur Gaza et les colonies Le diplomate est accusé d'avoir joué un rôle déterminant dans l'enlèvement d'Amir Boukhors, plus connu sous son pseudonyme Amir DZ, un influenceur algérien exilé en France et bénéficiaire du statut de réfugié politique. Très actif sur les réseaux sociaux, l'homme est réputé pour ses critiques virulentes du régime algérien, ce qui en a fait une cible potentielle pour ses opposants. Les faits se seraient produits en avril 2024, dans le département du Val-de-Marne. Selon les éléments de l'enquête, l'influenceur aurait été brièvement séquestré avant d'être relâché. L'affaire, initialement traitée par le parquet de Créteil, a rapidement été reprise par le parquet national antiterroriste (PNAT), compte tenu de la gravité des charges, avec le concours de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Plusieurs interpellations avaient déjà eu lieu au printemps 2024 dans le cadre de ce dossier, ciblant des individus soupçonnés d'avoir participé matériellement à l'opération. L'émission d'un mandat d'arrêt contre un diplomate, même ancien, reste néanmoins une décision rare, soulignant l'importance stratégique accordée par la justice française à cette affaire. L'affaire survient dans un contexte où les relations entre Paris et Alger sont marquées par une succession de tensions — notamment sur les questions migratoires, de sécurité et de coopération judiciaire. La mise en cause d'un diplomate, protégé par le principe d'immunité durant son mandat, mais désormais justiciable une fois ses fonctions terminées, ouvre la voie à un possible bras de fer juridique et politique. Pour les autorités françaises, ce dossier pose la question sensible de la protection des opposants politiques réfugiés sur le territoire, dans un climat de méfiance croissante vis-à-vis des opérations d'influence ou d'intimidation menées par des Etats étrangers.