Face à la grogne des motards et aux critiques juridiques, le gouvernement a décidé de faire marche arrière. La campagne de contrôle technique des deux-roues est suspendue pour un an, le temps de repenser son application et d'équilibrer sécurité routière, légalité et contraintes économiques des usagers. Quelques jours seulement après son lancement, la campagne de contrôle technique des motos a été mise en pause par les autorités. Selon les médias, le chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch, serait intervenu en personne jeudi matin en appelant M. Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, afin de lui demander d'interrompre cette opération. Cette décision fait suite aux critiques suscitées par une mesure jugée hâtive et mal perçue par le public. M. Aziz Akhannouch a ainsi donné pour instruction de « privilégier une mise en œuvre progressive, avec une période transitoire de douze mois avant toute application stricte des règles ». Ce délai servira à intensifier les campagnes de sensibilisation aux risques liés aux modifications mécaniques non conformes et à renforcer le contrôle des importateurs et professionnels du secteur, pour assurer un meilleur respect de la réglementation en amont. La campagne initiale, pilotée par l'Agence Nationale de la Sécurité Routière (NARSA), introduisait une nouvelle procédure de test. Les motos devaient passer un contrôle déterminant leur conformité technique : une vitesse maximale de 57 km/h constituait le seuil toléré, tandis qu'un dépassement plaçait automatiquement l'engin dans la catégorie des véhicules non conformes, avec des sanctions à la clé, pouvant aller jusqu'à la saisie. Lire aussi : NARSA : lancement du contrôle bidirectionnel des infractions routières L'objectif affiché de cette opération s'inscrivait dans le cadre de la stratégie nationale de sécurité routière. Les statistiques restent préoccupantes : les deux-roues sont impliqués dans un nombre disproportionné d'accidents, et le trafic de moteurs pour accroître leur puissance représente un risque majeur, tant pour leurs conducteurs que pour les piétons. Cependant, la campagne a rapidement suscité une levée de boucliers. Deux faiblesses majeures ont été relevées. La première est sociale : de nombreux usagers, notamment les ménages modestes, ont dénoncé sur les réseaux sociaux une mesure perçue comme punitive et déconnectée de leur réalité. Pour beaucoup, la moto n'est pas un bien de confort, mais un outil vital de mobilité et parfois la seule source de revenus. L'application immédiate de normes techniques strictes a donc été vécue comme une atteinte directe à leur quotidien. La seconde fragilité est juridique : plusieurs spécialistes du droit ont souligné que cette nouvelle procédure n'était pas encadrée par un texte de loi ou un décret, mais uniquement par une circulaire interne de la NARSA. Un vide réglementaire qui fragilisait considérablement la légitimité de la mesure. Face à cette contestation sociale et au risque de contentieux, le gouvernement a choisi de temporiser. Cette année de transition doit permettre de bâtir une approche plus concertée et mieux acceptée. L'enjeu reste de taille : comment réduire efficacement la mortalité routière, où les deux-roues sont largement surreprésentés, tout en tenant compte des réalités économiques et sociales des citoyens qui en dépendent ?