Alors que le Maroc domine le marché africain de l'anchois préparé selon une étude internationale, ses propres consommateurs voient le prix de ce produit s'envoler, creusant un fossé entre le succès à l'exportation et l'accessibilité pour les consommateurs locaux. Le Maroc s'impose comme le premier exportateur africain d'anchois préparés ou conservés. D'après une étude récente publiée par le cabinet IndexBox, le Royaume a réalisé en 2024 près de 72 millions de dollars d'exportations, soit environ 705 millions de dirhams. Il représente, à lui seul, 85 % des ventes africaines de ce produit. En effet, cette performance renforce l'image du Maroc comme acteur clé de ce segment stratégique, devant la Tunisie qui suit loin derrière avec 1 200 tonnes et 12 millions de dollars. Les prix moyens d'exportation se maintiennent stables autour de 9 387 dollars la tonne, avec des écarts entre pays, reflétant la compétitivité du Maroc face à ses voisins. Cette position s'inscrit dans un marché continental évalué à 941 millions de dollars, soit environ 9,2 milliards de dirhams, en progression de 6,2 % par rapport à 2023. Lire aussi : L'initiative « Poisson à prix raisonnable » couvre plus de 40 villes marocaines La consommation par habitant reste élevée en Algérie, en Tanzanie et en Ethiopie, dépassant 100 kg pour 1 000 habitants. Parallèlement, le Nigeria, l'Ethiopie et la République démocratique du Congo absorbent à eux trois près d'un tiers de la consommation africaine, respectivement 23 000, 14 000 et 10 000 tonnes, pendant que les ménages marocains doivent faire face à un pouvoir d'achat fragilisé par le coût élevé du poisson. Les anchois frais s'affichent entre 40 et 50 dirhams le kilo, soit deux fois plus que la sardine, et leur prix a encore progressé en 2025 avec une hausse générale de 3,9 % des produits de la mer entre mai et juin 2025, selon les données publiées par le Haut-commissariat au plan. Dans la grande distribution, les anchois marinés atteignent 49,95 dirhams le kilo, et jusqu'à l'équivalent de 157 dirhams le kilo dans certaines poissonneries spécialisées. Selon des experts, ce paradoxe s'explique en grande partie par la structure du marché. Au débarquement, le prix d'un kilo d'anchois s'établit autour de 8 dirhams. Mais en raison de la multiplication des intermédiaires, il se retrouve vendu au détail entre 20 et 25 dirhams, parfois davantage. De même, la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique Nord affirme que le poisson peut être revendu deux à trois fois avant d'atteindre le consommateur final. Face à cette pression, les autorités ont lancé pour la septième fois l'opération "Poisson à prix raisonnable". Depuis février 2025, 2 150 tonnes de poissons congelés ont été écoulées dans plus de 40 villes grâce à 780 points de vente, avec des tarifs à partir de 17 dirhams le kilo. Mais cette mesure ponctuelle, concentrée sur la période de Ramadan et limitée aux produits congelés, ne résout pas le problème structurel des prix élevés des anchois frais ou préparés, selon des informations relayées par la presse.